Comme moi, vous détenez peut-être des fonds négociés en bourse (FNB) et des fonds communs de placement dans votre portefeuille. Au moment où j’allais effectuer cet investissement, mon conseiller m’avait recommandé de prendre connaissance de l’aperçu du fonds, un document réglementaire prescrit par la loi qui doit être obligatoirement remis à l’investisseur.
Les principales caractéristiques du produit financier sont résumées en deux pages recto verso : date de création du produit, somme des actifs sous gestion, ratio des frais de gestion, nom du gestionnaire, ses objectifs, degré de risque, rendements passés, etc. Si vous n’êtes pas familier avec ce type de document, l’Autorité des marchés financiers (AMF) explique bien de quoi il s’agit et fournit aussi des exemples détaillés.
Instructif, mais insuffisant
L’aperçu du fonds semble donc être un document très utile pour prendre une décision éclairée en matière d’investissement.
Fabien Major, planificateur financier, conseiller en gestion de patrimoine, Gestion de capital Assante, met toutefois un bémol important. « On y mentionne les rendements passés, mais cette information est incomplète et pourrait ne pas refléter ceux qu’obtiendra l’investisseur au bout du compte, prévient-il. Et non, ce n’est pas à cause des frais de gestion. »
Pour illustrer son propos, Fabien Major donne l’exemple du fonds Magellan, de Fidelity. De 1977 à 1990, ce fonds qui a été géré par Peter Lynch — le fameux investisseur et gestionnaire de fonds américain — rapportait en moyenne 29 % par année, un record historique jamais égalé depuis.
Or, durant la même période, de nombreux investisseurs ont perdu de l’argent. Même chose pour les fonds indiciels de Vanguard : de 2003 à 2008, la croissance cumulative des rendements a été de 6 %, mais les clients de ces produits ont perdu 12 % des sommes investies. Ouch !
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Le temps, c’est du rendement
Comment expliquer ce fossé ? Fabien Major souligne que, dans le domaine des placements, le temps, qui est un facteur essentiel, est pourtant très mal compris par les investisseurs. « La durée de détention des produits a considérablement diminué », dit-il. Résultat : les rendements promis ne sont pas au rendez-vous puisque l’investisseur n’a pas conservé son produit suffisamment longtemps.
« La finance s’est beaucoup démocratisée au cours des dernières années ; c’est plus facile d’investir soi-même et c’est moins cher. Le problème, c’est qu’en tentant de se synchroniser avec les marchés, les investisseurs n’agissent pas dans leur intérêt. Ils détiennent leurs fonds en moyenne pendant seulement 12 mois, achètent des parts dans les hauts de marché et revendent dans les creux, ce qui donne rarement de bons résultats », explique le planificateur financier.
Comme un bon vin…
C’est pourquoi, selon lui, l’aperçu du fonds devrait fournir une information essentielle pour prendre une décision véritablement éclairée : la durée de détention moyenne nécessaire pour obtenir le rendement annoncé, par exemple 5 ans, 10 ans, etc.
Il estime d’ailleurs qu’en collaboration avec les autres autorités de contrôle des marchés, l’AMF devrait exiger que cette information soit indiquée dans ce document réglementaire. Les fonds possèdent déjà cette information et pourraient la fournir facilement.
En attendant, que peut-on faire en tant qu’investisseur ? Se renseigner auprès de son conseiller pour savoir quelle est la détention minimale recommandée pour un fonds commun ou un FNB. « On devrait les voir comme un bon vin : il faut leur donner le temps de vieillir », illustre Fabien Major.
Il rappelle aussi que la meilleure façon de protéger son capital lorsque le marché boursier se replie est non pas de faire une vente de feu, mais d’avoir préalablement diversifié son portefeuille.
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