L’éducation financière : la grande absente de nos écoles

Jean-Sébastien Jutras | 28 octobre 2025, 14h03

L’éducation financière a longtemps été négligée dans le parcours scolaire québécois. Les conséquences se font sentir jusque dans les portefeuilles des jeunes adultes.

Des lacunes historiques dans les écoles

Jusqu’en 2009, un cours d’économie de 100 heures était offert au secondaire. Son abolition a créé un vide qui n’a été que partiellement comblé en 2017 avec l’introduction d’un cours de 50 heures en 5e secondaire. Cette formation, jugée trop tardive et insuffisante, déçoit la majorité des élèves et de leurs parents.

Pendant longtemps, on a considéré que l’apprentissage de la gestion de l’argent relevait du rôle des familles. Mais toutes ne possèdent pas les connaissances nécessaires, et le tabou autour de l’argent complique encore davantage la transmission de ces savoirs. De plus, certains enseignants peuvent être moins à l’aise pour aborder ces notions.

Des répercussions économiques bien réelles

Les conséquences de cette méconnaissance sont préoccupantes. Une faible littératie financière rend les jeunes particulièrement vulnérables à l’endettement. La dette moyenne des ménages canadiens s’élève aujourd’hui à 173,9 % du revenu disponible, un niveau alarmant.

Au-delà des finances personnelles, le manque de connaissances financières nuit à la croissance économique et peut contribuer à des crises systémiques. La crise des prêts hypothécaires à haut risque (subprimes) de 2008, par exemple, a été amplifiée par une compréhension insuffisante des produits financiers chez de nombreux emprunteurs.

Des pistes de solution

  • Introduire l’éducation financière plus tôt. Attendre la fin du secondaire, c’est trop tard : une majorité de parents souhaitent que cette formation commence avant la 5e secondaire. L’exemple du Danemark, où ce cours débute vers 13 ans et où le taux de littératie financière atteint 71 % (contre 54 % au Québec), illustre les bénéfices d’un apprentissage précoce.
     
  • Renforcer la formation. Le cours actuel devrait être étoffé et rendu obligatoire pour l’obtention du diplôme d’études secondaires, afin de garantir que tous les jeunes acquerront ces compétences essentielles.
     
  • Briser le tabou entourant l’argent. Parler de finances à l’école comme à la maison est primordial. Un parent mal informé risque de transmettre ses lacunes à ses enfants, ce qui perpétue le cycle d’ignorance.
     
  • Impliquer familles, écoles et décideurs. L’éducation financière ne doit pas être perçue comme un simple ajout au programme scolaire, mais plutôt comme un pilier de l’autonomie et de la prospérité des prochaines générations.

Il est urgent d’agir. En mobilisant collectivement enseignants, parents et institutions, nous donnerons aux jeunes Québécois les outils nécessaires pour naviguer dans la vie économique avec confiance et discernement.