Qui aurait cru qu’un jour ils feraient à ce point polémiques? Le plus souvent visibles dans les hôpitaux ou à l’Halloween, les masques sont maintenant omniprésents. Mais c’est oublier un peu vite qu’au cinéma, ils volent depuis longtemps la vedette.
Scream (V.F. : Frissons), de Wes Craven (États-Unis, 1996)
Plusieurs le confondent avec John Carpenter (Halloween), car c’est lui aussi un surdoué de l’horreur (The Last House on the Left, A Nightmare on Elm Street) qui un jour a voulu se moquer de ce genre, à défaut de le réinventer. Résultat? Son tueur en série dont le masque évoque la grande faucheuse est devenu une véritable icône de la culture populaire, accumulant les suites et les parodies (Scary Movie) à partir d’une comédie sanglante qui fourmillait déjà de clins d’œil cinéphiliques et télévisuels, et à l’époque où la cassette vidéo était élevée au rang de divinité.
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Les yeux sans visage, de Georges Franju (France, 1959)
Poétique, la chirurgie esthétique? Entre les mains de ce cinéaste singulier injustement méconnu, dont les films ressemblent parfois à des énigmes (La tête contre les murs, Judex), cette reconstruction du corps prend ici des dimensions fantastiques, flirtant vers l’horreur. Car l’obsession du professeur Génessier (Pierre Brasseur) est de redonner à sa fille Christiane (la gracieuse et émouvante Édith Scob) l’apparence qu’elle a perdue lors d’un brutal accident de voiture. Quitte pour cela à sacrifier des femmes dont le malheur fut de croiser cette version feutrée, mais tout aussi angoissante, du Dr Frankenstein.
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La peau que j’habite, de Pedro Almodovar (Espagne, 2011)
Souvent drôle et irrévérencieux, le réalisateur de Femmes au bord de la crise de nerfs et Parle avec elle peut aussi se révéler tourmenté, et d’une précision esthétique digne d’Alfred Hitchcock. On sent partout l’influence du maître du suspense dans ce huis clos où un chirurgien plastique (Antonio Banderas, qui faisait alors son grand retour auprès de celui qui en avait fait une star) ne recule devant rien pour faire revivre l’épouse que la mort lui a dérobée. Pour cela, il n’hésite pas à remodeler une otage qui mettra du temps à comprendre dans quel cauchemar elle est plongée.
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V for Vendetta (V.F. : V pour Vendetta), de James McTeigue (États-Unis, 2006)
Il y a quelque chose de jouissif et d’ironique à voir l’acteur John Hurt jouer au dirigeant totalitaire, lui que Big Brother avait jadis broyé dans l’adaptation cinématographique du célèbre roman de George Orwell, 1984. Et il combat un ennemi tout aussi redoutable, l’impitoyable V, dont le masque s’inspire directement d’un dangereux conspirationniste anglais du XVIIe siècle, et que le mouvement Anonymous s’appropria après la sortie du film lors de leurs dévastatrices cyberattaques. Entre les deux, une vision futuriste, cauchemardesque et flamboyante d’un monde au bord du gouffre que tente de sauver la toujours dévouée Natalie Portman.
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Au revoir là-haut, d’Albert Dupontel (France, 2017)
Les gueules cassées : c’est ainsi qu’on surnommait ces soldats de la Première Guerre mondiale revenus vivants, mais complètement défigurés. Abonné jusque-là aux petites comédies grinçantes, le réalisateur de Bernie et 9 mois ferme adapte avec panache le roman de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013, nous replongeant dans les années 1920 alors que deux vétérans, dont l’un toujours masqué et devenu muet, décident de prendre leur revanche devant l’adversité, et s’en mettre plein les poches. Une nouvelle guerre, flamboyante, vient de débuter.
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