Il n’y a pas de réponse simple à cette question, car en matière de finances personnelles, chaque couple suit sa propre recette. Ainsi, j’ai des amis qui mettent leurs dettes et leurs salaires en commun, et abordent la planification de la retraite à deux. D’autres, qui préfèrent conserver leur indépendance, ont des comptes bancaires et des planificateurs financiers séparés.
Il n’y a pas vraiment de méthode qui soit meilleure qu’une autre, l’essentiel est qu’elle corresponde à nos valeurs et qu’elle nous permette d’atteindre nos objectifs financiers.
Il y a toutefois une chose qu’il est important de garder en tête : si le couple venait à éclater, qu’adviendrait-il de son beau plan financier ? Et quand bien même le couple durerait toute la vie, les revenus de retraite seraient-ils déséquilibrés ?
En duo et en solo
« S’il peut être intéressant de réaliser la planification de la retraite à deux, il est indispensable de se plier également à l’exercice d’un scénario ‟ solo ”, en particulier pour les conjoints de fait », estime André Lacasse, planificateur financier chez Services financiers Lacasse.
Tout d’abord, parce que nul n’est garant de l’avenir, et que ce qui semble un excellent plan à deux peut rapidement devenir un casse-tête financier en cas de séparation. On ne devrait donc pas compter sur le fait que le conjoint sera toujours dans notre vie au moment de la retraite.
Une planification individuelle permet aussi de révéler les disparités financières dans le couple et de prendre les mesures appropriées pour les combler.
André Lacasse rappelle que deux fois plus de femmes que d’hommes travaillent à temps partiel, bien souvent pour pouvoir s’occuper des enfants. Dans ces conditions, leur niveau de revenus est plus faible et leur capacité d’épargne est moindre que celle de leur conjoint, qui continue à gagner le même salaire.
En cas de séparation, ces femmes risquent de se retrouver dans une situation financière précaire et de manquer d’argent à la retraite. Il faut donc trouver des solutions pour rééquilibrer la situation et adapter la planification financière en conséquence.
S’il s’agit d’un couple marié, la loi sur le partage du patrimoine familial fait en sorte que les REER et fonds de pension seront partagés entre les ex-époux. Mais dans le cas contraire, si rien n’est prévu, l’un des conjoints peut être défavorisé par rapport à l’autre. C’est pourquoi les conjoints de fait ont tout intérêt à prévoir un contrat de vie commune pour se protéger en cas de séparation et s’assurer que le patrimoine soit partagé équitablement.
Combler les disparités
Lorsqu’il existe une importante disparité entre les revenus des conjoints et que les actifs de chacun ne grossissent pas au même rythme, il faut alors penser à combler le fossé.
Par exemple, celui qui gagne le revenu le plus élevé pourrait cotiser au REER de son conjoint, afin que les sommes accumulées dans les REER soient relativement équivalentes au moment de la retraite. Le cotisant utilise ses propres droits de cotisation et bénéficie des déductions d’impôt, mais les cotisations appartiennent au conjoint bénéficiaire.
Attention : si ce dernier venait à effectuer un retrait avant que deux années civiles complètes ne soient écoulées (la règle des trois 31 décembre), c’est le conjoint cotisant qui serait imposé sur ce montant.
Une dernière recommandation : il est fréquent que l’un des deux membres du couple ne s’occupe pas des finances. André Lacasse souligne que, bien souvent, l’un des conjoints joue un rôle plus effacé ou même ne sera pas présent au rendez-vous avec le conseiller, préférant laisser cette responsabilité à l’autre.
Si c’est votre cas, pourquoi ne pas prendre un rendez-vous avec votre planificateur financier et discuter avec lui des sujets qui vous préoccupent ou avec lesquels vous êtes moins familier? Vous améliorerez du même coup votre littératie dans le domaine et vous aurez un meilleur contrôle sur vos affaires financières. Lancez-vous !
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