Médecin à domicile: un service peu accessible

Sommaire de l&rsquo;article Quelques exp&eacute;riences localesLe priv&eacute; en renfortDes consultations &agrave; domicile qui ont un prixPublic : acc&egrave;s limit&eacute; aux visites &agrave; domicileDemandes rest&eacute;es sans r&eacute;ponseVieillir et mourir &agrave; la maisonUn mod&egrave;le &eacute;prouv&eacute;, mais entrav&eacute;L&rsquo;h&ocirc;pital : plus payant pour le m&eacute;decin Vous souffrez atrocement et &ecirc;tes clou&eacute; au lit ? Oubliez l&rsquo;id&eacute;e du service au chevet. M&ecirc;me si d&rsquo;une r&eacute;forme &agrave; l&rsquo;autre, on chante les louanges des soins &agrave; la maison, le m&eacute;decin de famille, assise du r&eacute;seau de la sant&eacute;, n&rsquo;a certainement pas sonn&eacute; souvent &agrave; votre porte.Cette pratique &eacute;tait pourtant relativement fr&eacute;quente au Qu&eacute;bec jusqu&rsquo;en 1991, ann&eacute;e ou&#768; le gouvernement a impos&eacute; des activit&eacute;s m&eacute;dicales particuli&egrave;res aux m&eacute;decins de famille cumulant moins de 10 ann&eacute;es de pratique. La r&egrave;gle a ensuite &eacute;t&eacute; &eacute;tendue a&#768; l&rsquo;ensemble des omnipraticiens en 2002.Les m&eacute;decins de famille ont alors &eacute;t&eacute; redirig&eacute;s massivement vers les urgences des h&ocirc;pitaux, o&ugrave; ils effectuent en moyenne 40 % de leurs activit&eacute;s, selon la F&eacute;d&eacute;ration des m&eacute;decins omnipraticiens du Qu&eacute;bec (FMOQ). Cela r&eacute;duit d&rsquo;autant leur disponibilit&eacute; pour la pratique en cabinet et les visites &agrave; la maison. Rien qu&rsquo;entre les ann&eacute;es 2000-2001 et 2006-2007, le nombre d&rsquo;examens a&#768; domicile a chut&eacute; de pr&egrave;s de 16 %, passant de 605 499 a&#768; 509 496.Le vice-pr&eacute;sident de la FMOQ, le Dr Sylvain Dion, admet que l&rsquo;&eacute;poque des visites &agrave; la maison est bien r&eacute;volue. Pas plus de 550 m&eacute;decins de famille, soit environ 10 % des membres du syndicat de m&eacute;decins inscrits au r&eacute;gime public, se sont d&eacute;plac&eacute;s au moins une fois au domicile d&rsquo;un patient en 2022. Et pour la plupart d&rsquo;entre eux, ces visites n&rsquo;occupent qu&rsquo;une infime proportion de leur temps. Elles compl&egrave;tent souvent une pratique en cabinet ou au sein d&rsquo;un groupe de m&eacute;decine familiale. Les m&eacute;decins en CLSC effectuent en g&eacute;n&eacute;ral davantage de d&eacute;placements chez leurs patients.Dans tous les cas de figure, indique le Dr Dion, l&rsquo;efficacit&eacute;, voire la possibilit&eacute;, de cette pratique repose sur un partage des responsabilit&eacute;s, notamment avec les infirmi&egrave;res, qui font de la premi&egrave;re ligne, mais aussi d&rsquo;autres professionnels comme des inhaloth&eacute;rapeutes, des physioth&eacute;rapeutes et des travailleuses sociales.Des exp&eacute;riences locales de soins &agrave; domicileAu fil des ann&eacute;es, quelques exp&eacute;riences fructueuses, d&rsquo;autres moins, ont &eacute;t&eacute; tent&eacute;es. L&rsquo;une d&rsquo;elles, Jonqui&egrave;re-M&eacute;dic, a fait le bonheur des citoyens de Saguenay pendant pr&egrave;s de 40 ans. Dans ses belles ann&eacute;es, l&rsquo;organisme fond&eacute; par un regroupement de citoyens, d&rsquo;associations et de m&eacute;decins pouvait s&rsquo;appuyer sur une &eacute;quipe tournante de 14 omnipraticiens affili&eacute;s &agrave; la R&eacute;gie de l&rsquo;assurance