À l’instar de bien des parents, j’ai ajouté mes enfants et jeunes adultes comme utilisateurs autorisés sur ma carte de crédit. Cela rassure la mère poule en moi puisque cela leur permet de faire face aux imprévus de la vie en cas de besoin. De plus, même si ma fille aînée possède déjà sa propre carte, ma limite de crédit plus élevée pourrait arriver à point nommé dans certaines situations.
Je demeure la titulaire principale du compte et suis également responsable à 100 % des dettes contractées tant par moi que par les utilisateurs autorisés.
Qu’en est-il pour les cartes de crédit conjointes ? Les choses sont un peu différentes.
Qui prend la responsabilité du paiement?
Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire à Option consommateurs, explique d’entrée de jeu qu’il existe une certaine confusion entre ces deux types de cartes. « La carte de crédit conjointe comporte deux coemprunteurs, et non pas un titulaire principal et un ou des utilisateurs autorisés. Dès lors, les coemprunteurs sont tous deux responsables de la totalité du solde et pas seulement la moitié de la dette, et ce, quelle que soit la personne qui a effectué la dépense », indique-t-elle. Cela signifie que, si l’un des coemprunteurs ne rembourse pas son solde, l’institution financière pourra réclamer la totalité de la somme à l’autre.
Pour l’autre type de carte, le titulaire principal est responsable à la fois de ses dettes, mais aussi de celles contractées par le ou les titulaires autorisés. Ceux-ci pourraient donc tout à fait se laver les mains des achats effectués avec la carte, puisque le compte appartient au titulaire principal : celui-ci reçoit la facture et devra la payer.
Carte conjointe: attention à votre cote de crédit
Concernant la cote de crédit, sachez que l’utilisation irresponsable de la carte conjointe par l’un des coemprunteurs aura un impact sur l’autre. Autrement dit, votre dossier de crédit pourrait être affecté si, par exemple, votre conjoint paye son solde de carte conjointe en retard ou, pire encore, s’il ne le rembourse pas du tout.
Du côté des utilisateurs autorisés, la question ne se pose pas puisqu’ils ne reçoivent pas la facture mensuelle et ne sont pas légalement responsables des dettes contractées avec la carte. En fait, leur utilisation n’influe ni dans un sens ni dans l’autre et ne les aide pas non plus à établir leurs antécédents en matière de crédit. Par conséquent, le fait d’avoir détenu une carte supplémentaire sur le compte d’un titulaire principal ne sera pas considéré par les prêteurs lorsqu’un titulaire autorisé cherchera à obtenir du crédit pour lui-même.
En cas de séparation, qui paie?
Qu’advient-il du solde de la carte si un couple détenant un compte de crédit conjoint se sépare ? « Aux yeux de l’institution financière, chacun est responsable à 100 % de la dette. Elle pourrait donc exiger que l’un des deux coemprunteurs rembourse la totalité même si ce n’est pas lui qui a effectué les achats », explique Johanne Le Blanc. En revanche, le payeur pourrait se tourner vers les tribunaux pour récupérer son argent, en l’occurrence la Division des petites créances jusqu’à 15 000 $ et la Cour du Québec au-delà de cette somme. « Le coemprunteur pourrait faire valoir qu’il existait une entente tacite entre eux, selon laquelle chacun devait payer la moitié de la facture ou que chacun demeurait responsable de ses propres achats », précise Johanne Le Blanc.
Celle-ci ajoute qu’en cas de séparation ou de divorce, l’une des premières choses à faire est de séparer également les finances personnelles, notamment en fermant les comptes conjoints. « On peut aussi se désolidariser du coemprunteur d’une carte de crédit conjointe en avisant l’institution financière, de préférence par courrier recommandé. Même chose pour une marge de crédit conjointe », conseille la spécialiste.
En ce qui concerne les utilisateurs autorisés qui disposent d’une carte reliée au compte d’un titulaire principal, celui-ci peut tout simplement demander à l’institution financière que l’utilisateur autorisé soit retiré de son compte et que sa carte soit annulée. C’est ce que je ferai le moment venu pour mes enfants, mais pas tout de suite !
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