Paiement minimum, coût maximum
Philippe d’Astous | 17 septembre 2025, 13h31
Le paiement minimum de votre carte de crédit semble une option « souple », mais peut coûter très cher.
Des règles renforcées au Québec
Depuis 2019, le Québec impose des planchers plus élevés pour les paiements minimums sur cartes de crédit. Toutes les nouvelles cartes exigent un minimum de 5 % du solde et les seuils des comptes déjà actifs ont été progressivement harmonisés.
Résultat : un solde de 1 000 $, à 19 % d’intérêt, prendra environ 6 ans à être remboursé à ce rythme, générant plus de 400 $ d’intérêt. Avant la réforme, avec un minimum de 2 %, il aurait fallu plus de 20 ans, et les intérêts auraient été six fois plus élevés.
Un chiffre trompeur
Près de 20 % des consommateurs se limitent au paiement minimum. Ce comportement s’explique en partie par un effet d’ancrage : vous pourriez croire, à tort, que le montant affiché est suggéré. Des études montrent que certains consommateurs s’ancrent au montant affiché, ajustant leur paiement lorsque les émetteurs le modifient, même s’ils pourraient payer davantage. Pourtant, rien n’indique que ce montant soit optimal pour rembourser rapidement le dû ou pour réduire les frais d’intérêts. Pour éviter de payer des frais d’intérêts, vous devriez plutôt acquitter la totalité du solde de votre carte de crédit chaque mois.
Une réalité contraignante pour certains
Pour d’autres consommateurs, ce minimum n’est pas un choix, mais une contrainte réelle. Nos recherches révèlent qu’une hausse abrupte du seuil de 3 % à 5 % peut suffire à faire basculer certains ménages dans le retard ou le défaut de paiement, en particulier chez les personnes déjà en difficulté.
Une réforme aux effets attendus
La réglementation québécoise tente de répondre à ces deux enjeux en augmentant graduellement les paiements minimaux et en obligeant les émetteurs à indiquer, sur le relevé, le nombre de mois requis pour rembourser le solde si le consommateur ne paie que le minimum. Une équipe de chercheurs analyse présentement les effets de cette réforme. Les résultats devraient être communiqués en 2026 et montreront l’impact de ces changements sur les finances des Québécois.
Pour en savoir plus, consultez le site de l’Office de la protection du consommateur.