Comment aider votre chat à faire ses griffes ?

Le nouveau Règlement sur le bien-être et la sécurité des animaux domestiques de compagnie et des équidés interdit désormais l’onyxectomie (le dégriffage), la caudectomie (l’ablation totale ou partielle de la queue) et l’essorillement (la taille de la partie externe des oreilles). Le règlement émis par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) interdit par ailleurs la dévocalisation ― le retrait d’une partie des cordes vocales dans le but de réduire le volume des aboiements ou des miaulements.

Toutes ces interventions ne sont désormais autorisées qu’en cas de procédure thérapeutique recommandée par un médecin vétérinaire pour le bien de l’animal. 

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) désapprouvait déjà le dégriffage, qui consiste à amputer la troisième phalange de chaque doigt d’un chat ou autre animal. « Cette intervention n’est pas nécessaire et peut entraîner des conséquences sur la santé et le comportement du chat et d’autres espèces animales », peut-on lire sur le site web de l’Ordre. Ces opérations ont surtout été pratiquées pour répondre aux besoins des humains ou à des idéaux esthétiques.

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Pourquoi un chat fait-il ses griffes ?

Faire ses griffes constitue un comportement naturel chez les félidés. « Les raisons qui les poussent à agir ainsi sont plus complexes que ce qu’on pourrait penser », indique l’intervenante en comportement félin Alexandra Ricque, membre de l’Association professionnelle des comportementalistes praticiens (APCP) et de la Pet Professional Guild (PPG). Les chats font leurs griffes pour : 

• les user et les entretenir ; 
• étirer leurs muscles et leur colonne vertébrale ; 
• marquer leur territoire de manière tant visuelle qu’odorante, grâce aux phéromones libérées par des glandes situées sous leurs pattes ; 
• se détendre.

Entretenir les griffes

Dans la nature, les chats ont mille occasions de faire leurs griffes. À la maison, à moins que vous n’ayez placé des installations adéquates, vos meubles texturés et en bois s’avèrent fort attrayants pour eux, en dehors d’autres solutions !

Voilà pourquoi tailler régulièrement l’extrémité des griffes est une règle d’or. L’OMVQ recommande de tailler une ou deux fois par mois la partie blanche de la griffe, sans couper trop près du nerf à l’intérieur de la griffe. N’hésitez pas à féliciter votre compagnon d’une voix rassurante et à le récompenser pour sa patience !

« Si vous voyez les griffes ou que vous les entendez lorsque votre chat marche, c’est qu’elles doivent être raccourcies », souligne Alexandra Ricque. 

Lorsque les griffes d’un chat ne sont pas entretenues, les risques qu’il blesse un humain ou un autre animal par accident, ou encore qu’il se blesse lui-même en restant accroché à un meuble ou un tissu augmentent. « Bien entretenir des griffes évite des blessures qui autrement ne se produiraient pas, ajoute l’experte. C’est pour le bien-être de tous — pas seulement pour les meubles. » 

De l’aide pour la taille - Si vous ne vous sentez pas à l’aise de tailler vous-même les griffes, Alexandra Ricque suggère de moins les raccourcir, mais de le faire plus souvent. L’intervenante privilégie la coupe à domicile, car sortir de leur environnement stresse les chats. 

Il existe également des services de coupe à domicile, offerts par des intervenants et des techniciens en santé animale. Sinon, vous pouvez apporter votre chat dans une animalerie (comme un magasin Mondou), chez un toiletteur ou dans une clinique vétérinaire ― en profitant par exemple d’un rendez-vous avec le vétérinaire.

Pas plus d’agressions - Non, il n’y aura pas plus d’agressions parce que les griffes sont trop longues. « Les griffes, ce sont leurs ongles, précise Alexandra Ricque. Ce n’est pas ce qui crée de l’agressivité. Si votre chat est agressif, c’est qu’il y a un problème à faire évaluer par un vétérinaire ou un comportementaliste. » 

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Offrir le bon griffoir 

Hauteur et stabilité - Acheter un griffoir trop petit est une erreur commune, observe l’experte en comportement félin : la hauteur et la stabilité d’un griffoir sont deux facteurs essentiels. Le chat doit pouvoir s’étirer de tout son long lorsque ses pattes atteignent le haut du griffoir. Et ce dernier doit être bien solide. « S’il chancelle, les risques sont élevés que votre chat ne l’utilise pas », prévient Alexandra Ricque, suggérant de coincer la base du griffoir sous un meuble pour le stabiliser, au besoin. 

