La fin de l'innocence

Julie Gobeil | 21 janvier 2020, 09h57

Ce mois-ci, nous vous présentons un grand dossier à propos des enjeux liés à la protection de vos renseignements personnels.

Stupéfaction générale. Cette expression décrit parfaitement, à mon humble avis, l’ambiance qui a régné pendant quelques jours, en juin 2019, après que Desjardins eut annoncé s’être fait chiper les renseignements personnels de 2,7 millions de particuliers.

Dans les médias comme dans les cafés, les parcs et les salles d’attente, il n’était question que de cette absurde histoire. Puis les médias ont révélé l’existence de brèches du même genre du côté de Capital One, d’Industrielle Alliance, de TransUnion et même de Revenu Québec. Chaque soubresaut d’indignation dans l’opinion publique semblait alors se faire un peu plus discret que le précédent.

À l’automne, la cerise sur le sundae : nous avons appris que « l’affaire Desjardins » concernait en réalité tous les membres de la coopérative, soit 4,2 millions de personnes, et peut-être 1,8 million d’autres clients. « C’est hallucinant : d’un seul coup, on découvrait qu’au moins la moitié de la population du Québec avait vu ses renseignements personnels s’évanouir dans la nature », dit notre journaliste responsable de la section Argent, Rémi Leroux. 

La réaction du public a pourtant été beaucoup plus douce que lors de la première annonce. Comme si nous étions déjà tous un peu blasés et que l’inacceptable était entré dans la normalité…

Réveillez-vous !

Il n’y a rien de normal dans cette perte de contrôle collective. Difficile de dire quelle proportion des citoyens concernés par les diverses fuites de données subira des fraudes au cours des prochaines années. Une seule chose est sûre : vos infos valent de l’or et quelqu’un, quelque part, voudra s’en servir pour s’enrichir.  

L’ère de l’insouciance est terminée. Il est temps de commencer à surveiller tout ce qui concerne votre identité et vos actifs. « N’en faites pas une maladie, mais n’attendez pas non plus qu’une instance officielle s’en occupe. Et, surtout, ne vous désintéressez pas de vos affaires après avoir passé les commandes à un programme comme ceux d’Equifax et de TransUnion.

Tout le monde devrait vérifier régulièrement ses états de compte et utiliser un gestionnaire de mots de passe », conseille notre journaliste responsable de la section Techno, Frédéric Perron. Nous avons conçu notre dossier du mois de manière à ce que vous puissiez comprendre ce que vous êtes encore en mesure de contrôler et, ainsi, créer votre propre plan de défense. « Nous présentons les principales solutions, y compris un mécanisme très utile mais peu connu impliquant la Commission d’accès à l’information », souligne Frédéric.

En décembre, le gouvernement provincial a annoncé vouloir sécuriser l’identité des Québécois. La triste réalité, toutefois, c’est que vous ne pouvez pas tout prévenir, puisque votre identité tient encore à une série de neuf chiffres conçue à une époque où le Web caché (communément appelé dark Web) n’existait pas.

« Le numéro d’assurance sociale est un outil désuet. Pour bien sécuriser nos identités, il faudrait utiliser des technologies comme le blockchain [chaîne de blocs]. Cela nécessiterait cependant la mise à niveau de tous les systèmes informatiques des organismes qui gardent des infos sur les citoyens », explique Rémi. Le gouvernement, qui se débat encore avec son fameux système de paie Phénix, est-il prêt pour une telle révolution ? À vous d’en juger.

Lisez notre grand dossier sur la protection des données personnelles et notre Comparatif de 5 services pour gérer vos mots de passe. Vous pouvez aussi lire nos tests et articles grâce à notre magazine web (vous devez être connecté à votre compte pour voir et cliquer sur le bouton «lire en ligne»).