Comment éviter les pièges du marketing à l’épicerie ?

Sommaire de l&rsquo;article Des formats plus petitsBaisse de la qualit&eacute; des ingr&eacute;dientsLes mirages du halo sant&eacute;Attention aux achats impulsifsLes enfants aussi sont cibl&eacute;sDes offres de plus en plus personnalis&eacute;es Prix, ingr&eacute;dients, positionnement&hellip; Vous &ecirc;tes sceptique par rapport au marketing alimentaire ? Si oui, sachez que vous n&rsquo;&ecirc;tes pas la seule personne &agrave; le consid&eacute;rer d&rsquo;un &oelig;il critique ! &laquo; Le contrat moral entre l&rsquo;industrie et les consommateurs est un peu bris&eacute; &raquo;, estime Sylvain Charlebois, professeur et directeur principal du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l&rsquo;Universit&eacute; Dalhousie, en Nouvelle-&Eacute;cosse.Non seulement les grandes banni&egrave;res affichent des profits records, mais le lien entre le marketing agressif des multinationales et la mont&eacute;e de maladies chroniques comme l&rsquo;ob&eacute;sit&eacute; est aussi de plus en plus &eacute;tabli. &laquo; Les aliments ultratransform&eacute;s, riches en gras satur&eacute;s, en sel ou en sucre, figurent parmi les moins chers sur nos tablettes d&rsquo;&eacute;picerie et sont souvent en promotion &raquo;, pointe Marie-Jeanne Rossier-Bisaillon, nutritionniste et charg&eacute;e des dossiers sur le marketing alimentaire au Collectif Vital (anciennement Coalition Poids).Histoire de vous aider &agrave; reprendre le contr&ocirc;le de votre panier d&rsquo;&eacute;picerie, nous d&eacute;cryptons quelques-unes des tactiques des manufacturiers et des d&eacute;taillants. Un consommateur averti en vaut deux !Des formats plus petitsLa r&eacute;duflation fait beaucoup parler d&rsquo;elle depuis deux ans. Contraction de &laquo; r&eacute;duction &raquo; et d&rsquo;&laquo; inflation &raquo;, cette strat&eacute;gie commerciale consiste &agrave; r&eacute;duire la quantit&eacute; d&rsquo;un produit de fa&ccedil;on subtile, sans baisser son prix. Pour que l&rsquo;illusion soit parfaite, les fabricants jouent sur l&rsquo;emballage, par exemple en y ajoutant du vide ou un double fond. Le cout de la r&eacute;duflation est donc financier, mais aussi environnemental, &agrave; cause du suremballage qui y est associ&eacute;.Jus d&rsquo;orange Tropicana, biscuits Oreo, barres tendres Chewy, cr&egrave;me glac&eacute;e H&auml;agen-Dazs, yogourt Libert&eacute;, des produits de tous les rayons sont touch&eacute;s. Jusqu&rsquo;&agrave; celui des produits frais, o&ugrave; la taille du casseau de fraises du Qu&eacute;bec est pass&eacute;e de 1 L &agrave; 750 ml. Sylvain Charlebois explique que le ph&eacute;nom&egrave;ne n&rsquo;a rien de nouveau, mais qu&rsquo;il a pris de l&rsquo;ampleur avec l&rsquo;augmentation du prix des ingr&eacute;dients, du transport et de la main-d&rsquo;&oelig;uvre.Est-ce acceptable ? &laquo; Il n&rsquo;y a pas de magie, fait valoir Pierre-Alexandre Blouin, pr&eacute;sident-directeur g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;Association des d&eacute;taillants en alimentation du Qu&eacute;bec (ADA). Quand on fabrique un produit, il faut essayer de refiler ses couts aux clients. Mais en m&ecirc;me temps, il ne faut pas sortir du march&eacute;. &raquo; Au lieu de gonfler les prix, ce qui provoquerait le m&eacute;contentement des consommateurs, les fabricants r&eacute;duisent subtilement les formats pour qu&rsquo;ils n&rsquo;y voient que du feu.Chose certaine, cette pratique manque de transparence. &laquo; La r&eacute;duflation reste un sujet tr&egrave;s tabou dans l&rsquo;industrie &raquo;, t&eacute;moigne Sylvain Charlebois, qui y voit pourtant des vertus en mati&egrave;re de pr&eacute;vention du gaspillage alimentaire. Contrairement au Br&eacute;sil, le Canada n&rsquo;oblige pas les industriels &agrave; annoncer une baisse de format. La vaste majorit&eacute; d&rsquo;entre