L’incontournable inspection préachat

Emmanuelle Gril | 12 mai 2021, 09h22

La surchauffe du marché immobilier pousse certains acheteurs à négliger l’inspection préachat. Prudence.

En cette période de frénésie immobilière, plusieurs acheteurs imprudents et pressés de mettre la main sur la propriété convoitée décident de sauter l’étape de l’inspection préachat. Mais comment en est-on arrivé là?

La faute en revient au contexte très particulier que nous connaissons actuellement : taux d’intérêt historiquement bas, offre faible et demande très élevée. À cela s’ajoute le changement dans les besoins des consommateurs en raison de la crise sanitaire. Nombre d’entre eux préfèrent en effet vivre hors des grands centres ou se doter de plus d’espace, notamment pour installer un bureau à la maison.

Il ne faut donc pas s’étonner que, pour remporter la mise dans un contexte de surenchère, les acheteurs tentent de rendre les conditions de leur promesse d’achat plus alléchantes en proposant notamment au vendeur d’acquérir la propriété sans inspection préalable.

Pas d’inspection, pas de protection

Avant d’opter pour cette stratégie, demandez-vous si le jeu en vaut vraiment la chandelle. Car le risque encouru est loin d’être mineur, prévient Me Caroline Champagne, vice-présidente, Encadrement, de l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier (OACIQ). Tout d’abord, sans inspection, vous ne disposerez pas de tous les éléments nécessaires pour prendre une décision éclairée. L’inspecteur pourrait détecter des problèmes qui vous auraient dissuadé d’acheter ou permis de négocier le prix à la baisse. Imaginons que les fondations de l’immeuble nécessitent des réparations évaluées à 50 000 $ ; il serait alors possible de réduire votre offre en conséquence.

De plus, sans inspection, vous n’aurez aucun recours si vous découvrez certains vices après l’achat. En vertu du Code civil, le vendeur demeure responsable des vices cachés ; or, il n’en va pas de même pour les vices apparents. Dans ce cas, vous aurez peut-être non seulement payé trop cher, mais vous devrez aussi assumer le coût des travaux nécessaires pour les rectifier, sans possibilité de vous retourner contre le vendeur.

Si vous convoitez une maison neuve, vous vous dites peut-être qu’une inspection n’est pas nécessaire puisqu’un bâtiment neuf est habituellement couvert par la Garantie de construction résidentielle. Celle-ci suppose en effet qu’une inspection préréception soit effectuée avec l’entrepreneur. C’est justement là où le bât blesse, dans la mesure où votre propre inspecteur porterait un regard véritablement neutre sur la propriété, mentionne Me Caroline Champagne. S’il constate certains défauts, là encore vous pourriez négocier une réduction du prix.

Et si, comme moi, vous pensiez que l’inspection effectuée par l’institution financière avant de vous consentir un prêt hypothécaire pouvait remplacer une inspection préachat, détrompez-vous ! En fait, il s’agit plutôt d’une évaluation – réalisée par un évaluateur agréé – par laquelle le créancier s’assure que la valeur marchande de la propriété reflète bel et bien le montant du prêt accordé.

En tout état de cause, sachez que le courtier a l’obligation de vous recommander de faire faire une inspection préachat et de vous proposer plusieurs professionnels reconnus pour l’effectuer. Il devrait d’ailleurs être présent lors de celle-ci, et vous aussi. Une formalité qui en vaut assurément le coût.

Pour en savoir plus sur les différentes étapes de l’inspection préachat et pour vous aider à trouver un inspecteur, consultez le site de l’OACIQ.

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