Est-ce le bon moment pour refinancer votre hypothèque?

Emmanuelle Gril | 17 avril 2025, 12h02

Les taux d’intérêt hypothécaires ont beaucoup baissé au cours des derniers mois. Devriez-vous refinancer votre hypothèque ?

Même si elle a pris une pause en avril 2025, la Banque du Canada a réduit son taux directeur de plusieurs points de pourcentage depuis l’an dernier. Au grand soulagement des propriétaires ayant une hypothèque à taux variable, le taux directeur est passé de 5 % en avril 2024 à 2,75 % actuellement, ce qui a permis de diminuer de façon appréciable les taux d’intérêt hypothécaires.

Mais ceux qui, comme moi, ont renouvelé leur prêt hypothécaire à taux fixe lorsque les conditions n’étaient guère favorables s’interrogent désormais sur la pertinence d’un refinancement. Si, dans mon cas, la réponse est négative en raison des frais que cela engendrerait en contrepartie d’une faible réduction de taux, cela pourrait toutefois être une option intéressante pour d’autres emprunteurs. Voici les éléments à considérer dans votre réflexion.

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Plusieurs facteurs à analyser

Mylène Grenier, courtière hypothécaire chez Multi-Prêts, mentionne que de nombreux clients se posent la question. Selon elle, pour savoir si le jeu en vaut la chandelle, il est nécessaire d’analyser divers facteurs.

D’abord, sachez qu’en procédant à un refinancement avant l’échéance de votre contrat, vous vous exposez à des frais sur remboursement anticipé si vous avez opté pour une hypothèque ouverte. « Demandez à votre institution à combien ces pénalités, qui varient d’un prêteur à l’autre, s’élèveraient dans votre cas », recommande Mylène Grenier. Les calculs diffèrent également selon le type de taux, fixe ou variable.

Votre hypothèque est ouverte ? Alors vous pourrez la renégocier sans vous exposer à ces frais. Toutefois, la flexibilité a un coût, puisque ce type de contrat affiche généralement des taux d’intérêt plus élevés que les contrats fermés.

D’autres montants sont aussi susceptibles de s’ajouter à la facture, comme les honoraires du notaire, les frais d’évaluation et éventuellement d’assurance titres. « Si vous changez d’institution bancaire, vous devrez obligatoirement repasser devant le notaire. Mais le prêteur hypothécaire pourrait le cas échéant rembourser ces honoraires et le coût de l’évaluation si vous remplissez les conditions requises », mentionne la courtière. Par exemple, les frais seront pris en charge à condition que votre prêt dépasse un certain seuil.

Parfois de belles économies en refinançant l’hypothèque

Au pire moment, les prêts hypothécaires à taux fixe sur cinq ans ont grimpé aux alentours de 7 %, alors qu’aujourd’hui, ils s’établissent à environ 4 % et moins. Une telle différence peut rapidement faire pencher la balance.

Par exemple, sur un solde hypothécaire de 300 000 $, un taux d’intérêt réduit de 7 % à 6 % représenterait une économie de 10 909 $ sur cinq ans. En passant de 6 à 5 %, on épargne 10 477 $, et 10 005 $ en glissant de 5 à 4 %. Par conséquent, une baisse d’un point génère une économie approximative de 2 000 $ par an.

« Si les pénalités de remboursement anticipé s’élèvent à 1 500 ou 1 800 $, le calcul est vite fait ! », déclare Mylène Grenier. À plus forte raison si les frais juridiques sont assumés par la nouvelle institution financière !

Dans le cas contraire, vous seriez sans doute plus avisé de patienter jusqu’à la fin de votre prêt hypothécaire et de le renouveler à ce moment-là plutôt que de procéder à un refinancement.

Un outil flexible

En plus de vous permettre de réduire votre taux d’intérêt hypothécaire, le refinancement est un outil flexible qui offre d’autres possibilités.

Ainsi, échelonner votre remboursement sur une plus longue période — sur 25 ans au lieu de 20, par exemple — contribuerait à abaisser vos versements hypothécaires mensuels.

Vous pourriez aussi contracter un emprunt allant jusqu’à 80 % de la valeur nette de votre propriété, sous réserve de l’approbation de l’institution prêteuse. Avec cette somme en poche, il sera possible d’effectuer des rénovations, de réaliser un projet ou encore de rembourser des dettes. « Cela réduira la charge financière, car les taux d’intérêt hypothécaires sont généralement moins élevés que ceux reliés aux cartes de crédit ou à d’autres dettes », fait remarquer Mylène Grenier.

Il faut toutefois demeurer prudent, car en augmentant votre prêt hypothécaire, vous prolongez du même coup le temps requis pour le rembourser et le montant total des intérêts à débourser. Un courtier hypothécaire vous aidera à faire vos calculs et à évaluer les différents scénarios.

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