Le coût de l’amour : des chiffres qui en disent long

L’amour rend aveugle, paraît-il. Et dans certains cas, il appauvrit. Les familles reconstituées en savent quelque chose. Le Québec fait partie des lieux dans le monde où l’imposition pèse le plus lourd. En revanche, sur le plan fiscal, il est l’un des meilleurs endroits où vivre lorsque l’on élève seul ses enfants. Mais en faisant entrer quelqu’un dans sa vie, la donne change considérablement.

Vous n’y croyez pas ? Ce petit calcul réalisé par le planificateur financier et fiscaliste Jean-Philippe Vézina, de l’équipe de Jean-Maurice Vézina, vous convaincra.

Imaginons une personne monoparentale gagnant un salaire de 30 000 $ par année et ayant deux enfants de moins de six ans à sa charge. Ce chef de famille recevra 13 666 $ en Allocation canadienne pour enfants (ACE), 5987 $ en Allocation famille du provincial, en plus du crédit pour solidarité, de la prime au travail, du crédit pour TPS, etc. Au total, il pourra compter sur la somme rondelette de 23 744 $ supplémentaires dans son portefeuille. 

En rebâtissant un couple, les mesures sociofiscales dont il bénéficiait jusqu’ici vont diminuer considérablement. Admettons que le revenu familial grimpe à 130 000 $ en ajoutant le salaire du nouveau conjoint. Dans ce cas, l’ACE chute à 5428 $ et l’Allocation famille à 2026 $, et on peut aussi dire adieu aux crédits pour solidarité et TPS, de même qu’à la prime au travail. Au bout du compte, c’est une perte sèche de près de 17 000 $ (voir les calculs détaillés en fin de texte) !

Les conséquences financières varient en fonction des situations et des revenus, mais il y aura nécessairement un prix à payer. Bien sûr, le fait de vivre sous un même toit permet de faire des économies, car on peut partager plusieurs dépenses. Mais dans une famille recomposée, il n’est pas rare que chacun prenne en charge les frais relatifs à ses propres enfants. Dans ce cas, la chute radicale des allocations familiales fera très mal au budget.

Est-on conjoint fiscal oui ou non ?

Si vous êtes mariés ou unis civilement, vous serez automatiquement imposés en tant que conjoints fiscaux. Même chose si vous avez donné naissance ou adopté un enfant ensemble. Quant aux conjoints de fait, ils doivent vivre en relation conjugale depuis au moins 12 mois consécutifs avant que leur statut fiscal soit modifié.

Jean-Philippe Vézina prévient qu’être un conjoint fiscal ne signifie pas uniquement vivre sous un même toit. D’autres critères sont pris en considération. Par exemple, se présenter comme un couple à ses amis et ses proches, avoir un partage économique, participer à des activités ensemble, avoir des liens de fidélité, etc. Certains contribuables se sont fait prendre et ont dû payer ou rembourser des sommes rétroactivement pour avoir omis de déclarer leur statut de conjoints fiscaux aux ministères du Revenu.

En évaluant à l’avance la facture fiscale de la famille, vous pouvez toutefois mettre en place des stratégies qui vous aideront à réduire le revenu imposable – cotiser à un REER par exemple – et donc de contrebalancer les conséquences de ce changement de statut.

EXEMPLE DE CALCUL

Chef de famille monoparental, deux enfants de moins de six ans, revenu d’emploi de 30 000 $ par an

Couple, nouveau conjoint avec un revenu d’emploi de 100 000 $ par an
Revenu familial de 130 000 $

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