Des conseils pour réduire votre anxiété financière

Emmanuelle Gril | 27 février 2024, 10h36

Êtes-vous préoccupé par vos finances ? Si oui, sachez que vous n’êtes pas seul.

Un récent sondage mené par Léger pour le compte de Centraide du Grand Montréal révèle qu’un Québécois sur deux vit de l’anxiété face à sa situation financière, et qu’un sur trois aime mieux ne pas y penser… Se mettre la tête dans le sable est loin d’être une solution, mais on peut comprendre qu’en cette période d’incertitude économique et de récession annoncée, on opte parfois pour l’aveuglement volontaire.

J’avoue qu’entre l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, je préfère, moi aussi, regarder ailleurs et espérer des lendemains meilleurs. Si l’épargne pour ma retraite est un enjeu, je suis également préoccupée pour mes filles, deux jeunes adultes. Je me demande si elles seront en mesure de devenir un jour propriétaires ou même de se loger à un prix raisonnable. Beaucoup d’autres parents dans mon entourage partagent la même inquiétude. Sans surprise, le coup de sonde de Léger mentionne aussi que le niveau d’anxiété financière est particulièrement élevé chez les 18-34 ans (62 %), un pourcentage en hausse par rapport à l’an dernier.

Le stress, source de mauvaises décisions

Est-il possible d’échapper à ce pessimisme ambiant ? Léa Saadé, vice-présidente régionale, gestion de patrimoine à la Financière des professionnels, remet d’abord les choses en perspective. « Un peu de stress n’est pas mauvais en soi, assure-t-elle. Cela nous pousse à réfléchir et à agir. »

Là où le bât blesse, c’est lorsque l’anxiété nous amène à poser des gestes irréfléchis et à prendre des décisions qui s’avéreront néfastes pour nos finances. À preuve, les mouvements de panique lorsque les marchés boursiers sont en baisse et que les investisseurs retirent leurs placements, croyant éviter le pire. Or, s’ils avaient attendu que le vent tourne, ils auraient sans doute bénéficié du rebond boursier au lieu d’essuyer des pertes.

Le décaissement précipité des REER pour combler un manque à gagner est un autre exemple de décision à éviter autant que possible. À fuir également : les recettes soi-disant miraculeuses proposées par les finfluenceurs sur le web et les conseils pas toujours avisés du beau-frère… On pense faire un coup d’argent et, au bout du compte, on risque fort d’y laisser ses économies.

Trouver des mécanismes pour se rassurer

Alors, comment contrer efficacement l’anxiété et éviter de perdre des plumes ? Léa Saadé affirme qu’il faut avant tout trouver des mécanismes pour se rassurer. « On commence par s’informer afin d’améliorer sa littératie financière. C’est essentiel pour mieux comprendre et y voir plus clair », dit-elle. Le site d’ÉducÉpargne est un excellent point de départ, mais de nombreuses autres ressources fiables sont disponibles en ligne.

Étape suivante : le budget (oui encore lui !). Plusieurs grilles sont accessibles sur le web, et certains modèles sont interactifs. On n’y échappe pas, c’est un incontournable, car même si, habituellement, on sait quels sont nos revenus et le montant de nos dépenses fixes, on n’a qu’une idée assez vague des dépenses variables (épicerie, loisirs, vêtements, sorties, activités sportives, etc.). « Ce sont celles qui sont les plus faciles à réduire. Ce faisant, on amorce la constitution d’un fonds d’urgence, une autre excellente façon de réduire l’anxiété financière », conseille Léa Saadé. Idéalement, ce fonds devrait contenir l’équivalent de trois à six mois de dépenses courantes. Pour faciliter sa mise en place, on privilégie l’épargne systématique avec des virements automatiques vers un compte distinct de notre compte bancaire courant, à chaque paye par exemple. Même un montant de quelques dizaines de dollars finira par faire des petits.

Pour s’assurer que notre budget tient la route, on le met à jour au moins une fois par trimestre et chaque fois qu’un changement important survient dans notre vie (nouvel emploi, arrivée d’un enfant, chômage, etc.)

« Pour tirer notre épingle du jeu et faciliter la réalisation de nos projets, on devrait également utiliser les outils d’épargne spécifiques qui sont mis à notre disposition, le CELIAPP pour l’achat d’une maison par exemple », mentionne Léa Saadé. Pour devenir propriétaire, cotiser à ses REER pour ensuite utiliser le Régime d’accession à la propriété (RAP) est une autre option. Le REER est d’ailleurs un excellent régime pour constituer son pécule de retraite.

Enfin, de façon générale, l’experte recommande de ne pas hésiter à demander conseil à des professionnels. « Cela contribue à réduire le stress financier tout en nous aidant à atteindre nos objectifs et à prendre de meilleures décisions financières », conclut-elle. Prenons les choses en main et chassons l’anxiété !

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