eux s&rsquo;abstient donc de le faire.Les r&eacute;seaux sociaux, qui permettent aux utilisateurs de partager entre eux leurs observations, pourraient finir par changer la donne. En attendant, &agrave; vous d&rsquo;ouvrir l&rsquo;&oelig;il, sans quoi vous en obtiendrez moins pour votre argent ! D&rsquo;autant qu&rsquo;apr&egrave;s sa cure d&rsquo;amincissement, le produit pourrait se retrouver assujetti aux taxes. C&rsquo;est le cas des pots de cr&egrave;me glac&eacute;e de moins de 500 ml et des assortiments de collations de moins de six portions individuelles.Pour faire le bon choix : au Qu&eacute;bec, la Loi sur la protection des consommateurs oblige les d&eacute;taillants &agrave; indiquer le cout par 100 g ou 100 ml pour vous permettre de comparer facilement les prix. Ainsi, le produit avec la valeur faciale la plus &eacute;lev&eacute;e pourrait bien se r&eacute;v&eacute;ler la meilleure affaire. Vous pouvez aussi consulter la base de donn&eacute;es de Radio-Canada, dans laquelle sont recens&eacute;s des dizaines de produits dont le format a r&eacute;cemment diminu&eacute;. Enfin, recherchez les marques maison, souvent les derni&egrave;res &agrave; recourir &agrave; la r&eacute;duflation.Baisse de la qualit&eacute; des ingr&eacute;dientsConnaissez-vous la d&eacute;qualiflation ? Le terme provient de la contraction des mots &laquo; qualit&eacute; &raquo; et &laquo; inflation &raquo;, pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e par le pr&eacute;fixe &laquo; d&eacute; &raquo;, qui signifie &laquo; contraire &raquo;. Cette strat&eacute;gie consiste &agrave; reformuler un produit pour diminuer son cout de production.Selon Isabelle Marquis, nutritionniste et sp&eacute;cialiste en marketing alimentaire, &laquo; modifier un produit transform&eacute; est une pratique courante, et m&ecirc;me n&eacute;cessaire &raquo;. Un tel aliment contient en g&eacute;n&eacute;ral de 5 &agrave; 20 ingr&eacute;dients. Leur changement est souvent li&eacute; &agrave; des raisons techniques, par exemple lorsque des avanc&eacute;es scientifiques permettent de supprimer un additif.Dans la situation inflationniste actuelle, les motivations &eacute;conomiques sont toutefois pr&eacute;pond&eacute;rantes. Les fabricants remplacent un ingr&eacute;dient plus cher par un substitut plus accessible. Par exemple, dans les p&acirc;tisseries, ils r&eacute;duisent la quantit&eacute; de beurre, dont le prix a explos&eacute;, et compensent par des huiles v&eacute;g&eacute;tales.&laquo; L&rsquo;id&eacute;e n&rsquo;est pas de tromper les consommateurs, dit Isabelle Marquis. Pour certains fabricants, c&rsquo;est carr&eacute;ment une voie de survie, et pour d&rsquo;autres, c&rsquo;est simplement une voie d&rsquo;innovation et d&rsquo;am&eacute;lioration du produit. &raquo;Sylvain Charlebois ajoute que les entreprises peuvent aussi se voir forc&eacute;es de reformuler leurs produits en raison de nouveaux r&egrave;glements. &Agrave; partir de janvier 2026, les aliments dont la teneur en gras satur&eacute;s, en sucre ou en sodium atteint ou d&eacute;passe 15 % de la valeur quotidienne recommand&eacute;e vont devoir apposer un avertissement sur le devant de leur emballage. &laquo; Il va y avoir beaucoup de reformulations de produits, pr&eacute;voit l&rsquo;&eacute;conomiste, et beaucoup de d&eacute;qualiflation aussi, parce qu&rsquo;on va r&eacute;duire le sucre, le sel, le gras, et probablement utiliser des ingr&eacute;dients moins chers. &raquo;Pour faire le bon choix : la texture ou le gout d&rsquo;un aliment que vous achetez r&eacute;guli&egrave;rement vous semble diff&eacute;rents ? Les changements &eacute;ventuels dans sa composition sont difficiles &agrave; d&eacute;terminer, &agrave; moins de comparer l&rsquo;information nutritionnelle du nouvel emballage avec celle de l&rsquo;ancien. Malgr&eacute; tout, la t&acirc;che pourrait se r&eacute;v&eacute;ler