Offrir gratuitement serviettes sanitaires et tampons

Marie-Ève Bergeron | 28 septembre 2022, 09h05

Un peu partout dans le monde, les gouvernements passent aux actes ou y réfléchissent.

Quand on m’a attribué le test des coupes et culottes menstruelles, j’étais vraiment heureuse. D’abord parce que j’étais contente de discuter de l’aspect écologique de ces produits, mais, aussi, pour parler de menstruations tout simplement.

Même si le sujet est de moins en moins tabou, il reste encore bien souvent une certaine gêne de parler d’un thème qui touche quand même une bonne partie de la population. Parmi les enjeux liés aux menstruations qui passent parfois sous le radar se trouvent les coûts importants assumés par les femmes menstruées.

Le conseil du statut de la femme s’est penché sur la question dans une étude publiée en 2021. On y apprend que les coûts d’utilisation de produits jetables tournent autour de 80 $ par année. Pour certains, ça peut sembler peu, mais pour une personne dont le budget est serré, ça peut représenter un poste de dépense important. Et n’oublions pas que 16 % des femmes de moins de 25 ans vivent avec un faible revenu au Québec. D’ailleurs, selon un sondage mené en 2020 par la compagnie Loblaw, 12 % des Québécoises auraient «déjà eu, à plusieurs reprises, à faire le choix difficile entre acheter un produit d’hygiène féminine et un article essentiel de leur liste d’épicerie».

Cette situation peut engendrer des conséquences néfastes. Par exemple, une personne qui, par souci d’économie, décide de porter un tampon plus longtemps que ce qui est recommandé augmente les risques de souffrir du syndrome du choc toxique, une infection dont les conséquences peuvent être très graves.

Coup de pouce financier

Depuis 2015, les produits menstruels sont considérés au Québec et au Canada comme répondant à un besoin essentiel, et c’est pourquoi la taxe de vente sur ces produits a été abolie. Estimons-nous chanceuses, car ce n’est pas le cas partout. Cependant, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander plus.

Il y a quelques jours, Québec solidaire a présenté une mesure visant à assurer la gratuité des produits d’hygiène menstruelle dans les institutions publiques comme les écoles. En 2020, la députée indépendante Catherine Fournier (maintenant mairesse de Longueuil) avait fait adopter une motion demandant au gouvernement d’étudier la possibilité de rendre les produits menstruels accessibles gratuitement dans l’ensemble des institutions publiques, dont les écoles.

Le Québec ne serait pas le premier endroit au monde à aller de l’avant avec une telle mesure. Depuis 2019, les écoles de la Colombie-Britannique offrent gratuitement des produits menstruels dans les toilettes. Plusieurs États américains et quelques pays, comme l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, ont des politiques semblables. Mais c’est souvent l’Écosse qui est citée en exemple à ce sujet. D’abord parce que toutes les écoles y offrent des produits menstruels gratuits depuis 2018, mais aussi parce que le gouvernement veut maintenant élargir cette approche à toute la population.

Est-ce que les produits réutilisables représentent une solution économiquement intéressante? À première vue, c’est le cas, puisque cinq culottes menstruelles vous coûteront environ 150 $ et devraient vous durer au minimum trois ans. Si on compare à 80 $ par an de produits jetables, ce sont des économies de 90 $, et même davantage si vous habitez un endroit où des subventions sont offertes. Le problème, c’est que les personnes en situation précaire n’ont pas toujours les 150 $ à investir. Et pour se prévaloir des remboursements offerts par certaines municipalités, il faut d’abord payer le produit au plein prix. Le conseil du statut de la femme a d’ailleurs évalué différents scénarios où des produits réutilisables pourraient être offerts aux personnes à faible revenu.

Les menstruations en quelques chiffres:

  • Les menstruations débutent à l’adolescence et s’échelonnent sur une quarantaine d’années.
  • Un cycle dure entre 21 et 40 jours.
  • La durée moyenne des menstruations est de 2 à 7 jours.
  • La perte de sang moyenne est de 20 à 60 ml.
  • Les menstruations sont composées de sang (qui ne coagule pas), mais aussi de fragments de l’endomètre, de cellules, de sécrétions du vagin et du col de l’utérus, et de bactéries de la flore vaginale.

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