Mesdames, voyez à vos finances!

Emmanuelle Gril | 19 mars 2021, 12h00

La récession causée par la pandémie a creusé encore davantage le fossé des inégalités entre hommes et femmes.

Ce n’est pas pour rien que les anglophones utilisent le terme «she-cession» pour qualifier la conjoncture actuelle. La «récession des femmes» est bien réelle, car la crise les a frappées durement.

Elles sont non seulement surreprésentées dans la plupart des secteurs qui ont connu des pertes d’emploi massives, mais elles sont souvent celles qui ont cessé de travailler pour s’occuper des enfants lorsqu’écoles et garderies étaient fermées. Résultat : bien qu’elles représentent 48 % de la population active, les femmes ont subi 51 % des pertes d’emploi aux mois de mars et avril 20201.

Combler les écarts

Sans surprise, la période que nous traversons aura un lourd impact sur leur situation financière actuelle et future, notamment pour leur planification de retraite. Avant même la pandémie, les femmes devaient déjà composer avec un salaire inférieur d’environ 13 %2 par rapport aux hommes. Elles prennent également les congés parentaux deux fois plus fréquemment que les pères et s’absentent pour des périodes plus longues3. À cela s’ajoute une espérance de vie supérieure, de 84,2 ans pour les femmes comparativement à 80 pour les hommes4.

Ces différences ont inévitablement une incidence sur les cotisations effectuées en prévision de la retraite. Comment réduire cet écart?

Le REER de conjoint est un bon outil pour y parvenir, indique Shirley Marquis, associée et directrice principale planification financière et fiscalité au sein du cabinet SFL Gestion de patrimoine Nord-Ouest. Ainsi, le conjoint contribue au REER de sa compagne pour compenser les baisses de cotisation durant les périodes où celle-ci a quitté le marché du travail pour s’occuper des enfants.

En plus d’être une bonne façon de fractionner le revenu à la retraite, cet instrument d’épargne permet de rééquilibrer les choses et de compenser, d’une certaine façon, le temps investi par la conjointe dans la famille. Toutefois, Shirley Marquis rappelle qu’en union de fait, il est toujours préférable de préparer un contrat de vie commune, qui permet de prévoir un filet de sécurité financier en cas de séparation.

Mais ce n’est pas tout, il faut aussi prendre ses finances en main. Or, les femmes auraient encore tendance à laisser leur conjoint prendre en charge les décisions financières, notamment celles relatives à la retraite.

Mesdames, pour être bien préparées, vous allez devoir vous pencher sur la question! Pour cela, commencez par «vous payer en premier», autrement dit, placez la ligne de l’épargne juste après celle des revenus dans votre budget. Mettez de l’argent de côté dans un REER ou un CELI par exemple, et ce, avant même d’envisager d’autres dépenses.

Faites réaliser une analyse retraite le plus tôt possible dans votre vie active afin de pouvoir bâtir sur le long terme. Révisez aussi votre plan à chaque événement important, comme un nouvel emploi, un mariage, l’arrivée d’un enfant, l’achat d’une propriété, etc.

Si votre couple se porte bien, tant mieux, vous pourrez former une bonne équipe financière et construire ensemble. Mais si rien ne va plus, vous aurez quand même mis de côté ce qu’il vous faut pour vos vieux jours…

1. Les femmes en récession : en quoi la COVID est-elle différente?, Rapport de perspective de l’IMT no39, mars 2021.

2. L’écart salarial entre les sexes au Canada : 1998 à 2018, Statistique Canada, octobre 2019.

3. Histoire de famille : congés parentaux au Canada, Statistique Canada, février 2021.

4. Espérance de vie et aux éléments de la table de mortalité, Tableau 13-10-0114-01, Statistique Canada, 2017 à 2019.