Indispensable, le cellulaire à l’école?

Clémence Lamarche | 22 août 2024, 12h50

Pourquoi le fait de ne pas posséder de cellulaire désavantage mon fils en classe.

Offrir ou ne pas offrir un téléphone cellulaire à son ado : c’est la question que bien des parents se posent chaque année à la rentrée scolaire. D’un côté, les études sur les effets néfastes des téléphones et des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes ont de quoi inquiéter. Intimidation en ligne, cyberdépendance, sextage : voilà des situations que chaque parent veut à tout prix épargner à ses enfants.

D’un autre côté, pouvoir joindre nos enfants en cas de besoin s’avère très pratique, surtout que les cabines téléphoniques se font de plus en plus rares et que bon nombre de domiciles ne sont plus équipés d’une ligne fixe. Que faire si nous voulons laisser nos ados seuls à la maison le temps d’une soirée, mais qu’ils n’ont aucun moyen de communiquer avec nous, et même de faire un appel au 911 en cas d’urgence?

Selon le rapport Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV, publié en 2023 par l’organisme à but non lucratif HabiloMédias, 93 % des adolescents de 14 à 17 ans possèdent un téléphone intelligent. Néanmoins, j’ai à la maison un de ces « ovnis » de 16 ans qui refusent catégoriquement d’avoir un cellulaire. Ne m’envoyez pas de fleurs (ou ne me lancez pas de roches) : je n’y suis pour rien. Il semblerait que l’adolescence soit un moment pour s’affirmer et se différencier de ses parents...

Un réel désavantage

Étonnamment, là où le fait de ne pas avoir de téléphone est le plus handicapant, c’est en classe. Je ne compte plus les fois où les profs demandent aux élèves d’utiliser leur téléphone pour avancer dans leurs travaux, ou encore prévoient des périodes de révision avant les examens avec la fameuse application Kahoot. Parfois, les enseignants font faire un travail en classe, à remettre à la fin du cours, mais ils ne donnent les consignes détaillées que sur Teams. Chaque fois, mon garçon est laissé en plan. Et je tiens à mentionner qu’il fréquente une école publique, pas particulièrement favorisée.

Un autre exemple : l’école de mon fils a été sélectionnée pour participer à une enquête d’envergure sur l’état de santé des jeunes Québécois menée par des chercheurs universitaires et des instances de santé publique. Or les étudiants de sa classe ont répondu au questionnaire sur leur téléphone portable durant une période de cours. Pour mon garçon, cela a signifié 60 minutes à attendre en regardant dans le vide. 

Normalement, les écoles doivent prévoir une autre option pour que les élèves qui n’ont pas de cellulaire puissent participer, ce qui n’a pas été fait ici. Cette situation entraîne un sérieux problème de méthodologie, puisque les jeunes sans téléphone ont été de facto exclus de l’étude.

À cela s’ajoutent les activités parascolaires qui se planifient bien souvent à l’aide d’applications comme MonClubSportif, quand ce n’est pas carrément sur Instagram. Bref, tout le monde semble tenir pour acquis que les ados sont connectés en tout temps et qu’ils seront instantanément avertis d’un changement d’horaire de dernière minute. Si le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, veut vraiment interdire les téléphones cellulaires à l’école, c’est toute une culture qu’il faudra revoir.

Pour ma part, je me dis que mon garçon devra bien se résoudre à avoir un téléphone une fois qu’il aura obtenu son permis de conduire, ou quand il sera au cégep. D’ailleurs, si vous avez un vieux Nokia 3310 qui traîne dans vos tiroirs, appelez-moi!