maladie du Qu&eacute;bec (RAMQ) pour offrir des consultations &agrave; domicile. Elle n&rsquo;en comptait plus qu&rsquo;une poign&eacute;e apr&egrave;s la pand&eacute;mie de COVID-19, qui l&rsquo;a oblig&eacute;e &agrave; mettre ses services en veilleuse.Apr&egrave;s une interruption qui aura dur&eacute; pr&egrave;s de trois ans et une br&egrave;ve reprise en novembre 2022, Jonqui&egrave;re-M&eacute;dic reprendra la route en novembre 2023 gr&acirc;ce &agrave; la participation de neuf m&eacute;decins de familles. Les services seront disponibles cinq jours par semaine de 8 h &agrave; 17 h et permettront chaque ann&eacute;e de d&eacute;tourner des urgences quelque 9000 patients de tous &acirc;ges.Quant &agrave; la FMOQ, elle n&rsquo;a jamais cru possible d&rsquo;exporter ailleurs au Qu&eacute;bec ce mod&egrave;le, calqu&eacute; sur SOS M&eacute;decins, un r&eacute;seau d&rsquo;urgentologues mobiles qui dessert la France depuis 1966. &laquo; On a moins de m&eacute;decins par habitant que la France &raquo;, soutient Jean-Pierre Dion, conseiller strat&eacute;gique aux affaires publiques de la FMOQ. Il est donc impensable qu&rsquo;une partie des effectifs voient moins de patients chaque jour.Le priv&eacute; en renfortDans la r&eacute;gion de la Capitale-Nationale, le Dr Pierre Renard a tent&eacute; de reproduire &ndash; &agrave; lui tout seul &ndash; la formule de SOS M&eacute;decins, une organisation pour laquelle il a travaill&eacute; avant de s&rsquo;&eacute;tablir au Qu&eacute;bec, en 2010. Sa clinique mobile, Docteur &agrave; domicile Qu&eacute;bec-L&eacute;vis, a roul&eacute; de 2018 &agrave; 2022. Non affili&eacute; &agrave; la RAMQ, le Dr Renard proposait des rendez-vous et des consultations d&rsquo;urgence moyennant un tarif minimal de 260 $.Aujourd&rsquo;hui, une poign&eacute;e de cliniques priv&eacute;es effectuent des visites &agrave; domicile, &agrave; Montr&eacute;al et &agrave; Qu&eacute;bec. Ces services proposent g&eacute;n&eacute;ralement une pratique familiale et r&eacute;pondent aux urgences mineures, mais certaines vont prendre en charge des patients atteints de maladies chroniques ou d&eacute;g&eacute;n&eacute;ratives, voire prodiguer des soins palliatifs. C&rsquo;est le cas de Mon Doc, seule clinique de la r&eacute;gion de Qu&eacute;bec &agrave; offrir des soins &agrave; domicile en sus d&rsquo;une pratique r&eacute;guli&egrave;re en cabinet.&laquo; C&rsquo;est r&eacute;cent, on ne l&rsquo;a pas vraiment annonc&eacute;, pr&eacute;cise la propri&eacute;taire de Mon Doc, la Dre Julie Dutil. &Ccedil;a reste donc une offre marginale qui semble r&eacute;pondre &agrave; un besoin. &raquo; L&rsquo;un de ses coll&egrave;gues entend d&rsquo;ailleurs se concentrer sur les consultations &agrave; domicile aupr&egrave;s des personnes &acirc;g&eacute;es.Des consultations &agrave; domicile qui ont un prixSauf exception, les cliniques priv&eacute;es qui proposent de se d&eacute;placer &agrave; domicile le font du lundi au vendredi pendant les heures ouvrables habituelles.Les frais varient &eacute;videmment d&rsquo;une clinique &agrave; l&rsquo;autre. Ainsi, les honoraires de Mon Doc s&rsquo;&eacute;l&egrave;vent &agrave; 290 $ pour les patients ayant souscrit un abonnement annuel Premium au cout de 275 $. MDomicile, active dans la r&eacute;gion de Montr&eacute;al, exige 350 $ la visite, en sus des frais d&rsquo;abonnement annuel de 60 $. Moyennant des frais suppl&eacute;mentaires, les patients ont acc&egrave;s &agrave; d&rsquo;autres professionnels de la