Depuis quelque temps, les consommateurs ont vu apparaître sur les étagères de la Société des alcools du Québec (SAQ) et des épiceries une multitude de vins, cidres et cocktails prémélangés vendus dans de petites canettes. Ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, c'est une mode qui a pris encore plus d'ampleur qu’ici, avec des ventes qui ont bondi de 70 % entre 2018 et 2019, selon les données recueillies par Nielsen. L'engouement est réel et va en croissant. Révolution technologique et graphique – pensons à ces emballages aux styles plus originaux les uns que les autres –, ce contenant métallique a même pu percer le marché ultraconservateur des Français.
Le vin en canette présente de nombreux avantages : moins lourd à transporter que celui vendu en bouteille de 750 ml, il prend en outre moins de place dans le frigo et refroidit plus rapidement que l’alcool embouteillé dans du verre. Cela fait des canettes un bon choix pour les apéros au bord de la piscine, ou encore pour les pique-niques et concerts dans le parc, où le verre est souvent interdit. De plus, si vous ne voulez pas ouvrir toute une bouteille, le format se révèle fort pratique.
Mais surtout, la canette n’altère aucunement le goût du vin. C’est que la doublure faite de plastique ou de résine d’époxy qui recouvre l'intérieur du contenant empêche le liquide d'interagir avec l'aluminium.
Néanmoins, le vin vendu en canette est destiné à être bu jeune ; vous remarquerez d’ailleurs que la plupart d’entre eux n’ont pas de millésime. N’essayez surtout pas de les laisser vieillir : ils resteront assez stables au moins six mois, voire une année, mais une attente plus longue risque de leur donner des arômes de réduction semblables à ceux d’œufs pourris.
Pour l’instant, au Québec, l’offre est surtout constituée de cocktails prémélangés, bien que quelques exemples de vins exclusivement américains offerts en canette soient aussi proposés. La majorité d’entre eux sont pâles et pétillants : blancs ou rosés ; toujours très légers et souvent sucrés ; des moscatos et des pinots grigio ; des assemblages de rouges en vrac… Le genre de produits que vous trouverez en épicerie et dans les SAQ, oui, mais pas dans la section des vins de spécialité. Bref, parlons plutôt d’une renaissance des vins panachés (communément appelés coolers) que de vins sérieux, aromatisés, branchés, dynamiques, frais et sans prise de tête. Normal : ce sont des vins produits en grands volumes, à partir de raisins venant d’un peu partout, et souvent caractérisés par des niveaux d’alcool très bas. Peu de vins offerts sur le marché du vrac peuvent être considérés comme spéciaux ou bouleversants… ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas leur raison d’être.
Reste que les cidres et cocktails se sont, pour le moment, mieux adaptés à cette tendance que le vin. Leurs producteurs ont su saisir le marché et ont compris le côté aussi pratique qu’amusant de la canette. La qualité est au rendez-vous, et ces boissons se révèlent toujours simples et rafraîchissantes. Pour ce qui est des vins vendus dans ce même format, ils n’ont pas exactement la meilleure réputation qui soit dans le monde du vin et des spiritueux. Or, ces dernières années, leur qualité s'est considérablement améliorée, au point qu'il existe désormais une multitude d'options qui sont réellement satisfaisantes. Dommage que celles-ci tardent à arriver au Québec.