ardue : la liste des ingr&eacute;dients est class&eacute;e par ordre d&eacute;croissant de poids, sans pr&eacute;cision de la quantit&eacute; exacte. Le fabricant pourrait donc r&eacute;duire l&eacute;g&egrave;rement la pr&eacute;sence d&rsquo;un ingr&eacute;dient et augmenter la concentration d&rsquo;un autre sans changer l&rsquo;&eacute;tiquette si l&rsquo;ordre d&rsquo;importance reste le m&ecirc;me. Il n&rsquo;est pas toujours oblig&eacute; de modifier le tableau de valeur nutritive non plus, puisque l&rsquo;Agence canadienne d&rsquo;inspection des aliments applique une marge de tol&eacute;rance de 20 % &agrave; certains &eacute;l&eacute;ments nutritifs.Les mirages du halo sant&eacute;Autre strat&eacute;gie utilis&eacute;e pour influencer ce que vous mangez : l&rsquo;effet de halo, un biais cognitif consistant &agrave; favoriser une g&eacute;n&eacute;ralisation erron&eacute;e &agrave; partir d&rsquo;une seule qualit&eacute;. &laquo; Cela arrive particuli&egrave;rement souvent avec les produits ultratransform&eacute;s, rel&egrave;ve Isabelle Marquis. Le fabricant essaie de trouver un attribut positif pour faire tomber vos barri&egrave;res. &raquo;Et &ccedil;a marche ! La capacit&eacute; du halo sant&eacute; &agrave; influencer la perception des aliments et les choix de consommation a &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute;e par la recherche. Lors d&rsquo;une &eacute;tude de l&rsquo;Universit&eacute; de Toronto, les participantes ont mang&eacute; 35 % plus de biscuits &agrave; l&rsquo;avoine lorsqu&rsquo;ils &eacute;taient pr&eacute;sent&eacute;s comme une collation saine plut&ocirc;t que comme un gouter gourmand.Certaines all&eacute;gations sont strictement encadr&eacute;es par Sant&eacute; Canada. C&rsquo;est le cas de la teneur en nutriments des aliments : une &laquo; bonne source &raquo; de vitamines ou de min&eacute;raux doit fournir au moins 15 % de l&rsquo;apport journalier recommand&eacute;, et une &laquo; excellente source &raquo;, au moins 25 %. &laquo; Ces all&eacute;gations ne garantissent pas pour autant que le produit dans son ensemble est bon pour la sant&eacute; &raquo;, avertit Marie-Jeanne Rossier-Bisaillon. Ajouter des vitamines et des min&eacute;raux &agrave; des c&eacute;r&eacute;ales &agrave; d&eacute;jeuner ultra-sucr&eacute;es n&rsquo;en fait pas subitement une option saine !D&rsquo;autres mentions ne sont soumises &agrave; aucune r&egrave;glementation. Elles incluent des termes comme &laquo; authentique &raquo;, &laquo; naturel &raquo; ou &laquo; sain &raquo;, des mentions floues comme &laquo; bon pour la sant&eacute; &raquo;, et des logos cr&eacute;&eacute;s par les industriels eux-m&ecirc;mes, par exemple &laquo; sucr&eacute; sens&eacute; &raquo;, de Kellogg&rsquo;s, et &laquo; meilleur choix &raquo;, de Dare. &laquo; Ces all&eacute;gations peuvent &ecirc;tre trompeuses et ne fournissent pas toujours de l&rsquo;information utile. Il ne faut pas s&rsquo;y fier lorsqu&rsquo;on choisit ses aliments &raquo;, mentionne le site de Sant&eacute; Canada.De plus, les experts du marketing jouent avec les mots pour vous s&eacute;duire. Si, sur la boite de c&eacute;r&eacute;ales Sugar Crisp, on mentionne &laquo; un soup&ccedil;on de miel &raquo;, cela ne signifie pas que le produit est peu sucr&eacute;, mais qu&rsquo;il contient une infime quantit&eacute; de miel !