Cette petite alarme qui sonne dans les haut-parleurs de l’habitacle ? Cette petite résistance qui se fait soudainement sentir dans votre volant quand vous changez de voie sur l’autoroute ? Voilà des moyens qu’utilisent les constructeurs automobiles pour vous aider à conduire de façon plus sécuritaire. Or, si on se fie aux sondages, vous êtes nombreux à détester ça.
C’est ce qu’a découvert la firme Léger Marketing après avoir mené au début du mois de mai dernier un sondage auprès de 1 529 Canadiens, dont 415 Québécois âgés de 18 ans et plus. Ce sondage, réalisé pour le compte de la société d’assurance Allstate, révèle que 52 % des répondants à l’échelle nationale ne font que rarement ou jamais appel aux systèmes d’aide à la conduite de leur véhicule.
Un peu plus de la moitié de ces répondants ajoutent qu’ils ont désactivé pour de bon au moins un de ces systèmes. Dans 42 % des cas, c’est parce que les systèmes en question causent plus de distraction qu’ils en éliminent. Au Québec, ce sont deux répondants sur trois qui estiment ces technologies trop distrayantes.
Un autre 14 % ne leur fait tout simplement pas confiance.
« Les véhicules d’aujourd’hui sont équipés d’une foule d’outils pour améliorer la sécurité sur la route, mais encore beaucoup de gens ne comprennent pas comment les utiliser, se laissent distraire par eux ou les éteignent, surtout sur les routes du Québec, où les cônes orange et les travaux de construction peuvent provoquer une surabondance d’alarmes et d’avertissements », dit Carmine Venditti, directeur d’agence pour Allstate, région de Montréal-Est.
« Le fait de bien connaître ces technologies d’assistance permet de mieux comprendre leur utilité, poursuit-il. Par conséquent, le conducteur peut bénéficier d’une meilleure visibilité autour du véhicule et prendre des décisions sécuritaires, évitant ainsi potentiellement une collision. »
Un effet pourtant bénéfique
Le bout de phrase qui compte ici est « comprendre leur utilité », car ces systèmes, même s’ils peuvent s’avérer irritants par moments, ont un impact positif sur le bilan routier. Le bureau américain des systèmes de transport intelligents (ITS) a d’ailleurs compilé entre 2009 et 2015 des statistiques à ce sujet.
Les années d’étude sont importantes, car elles marquent l’arrivée massive sur nos routes de ces systèmes d’aide à la conduite plus « sophistiqués ». L’aide à la traction et l’antipatinage sont apparus de façon généralisée il y a justement un peu plus de dix ans. L’aide à la traction vient s’ajouter aux freins antiblocage (ABS) pour s’assurer d'une bonne adhérence des roues du véhicule sur la route.
Plus récemment, les systèmes d’aide évolués utilisant divers capteurs ont fait leur apparition : ils ciblent davantage le comportement du conducteur que celui du véhicule. L’assistance au changement de voie en est un : des caméras repèrent les lignes au sol qui délimitent les voies, l’ordinateur de bord analyse le tout et émet une alerte si le véhicule pose une roue sur l’une d’elles sans que le conducteur ait activé un clignotant au préalable.
Selon l’étude de l’ITS, l’assistance au changement de voie a aidé à réduire de 11 % les collisions et a réduit de 21 % le nombre de blessures provoquées par ces collisions.
Le système de surveillance des angles morts fait à peu près le même travail en aidant les conducteurs dont les rétroviseurs ne révèlent pas tout ce qui se passe derrière eux à éviter de changer de voie s’il y a risque de collision avec un autre véhicule.
Le moniteur d’angles morts a contribué à réduire de 14 % les risques d’accident de la route et a diminué du même coup de 23 % les risques de blessures survenant dans ces situations.
Évidemment, pour qu’ils soient efficaces, ces systèmes doivent toutefois être activés…
Bien comprendre son véhicule
D’où l’importance, donc, de prendre le temps de comprendre comment ces systèmes fonctionnent et comment éviter qu’ils deviennent trop agaçants. La firme Allstate a d’ailleurs quelques conseils pour faciliter votre interaction avec ces systèmes :
• Familiarisez-vous avec les caractéristiques propres à votre véhicule avant de l’utiliser ;
• Sachez quand ces fonctions sont utiles, puisque certaines n’agissent que dans des conditions spécifiques, par exemple dans une certaine plage de vitesse ;
• Questionnez votre concessionnaire sur la technologie présente dans votre véhicule ;
• Ne vous y fiez pas aveuglément non plus : les caméras de recul sont utiles, mais ne fournissent pas une image complète de ce qui se trouve derrière vous ;
• Ne programmez jamais votre système de navigation ou votre système d’infodivertissement en conduisant.
Et si vous trouvez trop agaçante l’alerte de changement de voie de votre voiture, peut-être aussi devriez-vous revoir la façon dont vous utilisez (ou pas) le clignotant…