Récemment, les résultats d’un sondage ont attiré mon attention. D’après une enquête Ipsos menée pour le compte de BMO en janvier dernier, 35 % des Canadiens en couple croient que leur conjoint dépense trop d’argent. Selon 32 % des répondants, les dépenses seraient en effet une source fréquente de conflit dans leur relation. Enfin, 36 % admettent qu’ils ne disent pas toujours la vérité à leur partenaire au sujet de leurs finances. Des chiffres qui font réfléchir…
De l’avis de Véronique Joanis, conférencière et formatrice pour L’Argent... Parlons-en !, il est préférable d’avoir cette conversation tôt dans la relation, car plus on attend, plus les habitudes s’installent et plus il sera difficile de changer les modes de fonctionnement par la suite. « Mais c’est un sujet délicat, c’est pourquoi on doit procéder en douceur afin de maintenir le canal de communication ouvert », conseille la spécialiste.
Sa stratégie ? Chacun commence par énumérer les trois grandes valeurs essentielles à ses yeux. Cela peut être la liberté, l’éducation, les voyages, être propriétaire, etc., autant d’éléments qui auront évidemment un impact sur les finances du couple.
Ensuite, on peut se demander ce que l’argent représente pour nous : la sécurité, le plaisir, l’anxiété, etc. « Il faut comprendre que notre rapport à l’argent est bien souvent le fruit de notre histoire personnelle ou familiale ajoute-t-elle. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas porter de jugement sur la position de l’autre. »
Deuxième étape : unir ses forces
Une fois la table mise, on peut alors faire le point sur les forces et les faiblesses de chacun des deux membres du couple. Pour cela, il faut définir quelle est notre façon de mener nos finances : est-on très discipliné, ou notre gestion est-elle plutôt chaotique ? Est-ce qu’on économise comme un écureuil, ou bien est-ce notre côté « cigale » qui prend le dessus ?
Ensuite, on pourra distribuer les tâches en fonction des habiletés propres à chacun : suivi du budget quotidien, planification des projets à long terme, épargne, etc.
Le but de l’exercice est de travailler ensemble à l’atteinte d’objectifs financiers communs et non pas de se focaliser sur des divergences, qui, elles, pourraient finir par générer des frictions.
Troisième étape : du concret
À ce stade, on est prêt pour mettre cartes sur table. Ici, on fournit des détails sur son bilan financier, ses revenus, ses actifs et son passif. Idéalement, lorsqu’on la connaît, on indique aussi quelle est sa cote de crédit.
En cas de dettes, on devrait proposer un plan de remboursement de celles-ci, ce qui permettra de rassurer le partenaire et de créer un lien de confiance. « Si le conjoint reste vague à propos de son endettement, c’est le signe qu’il y a peut-être quelque chose qui cloche. Ces cachotteries financières sont un drapeau rouge », prévient Véronique Joanis.
C’est aussi le bon moment pour faire un budget de couple et s’entendre sur la façon dont les finances seront gérées : compte conjoint et/ou individuel, partage des dépenses moitié-moitié ou au prorata, etc. Choisissez la formule qui vous convient le mieux, mais gardez en tête qu’il est souvent préférable de laisser à chacun le loisir de disposer comme il l’entend d’une portion de ses revenus personnels, une fois sa contribution aux dépenses familiales et aux projets communs effectuée.
Quatrième étape : garder le cap
Une fois de bonnes habitudes instaurées, n’oubliez pas de faire un suivi régulier des finances du couple et de réajuster le partage des dépenses au besoin. La clé : communiquer, demeurer flexible et être prêt à vous adapter aux circonstances.
« Si l’on est en union de fait, une convention de vie commune est essentielle pour que chacun soit protégé en cas de séparation. On devrait la considérer comme un véritable contrat amoureux et non pas voir uniquement l’aspect froidement légal », conclut Véronique Joanis.
Un dernier conseil : on peut éprouver un malaise à parler d’argent parce qu’on se sent peu outillé pour le faire. Heureusement, les ressources gratuites pour améliorer sa littératie financière abondent, comme le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ou celui de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Savoir, c’est pouvoir (ensemble) !
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