&laquo; Une autre tactique courante consiste &agrave; d&eacute;tourner votre attention avec une mention qui n&rsquo;est d&rsquo;aucune pertinence pour le produit dont il est question &raquo;, ajoute Isabelle Marquis. C&rsquo;est le cas lorsque l&rsquo;all&eacute;gation &laquo; sans gluten &raquo; se retrouve sur les boissons hydratantes Prime. Qui s&rsquo;attend &agrave; trouver des traces de c&eacute;r&eacute;ales dans une boisson pour sportifs ?Pour faire le bon choix : demandez-vous si la valeur ajout&eacute;e propos&eacute;e est pertinente pour vous. Reportez-vous au tableau de valeur nutritive et &agrave; la liste d&rsquo;ingr&eacute;dients pour v&eacute;rifier la pertinence des all&eacute;gations. Lorsque la liste d&rsquo;ingr&eacute;dients est longue et que vous ne connaissez pas ses premiers composants, prudence ! Consommez le plus possible des aliments peu transform&eacute;s, comme des l&eacute;gumes, des fruits, des l&eacute;gumineuses, des noix, des &oelig;ufs, de la viande et du lait.Attention aux achats impulsifsTaille des paniers, produits en promotion, odeurs all&eacute;chantes de pain frais et de poulet r&ocirc;ti pr&eacute;par&eacute;s sur place, positionnement des aliments sur les tablettes ou en bout de rang&eacute;e, pr&eacute;sentoirs &eacute;ph&eacute;m&egrave;res... &laquo; Rien n&rsquo;est laiss&eacute; au hasard, souligne la sp&eacute;cialiste du marketing alimentaire Isabelle Marquis. En point de vente, tout est finement orchestr&eacute; pour attirer votre attention sur un maximum de produits et susciter un besoin ou une envie. &raquo;La plupart des aliments mis sur votre chemin pour vous emp&ecirc;cher de vous d&eacute;placer en ligne droite sont en promotion. Vous ne l&rsquo;aviez pas sur votre liste et n&rsquo;en avez pas particuli&egrave;rement besoin, mais le prix a &eacute;t&eacute; baiss&eacute;, donc pourquoi ne pas faire des r&eacute;serves ? &laquo; Il y a souvent de bonnes affaires &agrave; r&eacute;aliser, mais attention au gaspillage et &agrave; la surconsommation &raquo;, pointe Isabelle Marquis.Jordan LeBel, professeur titulaire en marketing alimentaire &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole de gestion John-Molson de l&rsquo;Universit&eacute; Concordia, explique que lorsqu&rsquo;un d&eacute;taillant propose une promotion du type deux pour un, c&rsquo;est parce que son stock est trop &eacute;lev&eacute;. Reste &agrave; savoir si vous serez capable de consommer un deuxi&egrave;me pot de beurre d&rsquo;arachide avant sa date de p&eacute;remption. Quant aux promotions crois&eacute;es, elles vous proposent une r&eacute;duction sur un produit compl&eacute;mentaire, comme des pains &agrave; hotdog &agrave; l&rsquo;achat d&rsquo;un paquet de saucisses. Mais vous en faut-il vraiment ?Pour vous faire acheter plus, les supermarch&eacute;s essaient aussi de combler l&rsquo;ensemble des besoins li&eacute;s &agrave; une occasion. Ce n&rsquo;est pas par hasard que l&rsquo;aneth et le citron sont dispos&eacute;s &agrave; c&ocirc;t&eacute; du saumon.Plusieurs commerces vous forcent &agrave; zigzaguer &agrave; travers des &eacute;talages de bonbons, de croustilles et de boissons sucr&eacute;es avant de payer. &laquo; Lorsque vous &ecirc;tes arr&ecirc;t&eacute; pr&egrave;s des caisses, vous avez plus de chances de voir un article que si vous passez &agrave; toute vitesse dans le rayon &raquo;, fait valoir Pierre-Alexandre Blouin, de l&rsquo;ADA.&laquo; Les caisses sont un endroit tr&egrave;s pris&eacute; par l&rsquo;industrie alimentaire, parce que c&rsquo;est un lieu qui encourage les achats impulsifs &raquo;, croit Marie-Jeanne Rossier-Bisaillon, du Collectif Vital. L&rsquo;organisme milite pour que le Qu&eacute;bec y interdise les produits &agrave; faible valeur nutritive, &agrave; l&rsquo;instar du Royaume-Uni et de la ville de Berkeley, en Californie.Pour faire le bon choix : pr&eacute;parez votre liste, en essayant de pr&eacute;voir vos repas, avant de vous d&eacute;placer en &eacute;picerie. &laquo; &Eacute;vitez de faire votre &eacute;picerie le ventre vide &raquo;, conseille Jordan LeBel, qui souligne que les produits pr&eacute;par&eacute;s sont encore plus all&eacute;chants lorsqu&rsquo;on a faim. &laquo; Affranchissez-vous de la peur de passer &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une aubaine habilement &eacute;labor&eacute;e par les experts en marketing &raquo;, ajoute Isabelle Marquis. Non seulement