La Honda Civic Type R à l’épreuve du quotidien

Julien Amado-désactivé | 27 novembre 2017, 15h51

Vantée pour ses qualités sportives sur circuit, la Civic Type R est-elle adaptée au quotidien ? Voici notre essai à contre-emploi.

J’ai eu l’occasion d’essayer la Honda Civic Type R pendant une fin de semaine. Et la première chose que j’ai faite avec…c’est d’aller à l’épicerie! Activité banale, certes, mais il faut bien remplir son frigo, voiture sportive ou pas. C’est ce qui m’a inspiré cet essai un peu spécial. À quoi ressemble le quotidien avec la Honda Civic la plus extrême de la gamme ? Voici mon essai 100% pragmatique d’une des autos les moins raisonnables du marché.

Esthétique

Même en conduisant de manière raisonnable, impossible d’être discret au volant d’une Civic Type R! Carrosserie très large, grosses jantes avec les freins peints en rouge, aileron arrière volumineux, l’extérieur est plutôt voyant. C’est la même chose à l’intérieur, avec une teinte rouge vif sur les sièges, le volant, le tableau de bord et même le fond de l’écran central. Pas toujours facile à assumer, cela dit je ne compte plus le nombre de pouces levés que j’ai reçus en à peine deux jours. Visiblement, cette nouvelle Honda plaît beaucoup.

Espace à bord

Dérivée de la Civic à hayon, la Type R propose un bon espace pour les passagers. On dispose de suffisamment de place pour la tête et les jambes, y compris à l’arrière, ce qui est rare dans ce genre d’autos.

Coffre

Avec une capacité de 727 litres, le coffre de la Type R est capable d’engloutir beaucoup de bagages ou de sacs d’épicerie. J’ai réussi à faire rentrer mon épicerie de la semaine, des bouteilles d’eau en masse et il restait encore beaucoup de place!

 

Sièges

Opter pour une auto aussi sportive impose des compromis. À bord de cette Civic très vitaminée, les sièges baquet sont très enveloppants et il est plus difficile d’entrer et de sortir de l’auto. Mais une fois bien calé à l’intérieur, leur maintien et leur confort donnent satisfaction. C’est moins extrême qu’une Ford Focus RS, mais plus serré que des sièges de Volkswagen Golf R.

Roulement

En regardant la finesse des pneus, j’ai tout de suite pensé à mon dos malmené dans les nids-de-poule du centre-ville de Montréal. Considérant la vocation de l’auto, la Civic Type R est plutôt conciliante. C’est ferme, ça cogne quand même fort sur les plus grosses irrégularités de la route, mais cela reste supportable au quotidien quand on choisit le mode de conduite «Confort» qui adoucit les suspensions.

Moteur et boîte de vitesses

Le moteur est un 4 cyl. turbocompressé de 2 L qui développe 306 ch et 295 lb-pi de couple. Il est évidemment très performant (voir plus bas) mais il est aussi capable de se montrer souple et docile quand on le lui demande. Il est accouplé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports précise et rapide. L’embrayage, suffisamment souple pour une conduite plus calme, ne vous donnera pas de crampes au mollet gauche, même après une heure passée dans la congestion.

Consommation

En conduisant tranquillement sans monter trop haut en régime, j'ai réussi à consommer 8,4 L/100 km. Un chiffre correct, surtout pour une auto de cette catégorie. En adoptant une conduite plus enthousiaste, le chiffre a grimpé à 11,4 L/100 km. Si vous avez le pied plus pesant, comptez 13 à 14 L/100 km. L’auto roule avec du carburant super.  

Visibilité

Entre le gros aileron arrière qui limite la visibilité et la faible surface vitrée à l’arrière, vous aurez compris que la caméra de recul est indispensable pour stationner l’auto. Une autre caméra, située sous le rétroviseur gauche, vous montre l’angle mort dans l’écran central quand on actionne le clignotant. C'est très pratique quand on veut changer de voie.

Et en conduite sportive ?

La Civic Type R est-elle à la hauteur de la concurrence ? Sans aucun doute. Avec plus de 300 ch à faire passer aux seules roues avant, Honda a réalisé un travail remarquable. Il y a bien quelques remontées de couple dans le volant (il tire fortement à gauche ou à droite) lors des accélérations maximales en première ou en deuxième vitesse, mais cela reste très limité.

Les accélérations sont impressionnantes, et les performances très élevées. Le 0 à 100 km/h est réalisé en 5,7 secondes, c’est seulement 1,1 seconde de plus qu’une Porsche 911 de base! Dans le cas de notre modèle d’essai, les performances du moteur égalaient celles de la Ford Focus RS (350 ch) que nous avons essayée il y a un an. Je n’ai pas pu passer la voiture sur un banc de test de puissance moteur pour vérifier mon ressenti, mais la voiture de la flotte de presse m’a semblé un peu trop performante pour un véhicule de «seulement» 300 chevaux.

La tenue de route est excellente, les suspensions sont moins dures que dans une Focus RS, mais plus fermes que dans une Volkswagen Golf R. La direction est précise et offre un bon ressenti au conducteur. Le freinage est aussi très efficace, mordant, puissance, ressenti à la pédale, Honda a fait ses devoirs. Sur les routes mal revêtues du Québec, le mode de conduite «+R» (le plus extrême) rend les suspensions trop fermes pour un usage routier.

Globalement, les capacités dynamiques d’une Civic Type R sont très bonnes pour la catégorie, mais pour profiter de son plein potentiel il faudra l’emmener sur un circuit. Pour ajouter à l’ambiance sportive, Honda a même ajouté un système (très efficace) qui donne un léger coup d’accélérateur quand on rétrograde (appelé Rev Match) ce qui permet d’améliorer les entrées en courbe. Ceux qui trouvent ça agaçant pourront le désactiver.