sant&eacute; : infirmi&egrave;re, inhaloth&eacute;rapeute, physioth&eacute;rapeute, travailleuse sociale, etc.Selon l&rsquo;Association canadienne des compagnies d&rsquo;assurances de personnes, les polices d&rsquo;assurance couvrant les soins de sant&eacute; priv&eacute;s &agrave; domicile ne remboursent g&eacute;n&eacute;ralement que les honoraires des soins infirmiers.Vous pourriez cependant avoir droit &agrave; des cr&eacute;dits fiscaux f&eacute;d&eacute;ral et provincial. Les frais admissibles et les b&eacute;n&eacute;fices qui en d&eacute;coulent varient selon plusieurs facteurs comme l&rsquo;&acirc;ge, l&rsquo;&eacute;tat civil ou les revenus du contribuable.La Dre Dutil croit que, dans les conditions actuelles, les services &agrave; domicile offerts par le priv&eacute; suppl&eacute;ent aux lacunes du r&eacute;seau public, qui dirige immanquablement les patients vers les h&ocirc;pitaux. &laquo; C&rsquo;est s&ucirc;r que &ccedil;a coute plus cher, mais &ccedil;a lib&egrave;re des lits et &ccedil;a &eacute;vite des hospitalisations. &raquo;Public : acc&egrave;s limit&eacute; aux visites &agrave; domicileDans le r&eacute;seau public, les visites &agrave; domicile doivent &ecirc;tre r&eacute;serv&eacute;es &agrave; la client&egrave;le dite &laquo; lourde &raquo;, soutient le Dr Sylvain Dion. &laquo; On n&rsquo;a pas les effectifs pour faire de l&rsquo;urgence &raquo;, dit-il en faisant allusion aux rares m&eacute;decins qui soignent encore petits et grands &agrave; la maison.Il consacre lui-m&ecirc;me l&rsquo;&eacute;quivalent d&rsquo;une &agrave; deux journ&eacute;es par mois &agrave; une trentaine de patients confin&eacute;s chez eux parce qu&rsquo;ils sont en perte d&rsquo;autonomie ou atteints de troubles cognitifs, ou qu&rsquo;ils n&eacute;cessitent des soins palliatifs. &laquo; C&rsquo;est en grande partie une client&egrave;le qui a vieilli avec moi. &raquo; Ses coll&egrave;gues du CLSC de Lac-Etchemins, dans la r&eacute;gion Chaudi&egrave;re-Appalaches, effectuent eux aussi des visites au domicile de leurs patients vuln&eacute;rables.Quant &agrave; la t&eacute;l&eacute;m&eacute;decine, qui a connu un certain essor pendant la pand&eacute;mie de COVID-19, elle a d&eacute;montr&eacute; son efficacit&eacute;, mais aussi ses limites, dit le Dr Dion. &laquo; C&rsquo;est utile quand on n&rsquo;a pas besoin d&rsquo;examen physique, que l&rsquo;on connait bien son patient, qu&rsquo;on sait qu&rsquo;il doit prendre r&eacute;guli&egrave;rement tel m&eacute;dicament. &raquo;Les t&eacute;l&eacute;consultations repr&eacute;sentent de 10 &agrave; 15 % des rendez-vous m&eacute;dicaux, et il s&rsquo;agit surtout de rencontres de suivi. &laquo; &Ccedil;a fait l&rsquo;affaire des docteurs. Ce n&rsquo;est pas forc&eacute;ment plus rapide, mais &ccedil;a &eacute;vite des d&eacute;placements. &raquo;Demandes rest&eacute;es sans r&eacute;ponseEn admettant qu&rsquo;il faille r&eacute;server les visites m&eacute;dicales aux seules personnes &acirc;g&eacute;es immobilis&eacute;es et fragilis&eacute;es par un &eacute;tat de sant&eacute; pr&eacute;caire, n&rsquo;y aurait-il donc pas lieu d&rsquo;avoir justement plus de m&eacute;decins sur la route ?C&rsquo;est ce qu&rsquo;affirment depuis longtemps le Conseil pour la protection des malades (CPM) et le R&eacute;seau FADOQ, un regroupement d&rsquo;ain&eacute;s. Le syst&egrave;me de sant&eacute; &laquo; hospitalocentriste &raquo; du Qu&eacute;bec ayant, selon eux, d&eacute;montr&eacute; ses pires failles au plus fort de la