elles reviennent de plus en plus souvent, mais en plus, elles sont en rotation d&rsquo;un d&eacute;taillant &agrave; l&rsquo;autre.Les enfants aussi sont cibl&eacute;sDepuis plus de 40 ans, la Loi sur la protection du consommateur interdit la publicit&eacute; ciblant les enfants de moins de 13 ans au Qu&eacute;bec. Certaines exceptions, comme les vitrines, les &eacute;talages et les emballages, font cependant en sorte qu&rsquo;ils n&rsquo;en sont pas compl&egrave;tement prot&eacute;g&eacute;s.Le Portrait qu&eacute;b&eacute;cois de la publicit&eacute; alimentaire aux enfants, r&eacute;alis&eacute; par le Collectif Vital en 2019, a trouv&eacute; 469 emballages de produits alimentaires les ciblant. Pas moins de 90 % de ceux-ci sont riches en sucre, en gras satur&eacute;s ou en sel. Les collations, les c&eacute;r&eacute;ales, les produits laitiers, les boissons sucr&eacute;es et les desserts glac&eacute;s repr&eacute;sentent les cat&eacute;gories au marketing le plus agressif.Plus de la moiti&eacute; de ces emballages affichent une mascotte appr&eacute;ci&eacute;e des petits, comme les personnages de Disney ou de la Pat&rsquo;Patrouille, et plusieurs compagnies alimentaires ont recours &agrave; des s&eacute;ries limit&eacute;es de produits, pour souligner une f&ecirc;te ou un nouveau film par exemple.Tout est con&ccedil;u pour capter le regard des enfants. Les marques vont r&eacute;server des tablettes &agrave; la hauteur de leurs yeux pour ces produits, utiliser des pr&eacute;sentoirs attirants (en forme d&rsquo;autobus ou avec des personnages Minions) ou multiplier les vari&eacute;t&eacute;s. Le Collectif Vital a r&eacute;pertori&eacute; 11 sortes de craquelins Goldfish en forme de petits poissons et 15 types de biscuits tendres Pattes d&rsquo;ours.&laquo; Nos &eacute;piceries regorgent de publicit&eacute;s destin&eacute;es aux enfants &raquo;, indique Marie-Jeanne Rossier-Bisaillon. Or, la science d&eacute;montre que le niveau de d&eacute;veloppement cognitif de ces derniers ne leur permet pas de faire la distinction entre divertissement et publicit&eacute;, et que celle-ci influence leurs pr&eacute;f&eacute;rences alimentaires.L&rsquo;&eacute;picerie, qui constitue pourtant une occasion de transmettre des connaissances alimentaires aux petits, devient donc un combat pour de nombreux parents. &laquo; Le gouvernement doit prot&eacute;ger les enfants des int&eacute;r&ecirc;ts des g&eacute;ants de l&rsquo;industrie alimentaire &raquo;, affirme la charg&eacute;e de projets. Un projet de loi f&eacute;d&eacute;rale pour encadrer la publicit&eacute; leur &eacute;tant destin&eacute;e est &agrave; l&rsquo;&eacute;tude, et le Collectif Vital milite pour qu&rsquo;il englobe toute celle qu&rsquo;on retrouve au point de vente.Pour faire le bon choix : cuisiner avec votre enfant, remplir votre panier de fruits et de l&eacute;gumes au supermarch&eacute; et expliquer votre d&eacute;cision lorsque votre petit vous r&eacute;clame un produit ultratransform&eacute;, voil&agrave; autant de bons r&eacute;flexes &agrave; acqu&eacute;rir. Vous pouvez aussi d&eacute;noncer des publicit&eacute;s qui semblent contrevenir &agrave; la loi.Des offres de plus en plus personnalis&eacute;esToutes les grandes banni&egrave;res, et la plupart des petits d&eacute;taillants, proposent un programme de fid&eacute;lit&eacute;. Provigo, Loblaws et Maxi font partie de PC Optimum. Metro et Super C participent au nouveau programme Moi. IGA est partenaire de Sc&egrave;ne+. Tous vous permettent d&rsquo;accumuler des points, que vous pouvez ensuite &eacute;changer contre des produits gratuits, des remises en argent ou des aubaines cibl&eacute;es selon vos gouts.Vous &ecirc;tes nombreux &agrave; utiliser ces programmes de fid&eacute;lit&eacute; pour &eacute;conomiser en p&eacute;riode d&rsquo;inflation. Selon un rapport de l&rsquo;Universit&eacute; Dalhousie de 2022, 34 % des