Le lucratif marché de la ménopause

Sommaire de l&rsquo;article De la p&eacute;rim&eacute;nopause &agrave; la m&eacute;nopauseDes solutions qui co&ucirc;tent cherL&rsquo;hormonoth&eacute;rapie pour toutes?Ressources En parlant haut et fort de sa m&eacute;nopause et des difficult&eacute;s du milieu m&eacute;dical &agrave; traiter ad&eacute;quatement les femmes dans son documentaire Loto-M&eacute;no, sorti en 2021, l&rsquo;animatrice qu&eacute;b&eacute;coise V&eacute;ronique Cloutier a contribu&eacute; &agrave; lever le silence sur le sujet, pr&egrave;s de 35 ans apr&egrave;s que l&rsquo;humoriste Cl&eacute;mence DesRochers a chant&eacute; sa m&eacute;nopause sur sc&egrave;ne.L&rsquo;ancienne premi&egrave;re dame des &Eacute;tats-Unis, Michelle Obama, et les actrices Gwyneth Paltrow et Halle Berry ont aussi parl&eacute; publiquement de leur m&eacute;nopause. Ce faisant, ces femmes belles et attirantes ont particip&eacute; &agrave; un changement de perception collective : le mot &laquo; m&eacute;nopause &raquo; ne fait plus exclusivement r&eacute;f&eacute;rence &agrave; des femmes &acirc;g&eacute;es et grisonnantes.Cette nouvelle fa&ccedil;on de voir la m&eacute;nopause a donn&eacute; naissance &agrave; un march&eacute; &eacute;valu&eacute; &agrave; pr&egrave;s d&rsquo;un milliard de dollars canadiens en 2024 au Canada, selon la soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;&eacute;tudes de march&eacute; Grand View Research. Le march&eacute; mondial des suppl&eacute;ments pour la m&eacute;nopause &agrave; lui seul est estim&eacute; &agrave; 1,3 milliard de dollars par la firme Future Market Insights.Une manne pour les entreprises qui vendent des produits, des services et des soins li&eacute;s &agrave; la m&eacute;nopause.De la p&eacute;rim&eacute;nopause &agrave; la m&eacute;nopauseQuand V&eacute;ronique B. a constat&eacute;, il y a deux ans, que ses r&egrave;gles devenaient irr&eacute;guli&egrave;res, que son esprit s&rsquo;embrouillait et que son humeur jouait au yoyo, elle en a parl&eacute; &agrave; sa m&eacute;decin de famille. Cette derni&egrave;re lui a confirm&eacute; qu&rsquo;&agrave; 45 ans, elle &eacute;tait au premier jalon de la transition vers la m&eacute;nopause : la p&eacute;rim&eacute;nopause.La p&eacute;rim&eacute;nopause d&eacute;signe le d&eacute;s&eacute;quilibre hormonal qui pr&eacute;c&egrave;de l&rsquo;arr&ecirc;t du cycle menstruel f&eacute;minin, signal de la m&eacute;nopause, confirm&eacute;e un an apr&egrave;s la fin des r&egrave;gles. La gyn&eacute;cologue et obst&eacute;tricienne Sophie Desindes, responsable de la Clinique de m&eacute;nopause au CIUSSS de l&rsquo;Estrie, la d&eacute;crit comme une montagne russe hormonale.Elle se manifeste, entre autres, par une anxi&eacute;t&eacute; accrue, des r&egrave;gles irr&eacute;guli&egrave;res, une humeur instable, des sueurs nocturnes, des troubles du sommeil, un brouillard c&eacute;r&eacute;bral et des pertes de m&eacute;moire. Les sympt&ocirc;mes surviennent vers l&rsquo;&acirc;ge de 47 ans et durent de 3 &agrave; 10 ans. Les manifestations g&eacute;nito-urinaires, comme la douleur lors de relations sexuelles, la s&eacute;cheresse vaginale ou l&rsquo;incontinence urinaire, peuvent pour leur part persister jusqu&rsquo;au d&eacute;c&egrave;s. En ce qui concerne la postm&eacute;nopause, elle suit l&rsquo;arr&ecirc;t permanent des cycles menstruels.Des attentes d&eacute;&ccedil;uesInsatisfaite de la r&eacute;ponse de sa m&eacute;decin, qui lui propose de prendre un contraceptif oral ou de se faire installer un st&eacute;rilet, V&eacute;ronique B. se met &agrave; chercher les avenues possibles pour soulager ses sympt&ocirc;mes. &Agrave; l&rsquo;instar de nombreuses femmes qui ont visionn&eacute; Loto-M&eacute;no, toujours offert sur ICI TOU.TV, elle s&rsquo;attendait &agrave; se faire parler d&rsquo;hormones bio-identiques et &agrave; passer un bilan hormonal.