pand&eacute;mie de COVID-19, ils estiment qu&rsquo;il est temps de faire des soins de sant&eacute; &agrave; domicile &laquo; une priorit&eacute; nationale &raquo;. D&rsquo;autant plus que le Qu&eacute;bec est une soci&eacute;t&eacute; vieillissante.Vieillir et mourir &agrave; la maisonC&rsquo;est pour mieux soigner cette client&egrave;le &acirc;g&eacute;e et celle en fin de vie, grande consommatrice de soins hospitaliers, que la Dre Genevi&egrave;ve Dech&ecirc;ne souhaiterait &eacute;tendre &agrave; d&rsquo;autres CLSC le mod&egrave;le de soins palliatifs &agrave; domicile qu&rsquo;elle a mis en place &agrave; celui de Verdun. Fond&eacute; sur un duo infirmi&egrave;re-m&eacute;decin, il permet &agrave; plus d&rsquo;ain&eacute;s de vivre leurs derniers jours en toute qui&eacute;tude dans leur propre chambre.&laquo; &Agrave; peine 9 % des Qu&eacute;b&eacute;cois meurent &agrave; domicile &raquo;, d&eacute;plore-t-elle. La proportion est de 30 % ailleurs au Canada, et varie entre 25 et 40 % en Europe. &laquo; C&rsquo;est aberrant ! Aujourd&rsquo;hui, la grande majorit&eacute; des gens meurent des suites d&rsquo;une longue maladie. C&rsquo;est pr&eacute;visible. &raquo;Pr&eacute;visible, donc ais&eacute;ment contr&ocirc;lable &agrave; la maison pour peu qu&rsquo;on y croie. Et l&rsquo;omnipraticienne de 66 ans y croit depuis qu&rsquo;elle a mis sur pied, en 2008, la premi&egrave;re &eacute;quipe m&eacute;dicale de soins intensifs &agrave; domicile (SIAD) int&eacute;gr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;quipe multidisciplinaire de soins &agrave; domicile (SAD) du CLSC de Verdun. Depuis, il s&rsquo;est constitu&eacute; 13 autres services SIAD, mais la plupart ne sont pas op&eacute;rationnels, faute d&rsquo;effectifs m&eacute;dicaux suffisants (voir l&rsquo;encadr&eacute;).La recette est simple. Les m&eacute;decins des &eacute;quipes SIAD se rendent au chevet des patients en perte de mobilit&eacute; et en fin de vie (cancer terminal, insuffisance cardiaque, insuffisance pulmonaire de stade 4 et maladie neurologique terminale). Ils y assurent une garde 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Avec l&rsquo;&eacute;quivalent de trois m&eacute;decins &agrave; temps plein, l&rsquo;&eacute;quipe SIAD du CLSC de Verdun prend en charge 1 250 patients par ann&eacute;e.R&eacute;sultat ? Une r&eacute;duction de 61 % des hospitalisations et le maintien &agrave; domicile de pr&egrave;s de 65 % des patients en fin de vie jusqu&rsquo;&agrave; leur d&eacute;c&egrave;s. &laquo; Quand je suis de garde pour le SIAD, on m&rsquo;appelle jour et nuit, et chaque appel &eacute;vite une hospitalisation, indique la Dre Dech&ecirc;ne. On calcule que quand vous implantez un SIAD dans un CLSC, &ccedil;a coute deux fois moins cher au gouvernement. &raquo; En 2017, le cout moyen d&rsquo;une visite a&#768; l&rsquo;urgence s&rsquo;&eacute;levait &agrave; 176,59 $, montant auquel il fallait dans bien des cas ajouter des frais de transport par ambulance de 132 $, comparativement &agrave; 98,84 $ pour une visite a&#768; domicile.Un mod&egrave;le &eacute;prouv&eacute;, mais entrav&eacute;En r&eacute;duisant de moiti&eacute; la t&acirc;che des omnipraticiens dans les h&ocirc;pitaux (laquelle atteindrait ainsi le m&ecirc;me niveau que celle de leurs homologues dans le reste du Canada) et en exigeant des m&eacute;decins sp&eacute;cialistes qu&rsquo;ils en fassent plus, on d&eacute;gagerait l&rsquo;&eacute;quivalent de 200 m&eacute;decins &agrave; temps plein, affirme la Dre Dech&ecirc;ne. &laquo; &Ccedil;a suffirait pour d&eacute;marrer des &eacute;quipes SIAD dans les 494 CLSC du Qu&eacute;bec. &raquo;Le gouvernement &eacute;tait d&rsquo;ailleurs pr&ecirc;t &agrave; d&eacute;ployer le mod&egrave;le SIAD apr&egrave;s la conclusion, avec la FMOQ, d&rsquo;une entente r&eacute;gissant notamment la r&eacute;mun&eacute;ration des m&eacute;decins participants.