Les nouvelles Bolt et Bolt EUV de Chevrolet cassent les prix

Alain McKenna | 15 mars 2021, 12h00

On encense Tesla pour son rôle dans l'électrification des automobiles, mais le vrai leader, c’est Chevrolet.

Car ce que Tesla parvient à faire dans le marché des véhicules de luxe, Chevrolet le fait dans le marché des véhicules grand public, ce qui est autrement plus difficile, vu que les prix doivent rester raisonnables.

La première génération de la Bolt, lancée en 2016 sous l'année-modèle 2017, est devenue la première voiture entièrement électrique proposant une autonomie raisonnable vendue sous les 45 000 $. Depuis, elle a eu droit à une mise à niveau technologique progressive. Son autonomie était à l'origine d'environ 380 kilomètres par charge, puis a été améliorée et est désormais de 417 km par charge.

L'édition 2022 de la Bolt, que Chevrolet a dévoilée plus tôt cet hiver et qui sera mise en marché probablement en juillet prochain, propose une version améliorée de sa technologie motrice. Son autonomie reste à un peu plus de 410 km par charge. Mais elle abaisse la barre à un endroit: son prix de vente. De base, le prix de la Bolt est 6800 $ moins élevé que celui du modèle qu'elle remplace (38 198 $ vs 44 998 $). En ajoutant les frais de transport (1900 $) et en soustrayant l'aide à l'achat gouvernementale (11 300 $ au Québec, soit 13 000 $ taxes incluses), la facture descend tout près des 30 000 $.

Une année d'amortissement

À ce prix, la Bolt EV coûte environ 5000 $ de plus qu'une Mazda 3 Sport, une compacte à hayon dont l'habitacle et le coffre offrent un volume utile comparable. En tenant compte du coût de l'essence et du coût de l'électricité au Québec, cette somme est récupérée en deux ans, environ (si vous faites 25 000 km par an). Calculez les frais d'entretien et vous réduirez ce délai presque de moitié (il en coûte entre 1000 $ et 2000 $ pour entretenir une Mazda3 sur deux ans, si vous ne faites que le strict minimum, comparativement à environ 200 $ pour la Bolt, selon le site spécialisé RepairPal).

Autrement dit, si vous achetez une Chevrolet Bolt 2022, vous allez «rentrer dans votre argent» en deux ans, soit bien avant que votre financement à l'achat ou que votre bail de location à long terme ne vienne à échéance.

Le calcul a déjà été fait (par l'Institut du véhicule innovant de Saint-Jérôme): la plupart des véhicules électriques finissent pas coûter moins cher qu'un véhicule à essence comparable. La Bolt fait la même chose, mais dans le marché d'entrée de gamme des voitures familiales compactes.

Bolt EUV: audacieuse malgré les compromis

Le petit VUS que Chevrolet promettait pour l'an dernier, mais qui a été reporté en raison de la pandémie sera lui aussi mis en vente cet été. On utilise l'expression «VUS» dans son cas pour distinguer la Bolt EUV de la Bolt tout court, puisqu'il s'agit plutôt d'une familiale.

L'habitacle de la Bolt EUV est allongé d'environ 8 centimètres, ce qui bénéficie à la banquette, à l'arrière. Ça en fait un véhicule plus confortable pour quatre adultes, mais qui garde des proportions d'une voiture légèrement plus compacte que la Mustang Mach E de Ford ou même l'ID4, que Volkswagen commercialisera cet été également.

Elle est un peu plus lourde que la Bolt de base et partage la même mécanique. Son autonomie est donc un peu raccourcie, à 400 km par charge en moyenne, ce qui demeure tout à fait raisonnable dans ce créneau.

Elle aussi se distingue avantageusement par son prix de détail à l'avenant: 40 198 $ avant les frais et l'aide gouvernementale. Chez Chevrolet, un VUS compact comparable est le Trailblazer, qui coûte 26 000 $ (sans les frais). Faites le calcul, et la différence de prix entre la Bolt EUV tout électrique et ce petit VUS à essence est d'environ 3000 $.

C'est audacieux. Ce n'est pas parfait: les deux versions de la Bolt n'ont pas la plus récente technologie du groupe General Motors, qui s'appelle Ultium. C'est probablement un détail négligeable pour bien des automobilistes. La principale lacune de la Bolt 2022 est qu'elle ne recevra pas de mises à jour de son ordinateur de bord qui pourrait améliorer un brin le comportement de sa mécanique, contrairement à ce qui pourrait se produire pour les autres véhicules du groupe GM animés par la plateforme Ultium.

Celle-ci aurait coûté plus cher à Chevrolet et aurait fait monter le prix de détail de la Bolt: le Hummer EV de GMC, qui sera animé par cette plateforme, coûtera 100 000 $ et même plus.

Chevrolet a donc décidé de casser les prix. C'est un moyen de se démarquer de Tesla, évidemment. Cette stratégie jette de l'ombre aux véhicules électriques de Hyundai, Kia et Nissan, qui coûtent plus cher.

Vont-ils baisser leurs propres prix? Si c'est le cas, il faudra penser à remercier Chevrolet. Cette marque n'a pas l'aura de Tesla (et Mary Barra, la PDG de GM, n'est pas aussi flamboyante qu'Elon Musk…), mais son rôle dans le virage électrique de l'industrie automobile est au moins aussi important, sinon plus que celui de la marque californienne.

*Note: RepairPal est un site américain qui calcule un coût d'entretien moyen à partir de données recueillies aux États-Unis. Les chiffres cités ici ne sont qu'un aperçu car ils ne tiennent pas compte de certaines particularités du marché québécois, comme le changement de pneus.

MISE À JOUR: Ce texte a été modifié le 25 mars pour préciser certains prix. 

>> À lire aussi : Autos 100% électriques et hybrides: 23 modèles testés et Voitures électriques: avantages, incitatifs et polémique.