Comment parler de sexualité avec votre ado?
Contraception, infections transmissibles sexuellement, relations amoureuses, orientation sexuelle : près de la moitié des jeunes de 15 à 17 ans se fient à Internet pour trouver des réponses à leurs questions… mais pas forcément les bonnes! Raison de plus pour les parents de ne pas tarder à discuter ouvertement de sexualité avec leurs jeunes. Quelques trucs pour amorcer le dialogue.
Qu’apprennent-ils à l’école ?
Des valeurs pour les guider
Prévenir la désinformation
Être à l’écoute de leurs préoccupations
Des trucs pour aborder le sujet
« La sexualité est quelque chose que tous les adolescents vivront un jour », souligne d’emblée Joanne Poirier, une infirmière en milieu scolaire qui travaille sur la rive sud de Montréal. L’édition 2016-2017 de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire révélait en effet que 49 % des élèves de cinquième secondaire avaient déjà eu au moins une relation sexuelle.
« Les premières expériences de la sexualité d’un adolescent auront un impact sur sa vie d’adulte, insiste pour sa part Geneviève Parent, sexologue clinicienne. Si vous en parlez avec votre jeune, il y aura plus de chances que ses premières fois se passent bien. »
Qu’apprennent-ils à l’école?
« Depuis le début des années 2000, l’éducation à la sexualité est assurée par une variété d’interventions du personnel scolaire », peut-on lire sur le site du ministère de l’Éducation. Les élèves reçoivent de 5 à 15 heures d’éducation à la sexualité par année.
Au début du primaire, les enfants se familiarisent avec les parties du corps, l’expression des sentiments, les stéréotypes sexuels, les indices pour reconnaitre une agression, les relations interpersonnelles, la grossesse et la naissance. À partir de la cinquième année, ils abordent la puberté, l’importance des rapports égalitaires et les conséquences du sexisme, de l’homophobie et de la transphobie.
Chaque école détermine qui aura la responsabilité de transmettre les contenus en éducation à la sexualité en se basant notamment sur l’intérêt et l’expertise du personnel enseignant. Celui-ci peut également compter sur les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que sur les organismes de la communauté. « C’est l’école qui définit ses besoins », précise Joanne Poirier. Par exemple, celle-ci offre, en cinquième année, un atelier sur les changements associés à la puberté afin de compléter la matière donnée en classe.
Au secondaire, le programme aborde plus en détail l’orientation sexuelle, la notion de consentement et de respect, de même que le désir et le plaisir. Ici encore, c’est l’établissement scolaire qui choisit dans quel cours et de quelle façon ce contenu sera transmis. « Par exemple, dans mon école, j’ai un lien privilégié avec les enseignants de science parce qu’ils voient tout le système reproducteur », explique Joanne Poirier. L’atelier que l’infirmière anime en deuxième secondaire est ainsi l’occasion de donner de l’information supplémentaire sur la contraception, les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et les relations amoureuses.
Même si les contenus en éducation à la sexualité sont bien intégrés dans le développement psychosexuel de l’enfant et de l’adolescent, et qu’ils sont basés sur la science, selon Joanne Poirier, certains jeunes peuvent être mal à l’aise quand vient le temps d’aborder le sujet. « Lors des formations sur la puberté en cinquième année, je dis d’emblée aux jeunes qu’ils peuvent sortir de la classe s’ils ne se sentent pas bien. » L’infirmière ou l’enseignante pourront ensuite effectuer un suivi auprès d’eux et les inviter à parler de leurs émotions.
Des valeurs pour les guider
La sexologue Geneviève Parent estime pour sa part que les parents sont particulièrement bien placés pour parler de sexualité avec leurs enfants. « Vous connaissez leur personnalité, leur niveau de maturité et leur degré de confort en ce qui concerne cette question, observe-t-elle. Vous avez une relation de confiance avec eux. »
Et il n’y a pas d’âge pour leur enseigner de bonnes valeurs qui les guideront dans leurs décisions par rapport à la sexualité, comme l’estime de soi et le respect de soi et des autres. En enseignant à votre jeune qu’il doit être à l’aise avec ses choix et que la notion de plaisir est essentielle, il ne se laissera pas imposer des choses qu’il n’aime pas, souligne Geneviève Parent.
« Si on leur inculque que chaque personne est unique, qu’elle doit être respectée et que l’essentiel, c’est de se sentir bien dans ses choix, on répond à des questionnements franchement importants », ajoute-t-elle.
Prévenir la désinformation
Certains parents préfèrent toutefois éviter le sujet en raison de leur culture, de leurs antécédents familiaux, de leur identité sexuelle ou parce qu’ils ne réalisent pas que leur enfant est rendu à cette étape. « S’ils n’en parlent pas, ils créent un flou à propos de leur confort à discuter de sexualité, déplore la sexologue. Certains jeunes n’osent alors pas aborder le sujet parce qu’ils ne sentent pas d’ouverture. » Les enfants peuvent se demander pourquoi leurs parents ne sont pas à l’aise et si cela signifie que la sexualité n’est pas bien.
