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Surmonter le mal des transports

Par Marie-Paule Primeau
Surmonter le mal des transports Nicoleta Ionescu/Shutterstock.com

Les déplacements en voiture, en train, en avion ou en bateau vous donnent le tournis ? Vous souffrez sans doute du mal des transports, aussi appelé cinétose. S’il n’existe pas de traitement pour y remédier, il est possible de réduire l’intensité des maux de tête, des nausées et des autres désagréments qu’il provoque. Voici des trucs qui pourront améliorer la qualité de vos vacances.

Francis souffre du mal des transports depuis son enfance. Chaque déplacement en voiture est un supplice pour lui. Le malaise qui l’assaille se fait de plus en plus envahissant, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. La nausée ressentie devient alors insupportable, et il doit demander au conducteur d’arrêter la voiture pour faire une pause, sinon, il vomit. 

Heureusement, plusieurs trucs appris au fil du temps l’aident. « Je dois toujours regarder vers l’avant pour voir où la voiture s’en va, anticiper les mouvements, les virages et les freinages. Mon cerveau doit avoir le temps de voir venir et de s’adapter. Je ne regarde donc jamais mes pieds, mon cellulaire ou autre chose. » 

Véritable handicap, la cinétose perturbe les déplacements de nombre d’entre nous. En voiture, environ 27 % des adultes et 43 % des enfants en souffrent

Comprendre le mal des transports 

À ce jour, aucune cause connue n’explique le mal des transports, ce qui implique qu’il n’existe aucun traitement. L’hypothèse qui prédomine actuellement dans le milieu scientifique est qu’il y a une discordance dans le traitement par le cerveau des informations sensorielles provenant de trois systèmes physiologiques : le visuel, le proprioceptif et le vestibulaire. 

Pour assurer l’équilibre d’une personne immobile dont le corps perçoit un mouvement dans un moyen de transport, le cerveau collige des informations provenant notamment de ces trois sources, telles que décrites par Balance & Dizziness Canada. En temps normal, les informations traitées devraient être cohérentes. Lorsque le cerveau n’arrive pas à comprendre les données contradictoires perçues et qu’il n’accorde pas une importance équilibrée aux différents stimulus, il y a un conflit sensoriel. La personne ressent alors des symptômes de malaise. 

Vinh Tang, directeur clinique et physiothérapeute chez PhysioExtra, décrit cette théorie comme suit : « Les informations reçues par le cerveau sont discordantes ; c’est comme une chicane de famille : tout le monde a son opinion, et on n’arrive pas à s’entendre pour prendre une décision commune. »

Pourquoi des gens en souffrent et d’autres, non ? « Le cerveau de certaines personnes accorde plus ou moins d’importance à chacun des systèmes sensoriels. Le mal des transports est donc une mauvaise adaptation du poids accordé aux différents sens, sans que la personne en soit consciente », explique Karina Moïn-Darbari, doctorante en audiologie à l’Université de Montréal. 

Les symptômes du mal des transports

Les symptômes de la cinétose sont multiples. Ils apparaissent habituellement au début du mouvement, s’intensifient au fur et à mesure qu’il perdure et s’atténuent jusqu’à disparaitre une fois qu’il est terminé. Karina Moïn-Darbari définit le mal des transports comme un malaise ressenti, un sentiment de ne pas être bien, de se sentir nauséeux. 

Certaines personnes ressentent un inconfort gastrique, comme si leur estomac était plein et gonflé ou si une boule s’y logeait. D’autres vont transpirer et être étourdies, selon l’expérience clinique du Dr René Wittmer, médecin de famille. 

Un groupe international d’experts réuni par la Société Bárány a convenu de critères diagnostiques pour définir le mal des transports : nausée ou gêne gastro-intestinale, dérégulation thermique (sueurs, sueurs froides, moiteur, pâleur, etc.), altération de l’énergie (fatigue, somnolence, trouble de concentration, etc.), étourdissements et vertiges, et maux de tête ou oculaires (vision trouble, mal aux yeux, etc.). Ces symptômes conduisent habituellement aux vomissements. Dans les cas les plus graves, l’intensité de ceux-ci peut mener à la déshydratation. 

Toutes les personnes atteintes de cinétose ne sont pas affectées de la même manière ; certaines sont plus susceptibles d’être mal en point selon le mode de transport utilisé et l’intensité du mouvement ressenti. Comme tout déplacement peut vite devenir pénible, une gestion en amont et pendant le voyagement est nécessaire. Voici un tour d’horizon des principales recommandations des experts consultés pour gérer votre mal des transports ou celui d’un proche. Elles s’appliquent autant aux enfants qu’aux adultes. 

Les stratégies non médicamenteuses 

Il existe de nombreux trucs à votre portée, mais comme le mal des transports est un compagnon de voyage capricieux, un moyen qui fonctionnera à merveille chez une personne n’aura peut-être aucun effet chez une autre. 

Tous les intervenants s’entendent néanmoins sur les astuces efficaces les plus courantes. « Elles ne sont pas encore validées scientifiquement, mais elles sont cohérentes avec les principes neurophysiologiques pour s’orienter dans l’espace », dit Vinh Tang. 

En voici un résumé :

  • Mangez un repas léger environ une heure avant votre départ. 
     
  • Reposez-vous avant le déplacement, car la fatigue accroit le risque de cinétose. 
     
  • Choisissez le siège le plus stable du véhicule, c’est-à-dire le plus proche du sol dans un autobus s’il y a deux étages, le plus près de l’eau en bateau, et au-dessus des ailes en avion. Les mouvements sont moindres à ces endroits.
     
