Les fraudeurs veulent nos données personnelles!

Emmanuelle Gril | 21 juillet 2022, 11h02

Textos, courriels, sites de vente entre particuliers: les fraudeurs nous attaquent sur tous les fronts. Restons sur nos gardes.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais moi, je reçois régulièrement des courriels et des textos qui proviennent clairement de fraudeurs. Leur créativité me surprend toujours et, qui plus est, ils semblent être bien au fait de l’actualité. Par exemple, quand le gouvernement Legault a annoncé dans son dernier budget qu’un crédit d’impôt de 500 $ serait alloué aux contribuables pour contrer les effets de l’inflation, j’ai reçu quelques jours après un texto de «Revenu Québec» m’invitant à cliquer sur un lien pour toucher le pactole…

Des messages textes m’indiquant qu’un envoi électronique d’une somme d’argent qui m’est destinée nécessite mon approbation ou que j’ai une facture impayée auprès d’un fournisseur de services comme Hydro, Vidéotron ou Bell, me parviennent aussi fréquemment. Sans parler des courriels émanant des services financiers d’une entreprise dont je n’ai jamais entendu parler, qui me menace de poursuites judiciaires parce que je leur devrais plusieurs milliers de dollars!

Vol de renseignements personnels

Il n’y a pas si longtemps, il était encore aisé de séparer le bon grain de l’ivraie, notamment parce que les fraudeurs envoyaient des messages truffés de fautes d’orthographe et dans un français approximatif. Mais il faut croire que les logiciels de traduction automatique se sont améliorés, car il est désormais plus difficile de les détecter de cette façon. Leurs méthodes se sont également raffinées et les faux courriels provenant présumément d’une institution financière ou d’un fournisseur de services ressemblent parfois à s’y méprendre aux authentiques, à quelques minuscules détails près.

Lisanne Roy Beauchamp, gestionnaire du centre d’appel par intérim du Centre antifraude du Canada, souligne que, lorsqu’on clique sur les liens inclus dans les messages, on aboutit habituellement sur une plateforme où l’on nous demande d’entrer nos informations personnelles: numéros de carte de crédit et d’assurance sociale, coordonnées bancaires, date de naissance, nom de jeune fille de notre mère, etc., bref, tous les renseignements nécessaires pour usurper notre identité. Par la suite, les fraudeurs ont ce qu’il faut sous la main pour demander, par exemple, une carte de crédit à notre nom, puiser dans notre compte en banque, et même ouvrir un compte à notre insu.

Pour vous en prémunir, ne cliquez jamais sur un lien dans un message dont vous ne connaissez pas l’auteur et, dans le doute, rendez-vous directement sur le site de l’entreprise concernée. S’il s’agit d’un courriel, l’adresse de l’expéditeur et le nom de la compagnie sont de bons indicateurs que quelque chose cloche. Par exemple, j’ai déjà reçu un message de «USPS», mentionnant que je devais mettre mon adresse à jour et payer 3 $ pour recevoir un colis. L’adresse de l’expéditeur: mail@pizza4.com. On est donc bien loin du UPS officiel!

Mais les fraudeurs ne s’en tiennent pas là, ils sont aussi à l’œuvre sur les sites de vente entre particuliers. Il y a quelques semaines, j’ai affiché des objets à vendre sur le site d’achat/vente d’un réseau social bien connu. J’ai rapidement reçu le message d’une personne intéressée, mais qui, curieusement, ne pouvait pas se présenter elle-même. Elle souhaitait plutôt m’envoyer un livreur UPS qui m’apporterait la somme convenue en argent comptant et prendrait possession du bien, une façon de faire très inhabituelle. Vérification faite auprès de Lisanne Roy Beauchamp, si j’étais tombée dans le panneau, on m’aurait probablement demandé par la suite de payer des frais pour que la livraison puisse être effectuée. Bien sûr, aucun livreur ne serait passé chez moi et j’aurais perdu quelques dizaines de dollars dans l’aventure.

Que faire si, malgré toutes les précautions prises, on se retrouve entre les griffes d’un fraudeur? S’il y a eu vol d’argent ou d’identité, Lisanne Roy Beauchamp conseille de porter plainte à la police. Elle recommande aussi de rapporter l’événement au Centre antifraude du Canada et de vérifier à l’aide d’un logiciel antivirus que votre ordinateur ne contient pas de programmes malveillants. En effet, il est fréquent qu’un cheval de Troie (Trojan Horse) soit installé dans notre équipement informatique lorsqu’on clique sur un lien présent dans un message frauduleux. Soyez aux aguets!

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