Les effets de la sécheresse sur votre panier d’épicerie
Emmanuelle Gril | 14 septembre 2021, 15h21
La sécheresse qui a frappé l’ouest du Canada a déjà un impact négatif sur les prix payés à l’épicerie.
Au cours de l’été qui se termine, de nombreux pays ont fait face à des vagues de sécheresse et d’incendies. Le Canada n’y a pas échappé, et plusieurs cultures des provinces de l’Ouest se sont littéralement desséchées sur pied.
Résultat : les récoltes et les pâturages dans le grenier à blé du Canada ont pâti des conditions météorologiques et les conséquences sur le panier d’épicerie se font déjà sentir. Car, comme le veut la loi de l’offre et de la demande, la rareté engendre inévitablement une augmentation des prix…
De plus en plus cher
D’ores et déjà, le canola se négocie au double de son tarif habituel, de même que l’orge. Avec des récoltes de blé inférieures de 35 % à celles de l’an dernier, nul doute que le prix de cette céréale va également bondir. Même situation pour l’avoine, qui connaît une diminution de sa production de près de 33 %. Sans surprise, les contrats des transformateurs alimentaires avec leurs fournisseurs seront revus à la hausse, ce qui aura nécessairement un impact sur le prix des produits transformés.
Mais ce n’est pas tout. Le bœuf va aussi coûter environ 9 à 10 % de plus, évalue Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Même chose du côté du porc (+ 5 %), alors que le poulet demeure relativement stable, pour le moment. Car le prix des céréales fourragères nécessaires pour nourrir le bétail a flambé au cours des derniers mois, ce qui se répercute sur celui de la viande. La saison du barbecue fait d’ailleurs partie des premières victimes de ce boom, avec une réduction des ventes qui a pu aller jusqu’à 15 %.
En décembre dernier, le Rapport sur les prix alimentaires canadiens pour 2021, dont Sylvain Charlebois est l’auteur principal, estimait en moyenne à 5 % l’inflation pour le panier d’épicerie. Le professeur indique que les prévisions contenues dans cette étude sont encore d’actualité, ce qui représente une dépense alimentaire totale de 13 907 $ pour une famille de quatre personnes, soit 700 $ de plus qu’en 2020.
Précisons qu’en plus des variables habituelles, ce rapport a pris en compte les conséquences des changements climatiques, mais aussi celles reliées à la pandémie. Car la crise sanitaire a eu des répercussions sur toute la chaîne agroalimentaire, depuis le lieu de production jusqu’au consommateur, en passant par la récolte, le transport et la distribution. La dévaluation du dollar canadien et le coût du pétrole ont aussi pesé dans la balance.
S’il faut composer avec des aliments plus chers, en particulier les produits transformés et la viande, comment tirer son épingle du jeu à l’épicerie ? Cuisiner davantage est un incontournable, mais Sylvain Charlebois note également que l’amélioration de la littératie alimentaire des consommateurs leur ouvre de nouveaux d’horizons. Ainsi, les protéines végétales permettant de remplacer celles issues de la viande sont de plus en plus populaires. Et avec environ 20 000 produits sur les tablettes des supermarchés, il ne tient qu’à nous de trouver des solutions de rechange !
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