L’alimentation intuitive n’est pas une nouvelle diète
CHRONIQUE – Diètes populaires, cures détoxifiantes ou nouveaux régimes miracles, toutes les façons sont bonnes pour nous inciter à perdre du poids. Derrière ces produits et moyens amaigrissants se trouve une industrie au marketing efficace qui fait beaucoup d’argent sur le dos de notre apparence.
Simultanément, le mouvement anti-diète et l’alimentation intuitive connaissent une popularité fulgurante. Grâce à eux, on remet en question la totalité des croyances liées au poids, en soulignant au passage les échecs répétés et l’inefficacité de l’ensemble des méthodes amaigrissantes qui nous sont proposées.
Il n’en fallait pas plus pour que l’industrie de la minceur capitalise sur cette nouvelle tendance en se déguisant en « diètes qui ne sont pas des diètes ». Incursion au cœur d’un bras de fer où tout se joue autour du vocabulaire.
Le poids de l’insatisfaction
Selon le plus récent sondage mené par l’organisme ÉquiLibre, 62 % des Québécois et Québécoises souhaitent maigrir, peu importe leur poids. Une clientèle considérable pour ceux qui soutiennent l’idéologie selon laquelle la minceur est liée à la santé, à la beauté ou au succès. Toutefois, il faut souligner qu’il s’agit de croyances plutôt que de science.
Rejeter la culture des diètes
C’est ici qu’entre en jeu l’alimentation intuitive, une approche bienveillante qui ne vise jamais à nous faire perdre du poids. On choisit de manger les aliments qu’on aime, la quantité est déterminée selon notre sensation de faim, et on bouge parce que ça nous fait du bien.
Confusion et fausses allégations
L’industrie de l’amaigrissement se presse alors de galvauder le concept. WeightWatchers camoufle le « weight » dans son nom, on lance le « jeûne intuitif », et les applications de perte de poids martèlent que les diètes ne fonctionnent pas. Tout est une question de mode de vie où la notion de plaisir est faite de compromis.
Faire la paix avec les aliments
Malgré tout, l’alimentation intuitive demeure là pour rester. Les données scientifiques viennent appuyer ses multiples bienfaits sur la santé. On sait maintenant que les personnes qui mangent avec leurs sens ont une alimentation plus saine, ressentent moins de culpabilité par rapport à leurs choix alimentaires et jouissent d’une meilleure santé psychologique. Peu importe le poids sur la balance.
Forte pression
Devant ce modèle de pensée, l’industrie de l’amaigrissement n’hésite même plus à user de propos violents. Elle réagit en attaquant de front la crédibilité de l’alimentation intuitive et ceux qui ont adopté cette dernière. Elle qualifie le tout de « valorisation de l’obésité » et de « laisser-aller ». Tous les ingrédients sont en place pour ramener les gens dans l’industrie et faire pression sur eux afin de les pousser à maigrir à tout prix.
Honorer la santé
Peu importe son camouflage, une diète reste une diète. On peut la démasquer en mettant en lumière les messages associés à la privation, aux interdits, aux formes de contrôle et aux restrictions. Mais ce n’est pas toujours facile, puisqu’elle se présente habilement sous un couvert de bien-être ou de santé.
Si notre santé est notre priorité, il faut plutôt adopter des comportements sains, sans égard à la perte de poids. Pour y arriver, on aura peut-être besoin de se faire aider. Dans ce cas, il est préférable de recourir au soutien d’un ou d’une nutritionniste, qui va savoir par où commencer.
Texte de Mara Hannan-Desjardins, nutritionniste
Collaboration à la recherche scientifique : Annie Ferland, nutritionniste et docteure en pharmacie

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