&Agrave; peine conclue, en 2018, l&rsquo;entente a &eacute;t&eacute; amend&eacute;e en 2019 par la FMOQ et la ministre de la Sant&eacute; et des Services sociaux d&rsquo;alors, Danielle McCann, de fa&ccedil;on &agrave; n&rsquo;autoriser que 50 % des CLSC d&rsquo;une r&eacute;gion donn&eacute;e &agrave; r&eacute;tribuer les m&eacute;decins d&rsquo;une &eacute;quipe SIAD et &agrave; abaisser &agrave; sept jours la dur&eacute;e maximale du suivi m&eacute;dical &agrave; domicile.Tous les projets en d&eacute;marrage ont &eacute;t&eacute; mis sur la glace, d&eacute;nonce la Dre Dech&ecirc;ne. Le risque de se voir infliger une p&eacute;nalit&eacute; financi&egrave;re par la RAMQ a &eacute;teint m&ecirc;me les plus enthousiastes.L&rsquo;h&ocirc;pital : plus payant pour le m&eacute;decinLors de la derni&egrave;re campagne &eacute;lectorale qu&eacute;b&eacute;coise, en 2022, le R&eacute;seau FADOQ et le Conseil pour la protection des malades ont exig&eacute; du prochain gouvernement qu&rsquo;il ren&eacute;gocie avec la FMOQ une entente budg&eacute;taire et r&egrave;glementaire favorable au plein d&eacute;ploiement des &eacute;quipes SIAD. Au Qu&eacute;bec, c&rsquo;est la FMOQ, et non le ministre de la Sant&eacute; et des Services sociaux, qui a le dernier mot quant &agrave; la r&eacute;partition de l&rsquo;enveloppe budg&eacute;taire consacr&eacute;e &agrave; la r&eacute;mun&eacute;ration des m&eacute;decins omnipraticiens. La requ&ecirc;te du R&eacute;seau FADOQ et du CPM n&rsquo;a jusqu&rsquo;ici pas &eacute;t&eacute; entendue.&laquo; Il me semble que le ministre devrait avoir toute l&rsquo;autorit&eacute; pour agir, dit Paul Brunet, pr&eacute;sident-directeur g&eacute;n&eacute;ral du CPM. Je ne comprends pas qu&rsquo;il en soit incapable. &raquo;Cette pr&eacute;rogative syndicale contribue, selon les critiques, &agrave; consolider davantage l&rsquo;hospitalocentrisme du syst&egrave;me de sant&eacute;, en accordant une r&eacute;mun&eacute;ration plus &eacute;lev&eacute;e pour les activit&eacute;s &agrave; l&rsquo;h&ocirc;pital que pour celles &agrave; domicile. Elle ligote les mains du ministre, d&eacute;plore la Dre Dech&ecirc;ne.La FMOQ se d&eacute;fend de vouloir freiner la multiplication des &eacute;quipes SIAD. &Agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de Verdun, &laquo; il manque souvent une base critique : il n&rsquo;y a pas assez d&rsquo;infirmi&egrave;res pour travailler avec les m&eacute;decins, et la demande est insuffisante pour justifier la cr&eacute;ation d&rsquo;&eacute;quipes d&eacute;di&eacute;es aux SIAD. Et le territoire est probl&eacute;matique : &ccedil;a peut aller &agrave; Verdun, mais pas vraiment au nord du lac Saint-Jean &raquo;, explique Jean-Pierre Dion, conseiller strat&eacute;gique aux affaires publiques de la F&eacute;d&eacute;ration.Or, les nouvelles r&egrave;gles impos&eacute;es conjointement par Qu&eacute;bec et le syndicat des omnipraticiens ne tiennent compte ni du travail accompli par le m&eacute;decin SIAD (qui gagne deux fois moins que son coll&egrave;gue en milieu hospitalier, mais accomplit des t&acirc;ches comparables) ni de