Textures et position - Cordage, carton, tapis, bois : chaque chat a ses préférences en matière de textures.

Il en va de même de la position : si les chats font généralement leurs griffes sur un support vertical, ils peuvent aussi aimer s’y adonner à l’horizontale, sur un tapis, par exemple. N’hésitez pas à mettre à la disposition de votre félin un petit tapis fait d’un matériau rugueux. 

Chez elle, M^me Ricque a recouvert d’un tapis griffoir la base d’une colonne en bois, fort attrayante pour un chat — « c’est difficile de trouver plus stable que ça ».

Emplacement - Alexandra Ricque recommande d’installer le griffoir dans les pièces de vie de votre félin, notamment un endroit où il a déjà commencé à faire ses griffes. « Une fois qu’un chat a laissé une marque visuelle dans la maison, il aura tendance à y retourner », ajoute la spécialiste. 

Récompenser son chat - « Afin d’entraîner un chat à utiliser son griffoir, il est recommandé de recourir à des techniques de renforcement positif », rappelle la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA). Vous pouvez le féliciter verbalement, déposer des gâteries ou des croquettes autour du griffoir, orner celui-ci d’un jouet ou d’un bout de ficelle, ou encore le frotter ou le vaporiser d’herbe à chat.

Que penser des protège-griffes?

La SPCA mentionne une autre option, les couvre-griffes ou protège-griffes : ce sont de petits étuis de vinyle souple posés sur chaque griffe à l’aide d’une colle non toxique. Conçues par des vétérinaires, ces protections adhèrent de 4 à 6 semaines environ chez les adultes et de 2 à 3 semaines chez les chatons.

«Si votre chat en porte, ne le laissez pas sortir, précise l’organisation, puisqu’il ne pourra ni se défendre ni grimper. » Vous pouvez vous renseigner auprès de cliniques vétérinaires.

Techniques répulsives temporaires

Le temps que votre chat adopte pleinement son griffoir, la SPCA suggère de couvrir les endroits qu’il aime bien griffer de produits dont la texture pourrait lui déplaire, comme des rubans adhésifs à double face, du papier d’aluminium, du papier bulle ou de la pellicule de plastique, ou d’utiliser des vaporisateurs répulsifs. 

« Ça va protéger les meubles, mais ça ne compensera pas son besoin, dit Alexandra Ricque. C’est correct de freiner l’habitude d’un chat de faire ses griffes sur du mobilier, mais l’important est de lui offrir des solutions qui répondront au besoin de faire ses griffes. » 

« Il faut se responsabiliser lorsqu’on adopte un animal », rappelle la spécialiste. Avant d’accueillir chez soi un animal, l’humain a aussi un travail à faire sur lui-même. « Vous devez vous demander quels sont les comportements naturels que le chat va adopter pour répondre à ses besoins, conclut-elle. Et si vous pouvez les accepter au quotidien. » 

Amendes  

Depuis qu’il est interdit de faire dégriffer les chats au Québec, des personnes se tournent vers l’Ontario pour faire opérer leur animal, selon ce que révèle une enquête du Devoir, l’Ontario étant la seule province canadienne qui autorise toujours ce type d’opération.

Or, il est interdit, selon le guide d’application du Règlement sur le bien-être et la sécurité des animaux domestiques de compagnie et des équidés du Québec, « de se rendre dans une autre province ou un autre pays pour faire dégriffer son chat ».

Les personnes qui enfreindraient les lois et les règlements assurant le bien-être et la sécurité des animaux s’exposent à une amende pouvant atteindre jusqu’à 50 000 $.

Soulignons que les cliniques vétérinaires ontariennes ont tout à fait le droit de refuser de dégriffer un animal.

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