&laquo; J&rsquo;&eacute;tais convaincue que mon d&eacute;s&eacute;quilibre hormonal n&rsquo;allait pas se r&eacute;gler avec un contraceptif et je trouvais incroyable de devoir reprendre la pilule, huit ans apr&egrave;s m&rsquo;en &ecirc;tre d&eacute;barrass&eacute;e. &raquo; Quand nous lui mentionnons que la solution propos&eacute;e par sa m&eacute;decin correspondait aux bonnes pratiques pour les femmes qui ont encore des r&egrave;gles, elle r&eacute;torque : &laquo; J&rsquo;aurais aim&eacute; que mon m&eacute;decin me l&rsquo;explique mieux. C&rsquo;est ce manque d&rsquo;information que je d&eacute;plore. &raquo;Surabondance de choixSes recherches m&egrave;nent V&eacute;ronique B. vers un vaste march&eacute; compos&eacute; de livres, de suppl&eacute;ments alimentaires, de produits de bien-&ecirc;tre et de beaut&eacute;, d&rsquo;hormones sans ordonnance, de th&eacute;rapies, de s&eacute;minaires de formation et de balados d&rsquo;influenceurs. Nous avons m&ecirc;me trouv&eacute; une coach en m&eacute;nopause install&eacute;e &agrave; Toronto qui organise des retraites dans le Sud. Elle propose aux voyageuses en p&eacute;rim&eacute;nopause de passer une semaine r&eacute;paratrice &agrave; pratiquer le yoga doux et la musculation, &agrave; prendre des bains froids et &agrave; tenir un journal intime.S&rsquo;ajoutent les naturopathes, acupuncteurs et hypnoth&eacute;rapeutes qui offrent leurs services &agrave; fort prix. Par exemple, une premi&egrave;re consultation en naturopathie peut co&ucirc;ter de 80 &agrave; 255 $ et les suivantes, entre 50 et 210 $. Pour une s&eacute;ance d&rsquo;acupuncture, vous devrez d&eacute;bourser entre 70 et 140 $, alors qu&rsquo;il vous en co&ucirc;tera entre 80 et 160 $ pour une s&eacute;ance d&rsquo;hypnose.Des solutions qui co&ucirc;tent cherToute cette industrie prosp&egrave;re en partie en raison du peu de solutions qui s&rsquo;offrent aux femmes en p&eacute;rim&eacute;nopause qui ne sont pas candidates &agrave; l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie. &laquo; On va traiter la contraception, leur dire d&rsquo;&eacute;viter les d&eacute;clencheurs, proposer &agrave; certaines d&rsquo;ajouter de l&rsquo;exercice &agrave; leur routine, leur sugg&eacute;rer de s&rsquo;habiller en pelures d&rsquo;oignon pour mieux supporter les bouff&eacute;es de chaleur, mais on a parfois peu de chose &agrave; offrir &raquo;, admet la Dre Desindes.V&eacute;ronique B. a remplac&eacute; le lait par des boissons de soja, essay&eacute; des huiles essentielles et rencontr&eacute; une naturopathe, sans grand effet sur son brouillard mental. Elle est ensuite pass&eacute;e aux s&eacute;ances d&rsquo;acupuncture jumel&eacute;es &agrave; de l&rsquo;exercice, ce qui lui a permis de faire pratiquement dispara&icirc;tre les bouff&eacute;es de chaleur qui s&rsquo;&eacute;taient ajout&eacute;es &agrave; ses sympt&ocirc;mes.Elle a &eacute;galement suivi le programme SOS