Comme bien d’autres consommateurs, je n’ai plus d’argent liquide dans mon portefeuille et j’effectue tous mes achats avec ma carte de débit ou de crédit. Récemment, dans une pharmacie, j’ai d’ailleurs payé un maigre 4,85 $ avec ma carte de débit. Il y a deux ou trois ans à peine, j’aurais certainement utilisé un billet de banque… Les temps changent !
Or, chaque fois que nous nous servons du plastique en passant à une caisse, le commerçant paie des frais qui finissent par lui coûter cher… Et ça nous coûte de l’argent à nous aussi, en fin de compte !
Des frais d’interchange variables
Les transactions en argent comptant sont les moins onéreuses pour les détaillants, même si cela engendre quelques frais au niveau de la gestion, des dépôts et de la manipulation.
Sans surprise, « ce sont les paiements par cartes de crédit qui coûtent le plus cher aux commerçants », indique Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère budgétaire et juridique à Option consommateurs. Dans ce cas, il leur faut verser un certain pourcentage de la transaction en frais d’interchange. Ces frais sont variables en fonction des différents types de cartes, mais le taux moyen est de 1,4 %.
Toutefois, plus une carte offre d’avantages à son détenteur (points, remises, miles, etc.), plus ce taux grimpe. À noter que des frais sont aussi imposés pour les retours et remboursements, et qu’ils diffèrent également lorsqu’il s’agit d’un achat effectué en ligne.
Du côté d’Interac, le commerçant doit payer un montant fixe pour chaque transaction, et non un pourcentage du montant comme pour les cartes de crédit. Les frais d’interchange varient en fonction de différents facteurs, notamment le volume des opérations des marchands, puisque la structure tarifaire fonctionne par paliers (0,020 $ ; 0,025 $ ; 0,035 $ pour les paiements sans contact). Actuellement, il n’y a pas de frais d’interchange pour le service Débit Interac.
Pas de frais supplémentaires au Québec
Depuis octobre 2022, les commerçants canadiens peuvent facturer des frais supplémentaires à leurs clients qui paient leurs achats par cartes de crédit, en vertu du règlement d’un recours collectif contre Visa et Mastercard. Rassurez-vous, « cela ne concerne toutefois pas le Québec, où cette pratique est interdite par la Loi sur la protection du consommateur », mentionne Sylvie De Bellefeuille.
Il n’est pas possible non plus d’ajouter des frais pour les paiements par cartes de débit. La loi précise que les prix annoncés par les marchands doivent inclure toutes les sommes que le consommateur devra débourser pour obtenir ce bien ou ce service, à l’exclusion des taxes de vente qui, elles, peuvent être ajoutées à la caisse.
Un détaillant pourrait toutefois imposer un montant minimal pour accepter le paiement par carte de débit ou de crédit, du moment que cette exigence est clairement annoncée. En revanche, rien ne l’empêche d’accorder un rabais aux clients qui utilisent de l’argent comptant. Mais, en ce qui me concerne, je n’ai jamais vu ce type de pratique.
Des taux plus élevés qu’ailleurs
Il faut savoir que le Canada est l’un des pays les plus mal lotis en ce qui concerne les frais d’interchange applicables aux transactions par cartes de crédit. Une situation que les conseils de commerce de détail, tant au niveau provincial que fédéral, dénoncent depuis des années.
Les taux actuellement en vigueur sont bloqués jusqu’en 2025 et des voix s’élèvent pour exhorter le gouvernement à agir et négocier ce taux à la baisse, comme cela se fait dans d’autres pays. En Australie, par exemple, il est plafonné à 0,5 % de la valeur de la transaction, et même à 0,3 % en Europe !
Cela serait non seulement bénéfique pour les commerçants, mais aussi pour les consommateurs, en particulier en cette période de forte inflation.
Car, comme l’indique Sylvie De Bellefeuille, « les frais d’interchange sont répercutés dans les prix pratiqués par les commerçants ». Et lorsqu’on utilise toujours de l’argent comptant, même si cela ne génère que peu de frais pour le marchand, on finit par payer pour ceux qui effectuent leurs transactions avec leurs cartes de crédit.