  • Conduisez. Le fait de contrôler le véhicule permet d’anticiper les mouvements, les accélérations, les freinages, les virages, etc.
     
  • Si vous ne conduisez pas, assoyez-vous sur le siège passager avant en voiture pour avoir le meilleur point de vue. Regardez l’horizon en fixant un point au loin pour voir l’entièreté du champ périphérique et aider à réduire les symptômes. Dans le cas d’un enfant, installez-le au centre de la banquette arrière pour qu’il puisse bien voir l’horizon. Ce conseil s’applique aussi aux voyages en autobus et en bateau. 
     
  • Ne lisez pas et ne regardez pas votre cellulaire ou tout objet fixe à proximité de vous, même pour un court moment. 
     
  • Évitez de boire de l’alcool, car cela altère le temps de réponse du système vestibulaire. 
     
  • Si possible, ne vous déplacez pas si la météo n’est pas clémente. Un temps orageux, venteux, turbulent ou houleux accentuera la force des mouvements. 
     
  • En train, choisissez un siège qui fait face à l’avant.
     
  • Suivez un programme d’habituation en physiothérapie. À long terme, les exercices d’exposition graduelle devraient accroitre la tolérance du système vestibulaire aux divers signaux transmis à votre cerveau.
     
  • Faites des pauses pour sortir de la voiture, marcher un peu et prendre une collation. 
     
  • Ouvrez la fenêtre du véhicule pour faire entrer de l’air frais ou installez-vous à l’extérieur (autobus touristique à deux étages, bateau), selon ce qui vous convient le mieux entre être dehors et bénéficier d’une plus grande stabilité en étant près du sol. 
     
  • Informez le conducteur de la voiture ou du bateau que vous avez le mal des transports. Prenez le temps de lui expliquer que tous les mouvements brusques font augmenter votre malaise. 
     
  • Évitez les odeurs désagréables et les parfums. 

Francis, en plus de suivre ces recommandations, utilise la digitoponcture, une technique de massothérapie qui provient de la médecine chinoise traditionnelle et suit les principes de l’acuponcture. Elle consiste à stimuler les points d’acuponcture par la pression des doigts sur des endroits précis du poignet, pour retarder l’apparition des symptômes et les atténuer. Il doit toutefois commencer avant le début de son déplacement. 

Un bracelet antinauséeux utilisant la même approche d’acupression existe. Son efficacité n’a cependant pas encore été prouvée. Mais puisqu’il ne provoque pas d’effets secondaires, pourquoi ne pas l’essayer ?

La médication

Avant de recommander un médicament contre le mal des transports, Sandra Vinet, pharmacienne propriétaire à Côteau-du-Lac, discute des options non pharmacologiques avec les gens qui la consultent. Si ces trucs sont insuffisants, la première option qu’elle préconise est le dimenhydrinate (Gravol), un antihistaminique qui traite le symptôme le plus courant de la cinétose : la nausée. 

Le dimenhydrinate agit rapidement, mais il induit de la somnolence. De plus, il doit être pris avec précaution par les personnes âgées. « Même s’il est en vente libre, le Gravol a des effets importants sur le cerveau, particulièrement sur celui des 65 ans et plus, qui sont très sensibles aux effets du médicament, car il peut causer de la confusion », soutient le Dr Wittmer. Ainsi, vous devriez vérifier s’il est contrindiqué pour vous, en tenant compte de votre état de santé, et vous assurer de respecter la posologie. 

On peut administrer cet antihistaminique aux enfants, en ajustant la dose en fonction de leur poids. Puisqu’il se trouve derrière le comptoir, adressez-vous au pharmacien pour l’obtenir. Ce dernier pourra vous informer de la bonne dose pour votre enfant. 

La médication a un effet plus rapide qu’une stratégie en physiothérapie. Cela dit, si vous ne tolérez pas le dimenhydrinate ou que vous n’aimez pas la somnolence, vous pouvez vous tourner vers la réadaptation de votre système vestibulaire afin d’accroitre sa tolérance à des stimulus contradictoires. « Les deux stratégies peuvent être complémentaires », dit Vihn Tang. 

Qu’en est-il des comprimés de gingembre commercialisé sous la marque Gravol ? « Ils semblent atténuer le mal des transports, bien qu’aucune étude concluante ne prouve à ce jour leur efficacité, dit Sandrine Vinet. Ça vaut quand même la peine de les essayer, car ils ne causent pas vraiment d’effets secondaires. » Le Dr Wittmer abonde dans le même sens et mentionne que certaines études stipulent que le gingembre faciliterait la vidange de l’estomac, ce qui réduirait les symptômes gastriques désagréables. 

Si votre mal des transports est très intense et qu’il vous incommode au point d’éviter certains déplacements, parlez-en à votre médecin. « Quand les gens décrivent des symptômes qui sortent de l’histoire classique du mal des transports ou si la personne a des symptômes sévères et qu’elle n’arrive pas à les soulager, ce sont de bonnes raisons pour consulter », conclut le Dr Wittmer.

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  • Par Raymond Gosselin
    21 juillet 2024

    J'aime beaucoup ces conceils. je part pour l'Autriche prochainement et le transport que je vais faire c'est auto, avion,autocar,train et bateau.

    Merci.

     1
  • Par Jacques Normand
    05 juillet 2025

    Il existe également des "patch" contre le mal des transport, disponibles en pharmacie. J'en ai fait l'essai et ça fonctionnait très bien, sans effet secondaire.