M&eacute;nopause, cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;animatrice Chantal Lacroix et la docteure en nutrition Isabelle Huot. Le programme web de huit semaines donne acc&egrave;s aux conseils de neuf experts, moyennant 300 $. &laquo; Je ne le regrette pas : &ccedil;a m&rsquo;a ouvert les yeux sur d&rsquo;autres traitements. J&rsquo;en ai eu pour mon argent &raquo;, affirme V&eacute;ronique B., en disant avoir d&eacute;pens&eacute; environ 1 000 $ en un an pour des produits et services li&eacute;s &agrave; sa p&eacute;rim&eacute;nopause.Et au moment de notre entretien, au printemps, elle venait de d&eacute;penser 700 $ pour deux consultations avec une infirmi&egrave;re praticienne sp&eacute;cialis&eacute;e (IPS) afin de se faire prescrire des hormones. Et ce, m&ecirc;me si sa m&eacute;decin l&rsquo;avait fait lors d&rsquo;une seconde discussion sur la p&eacute;rim&eacute;nopause. &laquo; Elle l&rsquo;a fait rapidement, sans bilan, sans proposer de suivi. J&rsquo;ai eu l&rsquo;impression qu&rsquo;elle me donnait la posologie recommand&eacute;e, sans trop savoir ce qu&rsquo;elle faisait. &raquo;Jocelyne, d&eacute;but cinquantaine, a eu aussi cette impression quand elle a fait la tourn&eacute;e des m&eacute;decins pour comprendre pourquoi son irritabilit&eacute; avait grimp&eacute; en fl&egrave;che et que sa libido &eacute;tait tomb&eacute;e &agrave; z&eacute;ro. M&ecirc;me chose, quelques mois plus tard, lorsqu&rsquo;elle a commenc&eacute; &agrave; ressentir des douleurs intenses dans les genoux et aux tibias. &laquo; J&rsquo;ai l&rsquo;impression que les m&eacute;decins ne connaissent pas la m&eacute;nopause. Ils nous donnent un traitement standard, sans ajustements &agrave; notre cas, sans examens. &raquo;Encore m&eacute;connue des m&eacute;decinsLe business de la m&eacute;nopause est aussi aliment&eacute; par les espoirs d&eacute;&ccedil;us des femmes. &laquo; Apr&egrave;s Loto-M&eacute;no, elles ont envahi nos bureaux, mais les m&eacute;decins qui sont en pratique depuis 10, 15 ou 20 ans n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; form&eacute;s &agrave; l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie, ils n&rsquo;&eacute;taient pas outill&eacute;s pour leur r&eacute;pondre. Le priv&eacute; a pris la place qui &eacute;tait disponible &raquo;, analyse la Dre C&eacute;line Bouchard, gyn&eacute;cologue et directrice de la Clinique de recherche en sant&eacute; de la femme, &agrave; Qu&eacute;bec.L&rsquo;hormonoth&eacute;rapie, qui consiste &agrave; remplacer les principales hormones f&eacute;minines fabriqu&eacute;es par les ovaires, les &oelig;strog&egrave;nes et la progest&eacute;rone, a &eacute;t&eacute; pratiquement abandonn&eacute;e au Qu&eacute;bec apr&egrave;s la publication d&rsquo;une &eacute;tude de la Women&rsquo;s Health Initiative (WHI) en 2002. L&rsquo;&eacute;tude indiquait qu&rsquo;elle augmentait le risque de cancer du sein. Depuis, les chercheurs ont &eacute;tabli que les r&eacute;sultats &eacute;taient erron&eacute;s, mais l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie, avec des hormones standard ou bio-identiques, demeure m&eacute;connue des m&eacute;decins.La Dre Sophie Desindes appelle &agrave; la prudence. Certes, les m&eacute;decins de famille re&ccedil;oivent tr&egrave;s peu de formation en mati&egrave;re de soins li&eacute;s &agrave; la m&eacute;nopause, mais beaucoup de d&eacute;sinformation circule. Elle donne l&rsquo;exemple des bilans sanguins