Récemment, un planificateur financier à qui je parle régulièrement dans le cadre de mes articles me confiait que l’une de ses clientes, dont il gère les actifs depuis de nombreuses années, lui a subitement retiré ce mandat. Lorsqu’il lui a demandé la raison de sa décision, elle lui a répondu que cela n’avait rien à voir avec la qualité de ses services, mais que, désormais, elle voulait gérer ses placements elle-même.
Pourquoi ? Parce qu’elle avait suivi les cours en ligne d’un finfluenceur ― contraction des termes « finances » et « influenceur » ― qui promettait d’obtenir des rendements mirobolants grâce à ses conseils. Précisons que les cours en question coûtaient fort cher, bien évidemment…
Cet exemple n’est pas unique. En fait, on voit de plus en plus de gens se tourner vers les finfluenceurs, qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Selon les statistiques, 41 % des Canadiens auraient recherché de l’information financière sur le web et près de 56 % d’entre eux ont de 18 à 34 ans. Il faut dire que les promesses sont alléchantes : qui ne voudrait pas voir ses économies doubler d’un coup de baguette magique, ou pouvoir arrêter de travailler à 50 ans et jouir d’une retraite dorée ?
Malheureusement, s’il existait une recette infaillible, nous serions déjà tous des millionnaires.
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Des communicateurs très convaincants
Devant ce phénomène grandissant, en collaboration avec la Chambre de la sécurité financière, Option consommateurs a conçu un webinaire pour mettre la population en garde. Les deux animateurs, le chroniqueur en finances personnelles et planificateur financier Fabien Major et la finfluenceuse et conseillère en sécurité financière Paola Hallé, expliquent comment repérer les pseudo-experts de la finance.
Tout d’abord, ces prétendus spécialistes cherchent à nous vendre du rêve et un mode de vie bling-bling qui peut séduire. « Or, ce ne sont pas nécessairement les gens les plus riches qui tombent dans le panneau, au contraire. Et ceux qui se laissent berner par leurs beaux discours vont perdre leurs économies durement gagnées », déplore Fabien Major.
Des réponses simplistes et parfois dangereuses
Très convaincants, les finfluenceurs ont l’art de donner des réponses simples, voire simplistes, à des questions complexes. Ils peuvent également recommander de ne pas déposer son argent à la banque ou d’éviter de confier ses placements à des conseillers financiers professionnels afin d’économiser les frais de gestion.
Ils sont aussi passés maîtres dans l’art de proposer des investissements à la mode : cryptomonnaie, intelligence artificielle, etc. « Il faut savoir que, lorsqu’on parle de tendances dans les réseaux sociaux, cela signifie que le train est passé et que les initiés ont déjà encaissé ! », prévient Fabien Major.
Quelque chose à vous vendre
Autre indice qui doit vous rendre prudent : les finfluenceurs ont quelque chose à vous vendre : des formations, des plateformes de placement en ligne ou des produits de placement exclusifs, par exemple. Ces soi-disant experts vivent généralement des commandites, guides, séminaires et cours qu’ils vous inciteront à suivre « pour faire fructifier votre argent ».
Pour sa part, un professionnel reconnu du domaine financier est payé à la commission ou perçoit des honoraires : sa rémunération est donc transparente.
« Il faut aussi se méfier des promesses spectaculaires, comme 15 ou 20 % de rendement. En finances, il n’y a pas de raccourci : sur les 200 dernières années, la moyenne du rendement de la bourse américaine a été de 9 %, il n’y a pas de miracle », précise Fabien Major, qui incite également à bien distinguer le racolage ou les opinions des informations fiables et vérifiées.
Ce conseiller est-il inscrit auprès de l’AMF ?
Il n’empêche que, pour élargir leur clientèle, certains professionnels peuvent avoir recours aux réseaux sociaux, comme le fait Fabien Major avec sa collègue Paola Hallé.
Ces fininfluenceurs fournissent alors des informations objectives et ponctuelles, et accordent de l’importance tant aux avantages qu’aux inconvénients d’un placement par exemple.
Ils ne dénigrent pas non plus les services et produits proposés par la concurrence, contrairement à ce que font régulièrement certains fininfluenceurs.
Et surtout, ils sont enregistrés auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ! Le premier réflexe à avoir est d’ailleurs de vérifier que la personne qui se proclame experte détient le permis nécessaire pour conseiller ou vendre des produits financiers. Pour cela, tapez son nom dans le Registre des entreprises et individus autorisés à exercer. Il n’y figure pas ? Attention danger !
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