Canadiens ont utilis&eacute; les points d&rsquo;un programme de fid&eacute;lit&eacute; pour payer leurs courses au cours des 12 derniers mois.Du c&ocirc;t&eacute; des d&eacute;taillants, le v&eacute;ritable objectif est de r&eacute;cup&eacute;rer vos donn&eacute;es pour mieux vous connaitre. Charles de Brabant, directeur g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;&Eacute;cole Bensadoun de commerce au d&eacute;tail &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; McGill, souligne que les algorithmes se sont &eacute;norm&eacute;ment d&eacute;velopp&eacute;s ces derni&egrave;res ann&eacute;es, au point que le distributeur pourrait, par exemple, savoir que vous &ecirc;tes enceinte avant tout le monde en voyant votre consommation de cr&egrave;me glac&eacute;e &agrave; la fraise exploser.Vous en avez conscience, et vous y consentez, du moment que cela vaut le cout pour vous ! Selon un rapport de l&rsquo;Universit&eacute; Dalhousie, pr&egrave;s de la moiti&eacute; (43 %) des Canadiens sont pr&ecirc;ts &agrave; communiquer leurs donn&eacute;es personnelles pour obtenir une r&eacute;duction de 10 % &agrave; l&rsquo;&eacute;picerie, et pr&egrave;s des deux tiers (65 %) pour s&rsquo;en voir offrir une de 15 %. Selon Sylvain Charlebois, les r&eacute;ductions r&eacute;ellement obtenues seraient moins &eacute;lev&eacute;es que celles attendues.Le marketing num&eacute;rique permet aux fabricants de mettre au point d&rsquo;autres tactiques sur mesure, comme la publicit&eacute; comportementale. Celle-ci consiste &agrave; vous montrer des publicit&eacute;s adapt&eacute;es en fonction de vos donn&eacute;es personnelles et de votre historique de navigation. &laquo; On reproche aux grandes marques de nous influencer de tout bord, commente Isabelle Marquis. C&rsquo;est une r&eacute;alit&eacute; : ce sont les seules &agrave; avoir les moyens financiers d&rsquo;acqu&eacute;rir vos donn&eacute;es. &raquo;Que faire pour renverser le rapport de force entre vous et les fabricants ? Vous pourriez effectuer vos recherches sur les produits alimentaires qui vous int&eacute;ressent plut&ocirc;t que vous contenter de cliquer sur les publicit&eacute;s de votre fil d&rsquo;actualit&eacute;. Il vous faudra d&eacute;terminer les sources d&rsquo;information fiables et d&eacute;crypter le recours aux influenceurs, des personnes disposant d&rsquo;un large auditoire sur leurs plateformes de m&eacute;dias sociaux, qui se servent de leur exposition pour promouvoir des marques. Selon le Code canadien des normes de la publicit&eacute;, toute publication commandit&eacute;e doit &ecirc;tre associ&eacute;e &agrave; un mot-clic tel que #publicit&eacute; ou #partenariat.Autre suggestion : utilisez les pages Facebook ou Instagram des entreprises pour leur donner votre opinion sur leurs produits ou exprimer vos attentes en mati&egrave;re d&rsquo;innovation. &laquo; Ne restez plus juste dans une position d&rsquo;influenc&eacute;; soyez aussi influenceur pour faire partie de la discussion, conclut Isabelle Marquis. Les fabricants ne demandent qu&rsquo;&agrave; vous offrir quelque chose qui vous plait ! &raquo; Qui sait ? Cette nouvelle attitude pourrait peut-&ecirc;tre mener &agrave; une r&eacute;invention du lien entre l&rsquo;industrie et les consommateurs.Pour faire le bon choix : adh&eacute;rez aux programmes de fid&eacute;lit&eacute; des d&eacute;taillants chez lesquels vous magasinez le plus, et d&eacute;pensez vos points au fur et &agrave; mesure que vous les accumulez pour &eacute;viter que leur valeur ne soit revue &agrave; la baisse avant leur utilisation. Mettez &agrave; profit le caract&egrave;re interactif des m&eacute;dias sociaux, en formulant directement vos encouragements, critiques et attentes aux fabricants. &Agrave; lire aussi : Manger local : comment reconnaitre les vrais produits du Qu&eacute;bec

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