et hormonaux, que les femmes demandent depuis Loto-M&eacute;no, alors qu&rsquo;ils sont rarement n&eacute;cessaires. &laquo; &Ccedil;a ne fait pas partie des bonnes pratiques, tranche-t-elle. C&rsquo;est en &eacute;tudiant le cycle menstruel et les sympt&ocirc;mes d&rsquo;une femme qu&rsquo;on d&eacute;termine si des hormones sont indiqu&eacute;es. Pas en faisant des bilans hormonaux puisque les hormones varient tous les jours. &raquo;Les cliniques priv&eacute;es sont pourtant nombreuses &agrave; les proposer. Neuf des dix cliniques que nous avons contact&eacute;es dans le cadre de notre enqu&ecirc;te incluent une prise de sang dans leur plan de prise en charge. Cinq d&rsquo;entre elles pr&eacute;cisent qu&rsquo;elle permettra de faire un bilan hormonal.Ainsi, la Dre Sophie Desindes a vu des femmes se faire prescrire des hormones avant d&rsquo;en avoir besoin, avec le risque qu&rsquo;un trop-plein d&rsquo;hormones dans leur corps les expose &agrave; des thromboembolies veineuses et des cancers, par exemple. D&rsquo;autres ont re&ccedil;u des doses qui pr&eacute;sentent des risques.L&rsquo;hormonoth&eacute;rapie pour toutes?&laquo; Loto-M&eacute;no a fait &oelig;uvre utile. Il a inform&eacute; et aid&eacute; les femmes, et a r&eacute;ussi &agrave; faire rembourser certaines hormones bio-identiques, ce qui est une avanc&eacute;e, souligne la Dre Bouchard. Mais c&rsquo;&eacute;tait un documentaire, pas une &eacute;tude scientifique. Des femmes ont pris des t&eacute;moignages comme s&rsquo;ils correspondaient &agrave; leur situation. &raquo;R&eacute;sultat : beaucoup r&eacute;clament des hormones, sans savoir si le traitement leur convient. &laquo; Les Qu&eacute;b&eacute;coises veulent mieux comprendre la transition m&eacute;nopausique, insiste la gyn&eacute;cologue Sophie Desindes. Apr&egrave;s une consultation, nombre de mes patientes repartent sans ordonnance, mais avec beaucoup d&rsquo;informations. &raquo;C&rsquo;est un peu ce que cherchent les femmes &agrave; qui nous avons parl&eacute; : &ecirc;tre rassur&eacute;es, &eacute;cout&eacute;es, et pas seulement pendant 10 minutes entre deux portes. Les effets de l&rsquo;arr&ecirc;t de la production hormonale par les ovaires D&egrave;s le d&eacute;butBouff&eacute;es de chaleurTroubles du sommeilTroubles de l&rsquo;humeurPrise de poidsS&eacute;cheresse vaginale et vulvaireAu fil du tempsTendance d&eacute;pressive/anxi&eacute;t&eacute;Douleurs articulairesPerte musculaireInfections urinairesBaisse de la libidoPeau plus s&egrave;cheCheveux plus finsRisque accru de :fragilit&eacute; osseuse (ost&eacute;oporose)diab&egrave;temaladie cardiovasculaire (infarctus, AVC, etc.) RessourcesMaM&eacute;nopause.caGuide Prise en charge des manifestations cliniques li&eacute;es &agrave; la m&eacute;nopause par l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie de l&rsquo;INESSSThe 2023 nonhormone therapy position statement of The North American Menopause SocietyFeuillet d&rsquo;information sur l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie de l&rsquo;INESSS &Agrave; lire aussi : Des examens inutiles et co&ucirc;teux, Produits naturels pour la m&eacute;nopause : efficacit&eacute; limit&eacute;e, 5 faits sur la m&eacute;nopause et l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie, M&eacute;nopause : tout sur l&rsquo;hormonoth&eacute;rapie et Les traitements non hormonaux

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