Si vous avez de jeunes adultes à la maison, vous avez sans doute entendu parler de cette nouvelle approche en matière de finances personnelles, le loud budgeting ou gestion bruyante du budget, aussi définie plus sobrement sous les termes de « transparence budgétaire ».
Tout est parti de la publication sur TikTok de l’influenceur Lukas Battle, qui exhorte ses fans (followers) à éviter les dépenses excessives. Il les invite plutôt à faire preuve de sobriété et à se montrer fiers de prendre des décisions financières raisonnables.
J’avoue que, lorsque j’en ai eu vent pour la première fois, je me suis montrée un peu dubitative. Car je fais non seulement partie de la génération X — et, par conséquent, je suis relativement méfiante vis-à-vis des réseaux sociaux —, mais je suis aussi chroniqueuse en finances personnelles. Or, quand des influenceurs m’expliquent comment gérer ou placer mon argent sur TikTok ou Instagram, j’ai tendance à prendre leurs conseils avec des pincettes. Mais, une fois n’est pas coutume, j’ai apprécié cette approche décomplexée pour parler budget.
Réduire aujourd’hui pour mieux se récompenser demain
Concrètement, de quoi s’agit-il ? Carl Vignola, banquier privé, Gestion de patrimoine TD, explique que le loud budgeting s’oppose en quelque sorte au quiet luxury, un mouvement lui aussi poussé par les médias sociaux. Le « luxe discret » consiste à faire l’acquisition de vêtements, sacs et autres babioles griffés, mais sans en faire étalage. Un ou deux articles coûteux suffisent pour suivre ce phénomène de mode.
À l’inverse, la transparence budgétaire consiste à faire preuve de fierté d’avoir effectué une dépense plutôt qu’une autre, ou de ne pas la faire… et de respecter son budget !
« C’est extrêmement positif pour les jeunes qui se trouvent confrontés à un mode de vie inaccessible affiché sur les réseaux sociaux, dit Carl Vignola. Avec le loud budgeting, ils peuvent dire sans tabou que, par exemple, ils choisissent de ne pas s’acheter un café chaque jour afin de pouvoir s’offrir un restaurant à la fin de la semaine ou, encore, qu’ils vont moins souvent manger à l’extérieur pour économiser en vue d’un voyage. »
Autrement dit, on se serre un peu la ceinture en vue d’atteindre certains objectifs. Ici, il n’est pas question de privations et d’austérité, car on se situe plutôt dans une logique de récompense à moyen terme.
Retour aux sources
Si ces principes sont bénéfiques pour les finances des jeunes, ils le sont tout autant pour les consommateurs plus âgés. Il faut bien sûr appliquer quelques règles de base et revenir aux sources pour que cela fonctionne.
Tout d’abord, le bon vieux budget, un incontournable si on veut prendre le contrôle de ses finances, même si personne n’aime se plonger dans ce genre d’exercice. « De nombreuses applications budgétaires peuvent nous simplifier la vie », explique Carl Vignola. La plupart des institutions en offrent en ligne.
Une fois le budget en place, on doit aussi le réviser régulièrement. Le coût de la vie ayant fortement augmenté ces dernières années, il y a fort à parier qu’un budget réalisé en 2022 ne tient plus la route aujourd’hui…
Une fois que l’on a établi le montant de ses dépenses et de ses revenus, le solde restant nous donnera une bonne indication sur la marche à suivre. S’il n’y a plus rien pour l’épargne, il faudra restructurer le budget afin de réussir à mettre de l’argent de côté. Pour nous aider dans cette tâche, il est essentiel de distinguer nos besoins (épicerie, habitation, essence, etc.) de nos désirs (voyages, appareils électroniques, etc.).
La règle d’or du budget équilibré
Carl Vignola recommande aussi d’appliquer quelques principes, dont la règle d’or du 50/30/20 : 50 % de ses revenus pour les besoins, 30 % aux désirs et 20 % à l’épargne.
Il note cependant qu’à l’heure actuelle, en raison de la hausse des coûts généralisée, les proportions sont plutôt de 30 % alloués au logement, 10 à 15 % au transport, 10 à 15 % à l’épicerie, 10 à 15 % à l’épargne ; et s’il reste quelques dollars à la fin du mois, on peut alors les consacrer à des dépenses non essentielles.
Se payer en premier
Le spécialiste rappelle aussi qu’il faut « se payer » en premier. « Cela signifie que l’épargne devrait arriver en tête de nos priorités, quitte à "couper dans le gras" — comme les abonnements à des plateformes de diffusion de contenu — si on est trop serré sur le plan financier », recommande M. Vignola.
L’épargne systématique, avec des prélèvements automatiques à chaque paye, par exemple, est une excellente façon de parvenir à ses objectifs. Elle vous permettra soit de constituer l’indispensable fonds d’urgence qui devrait contenir l’équivalent de trois à six mois de dépenses, soit d’atteindre d’autres buts ciblés en fonction de votre cycle de vie (achat d’une propriété, épargne-retraite, etc.). Un conseiller en services financiers peut également vous aider à faire de meilleurs choix afin de maximiser votre épargne et à utiliser les bons outils à votre disposition (CELI, REER, CELIAPP, etc.).
Alors, prêt à adopter la transparence budgétaire ?
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