la r&eacute;alit&eacute; des soins &agrave; domicile.La population, elle, semble avoir bien saisi les avantages d&rsquo;un tel service. &laquo; Certains de mes patients ont d&eacute;m&eacute;nag&eacute; &agrave; Verdun pour avoir acc&egrave;s au SIAD &raquo;, affirme la Dre Dech&ecirc;ne.M&ecirc;me si elle &oelig;uvre aujourd&rsquo;hui en pratique priv&eacute;e, la Dre Julie Dutil, de la clinique Mon Doc, n&rsquo;est pas insensible aux d&eacute;faillances du r&eacute;seau public, puisqu&rsquo;elle y a fait ses premi&egrave;res armes. Et elle croit elle aussi que, pour r&eacute;duire les couts d&rsquo;hospitalisation, le gouvernement doit investir davantage dans le soutien des omnipraticiens qui font de la consultation &agrave; domicile et cesser de &laquo; demander du volume &raquo;.&laquo; Leur charge de travail n&rsquo;est pas consid&eacute;r&eacute;e &agrave; leur juste valeur, dit-elle. Un patient &agrave; domicile, c&rsquo;est aussi une famille qui a des questions. Il faut que tout cela soit reconnu. &raquo; Des m&eacute;decins &agrave; domicile &agrave; Rimouski Le Bas-Saint-Laurent est l&rsquo;une des rares r&eacute;gions &agrave; avoir r&eacute;ussi, malgr&eacute; les obstacles administratifs, &agrave; se doter d&rsquo;un SIAD op&eacute;rationnel, et ce, pendant la pand&eacute;mie. Les retomb&eacute;es sont &eacute;loquentes, selon le rapport du CIRANO : la proportion de patients d&eacute;c&eacute;d&eacute;s &agrave; domicile apr&egrave;s y avoir re&ccedil;u des soins palliatifs est pass&eacute;e de 0 % en 2018-2019 &agrave; 32,1 % en 2022-2023. Mais la population &agrave; desservir est dispers&eacute;e dans 114 municipalit&eacute;s, en majorit&eacute; rurales, sur un territoire de plus de 22 000 kilom&egrave;tres carr&eacute;s. Voil&agrave; pourquoi l&rsquo;&eacute;quipe SIAD, mise sur pied par la Dre Val&eacute;rie-Anne Gagnon, participe au projet VESTA, lequel consiste &agrave; adapter un v&eacute;hicule pouvant faciliter les consultations &agrave; domicile dans les zones rurales et dans les petites municipalit&eacute;s. La fourgonnette sera notamment dot&eacute;e de mat&eacute;riel m&eacute;dical, d&rsquo;un r&eacute;frig&eacute;rateur, d&rsquo;un appareil d&rsquo;analyses de laboratoire et d&rsquo;&eacute;quipement de t&eacute;l&eacute;monitorage. Il pourrait &eacute;galement inclure une r&eacute;serve de m&eacute;dicaments permettant de suppl&eacute;er aux pharmacies, dont les heures d&rsquo;ouverture sont limit&eacute;es hors des grands centres. Le v&eacute;hicule devrait &ecirc;tre d&eacute;ploy&eacute; d&rsquo;ici l&rsquo;&eacute;t&eacute; 2024 et sillonner les Bas-Saint-Laurent au moins jusqu&rsquo;en 2026. L&rsquo;isolement relatif d&rsquo;une r&eacute;gion moins pourvue en ressources m&eacute;dicales fait en sorte que tous les acteurs du milieu de la sant&eacute; adh&egrave;rent &agrave; cette initiative, assure la Dre Gagnon. &laquo; On est un petit milieu et on a appris &agrave; travailler ensemble pendant la pand&eacute;mie, &agrave; se faire confiance. &raquo; Annonc&eacute; le printemps dernier, le projet s&rsquo;inscrit dans le cadre du programme de recherche-action Bien vieillir chez soi, mis en place par un comit&eacute; r&eacute;gional regroupant des partenaires des secteurs de la sante&#769;, de la recherche et du monde municipal du Bas-Saint-Laurent. &Agrave; lire aussi : Mal soign&eacute; ? Sachez quels sont vos recours !

Médecin à domicile: un service peu accessible

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