« Trop de jeunes se retrouvent dans des situations compliquées par rapport à la sexualité et n’osent pas se tourner vers leurs parents parce qu’ils ont peur », relate Joanne Poirier. Ainsi, plusieurs n’utilisent pas de moyens de contraception par crainte que leurs parents découvrent qu’ils sont actifs sexuellement.
« De plus, si le parent ne montre pas d’ouverture, l’enfant risque d’aller chercher l’information ailleurs », prévient Geneviève Parent. L’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes réalisée en 2019 révèle que 46 % des adolescents de 15 à 17 ans ont recours à l’Internet pour se renseigner sur la santé sexuelle. « Malheureusement, l’information qui s’y trouve est adaptée aux adultes et non pas aux enfants ou aux adolescents », met en garde Joanne Poirier.
Et contrairement à ce que craignent certains parents, discuter de sexualité ne mène pas à une activité sexuelle précoce. « Au contraire, les études montrent qu’en en parlant avec les jeunes, on prévient les comportements à risque à l’adolescence et à l’âge adulte », souligne l’infirmière.
Être à l’écoute des préoccupations de votre ado
« Comme adultes, nous oublions parfois les préoccupations que nous avions lorsque nous étions jeunes, rappelle Geneviève Parent. Pourtant, ce qui nous interpelait alors interpelle encore les jeunes aujourd’hui. »
Par exemple, les enfants du primaire sont généralement inquiets par rapport aux changements physiques comme la croissance des seins, l’arrivée des menstruations ou celle des premières éjaculations, rapporte Johanne Poirier. C’est le moment de démystifier avec eux la puberté et de leur rappeler que tout le monde passe par là.
Au secondaire, les jeunes se demandent plutôt s’ils sont normaux de ressentir du désir pour leur copain ou leur copine et de souhaiter avoir des relations sexuelles. Ils se demandent aussi comment se passera la première fois et comment savoir s’ils sont prêts, résume l’infirmière. C’est à ce moment que les valeurs qu’on leur a transmises peuvent faire la différence.
« Si on leur inculque que chaque personne est unique, qu’elle doit être respectée et que l’essentiel, c’est de se sentir bien dans ses choix, on répond à des questionnements franchement importants », souligne Geneviève Parent.
Des trucs pour leur parler de sexualité
S’il n’y a pas d’âge pour commencer à discuter de sexualité avec son enfant, il y a des moments plus indiqués pour le faire. « Je ne crois pas qu’on arrive autour d’un souper un jour pour parler de sexe », remarque Geneviève Parent. Elle suggère de profiter des occasions qui se présentent dans le quotidien : il est question de toilettes mixtes aux nouvelles; un couple de filles s’embrasse devant vous; vous passez devant le rayon des condoms à la pharmacie… « Vous dédramatisez alors la sexualité, qui devient un sujet comme un autre », explique la sexologue.
Elle conseille également que ce soit le parent avec qui l’enfant se sent le mieux qui amorce le dialogue. « Certains jeunes sont plus à l’aise avec le parent de même sexe, alors que pour d’autres, c’est le contraire. Et cela peut changer selon le sujet abordé », remarque-t-elle. Vous n’êtes pas obligé d’adopter une approche commune avec l’autre parent, mais vous pouvez déterminer qui parlera de quoi à quel moment pour éviter qu’un sujet soit discuté avec trop d’insistance.
Vous pouvez aussi débuter par des thèmes moins sensibles. Par exemple, lorsque votre garçon commence à avoir plus de poils sur les jambes, vous pouvez lui demander comment il vit ce changement. Ou vous pouvez jaser avec votre fille des derniers potins amoureux dans son groupe d’amies. « Si votre relation avec votre enfant est basée sur la confiance et l’ouverture, il aura plus tendance à venir se confier », souligne la sexologue.
Si votre jeune n’est pas prêt à parler de sexualité, assurez-lui que vous comprenez et que vous serez disponible pour l’écouter s’il change d’avis. « Dites-lui qu’il peut tout vous raconter, conseille Geneviève Parent, même s’il est possible que vous ne soyez pas d’accord avec certaines choses. Votre enfant doit savoir que vous l’aimez et que vous l’aiderez, peu importe ce qu’il vit. »
Par ailleurs, si vous n’êtes pas à l’aise avec certains sujets touchant la sexualité, vous pouvez consulter en sexologie. Cela pourra vous aider à comprendre vos hésitations et vous donnera des outils pour discuter plus efficacement avec votre jeune. « Mais, j’ai envie de dire aux parents d’avoir confiance en eux, conclut Geneviève Parent. Vous êtes la personne qui connait le mieux votre enfant et vous savez comment lui parler. »
Pour en savoir plus
Portail #EnModeAdo
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