La crise est vécue plus durement par les femmes

Emmanuelle Gril | 12 août 2020, 11h51

Sur le plan de l’emploi et des finances, la crise frappe plus durement les femmes que les hommes.

La pandémie a eu des répercussions catastrophiques sur l’économie mondiale, et le Québec n’y a pas échappé. Alors que l’on commence à peine à mesurer l’étendue des dégâts, une autre préoccupation émerge: le recul des femmes sur le marché du travail pourrait bien être un autre angle mort de cette crise.

Des chiffres qui parlent

Une récente étude de la Banque Royale du Canada (RBC) publiée montre que les femmes ont été davantage affectées que les hommes par les pertes d’emploi (51 %, de février à avril, comparativement à 49 % pour les hommes). On y constate aussi qu’elles bénéficient moins de la reprise, puisque, à peine 45 % des travailleurs ayant retrouvé un emploi de mai à juin sont des femmes.

Les auteurs du rapport de la RBC sont clairs : en quelques mois à peine, la pandémie a fait glisser la participation des femmes au marché du travail d’un sommet de plus de 61 % (décembre 2019) à son plus bas niveau depuis 30 ans (55 % en avril 2020) au pays. Ce net recul est dû à leur surreprésentation dans les secteurs les plus frappés par la crise: restauration, hébergement, commerce de détail, etc.

Mais ce n’est pas tout. Dans près de 70 % des cas, les hommes gagnent le revenu familial le plus élevé au sein de leur ménage. Donc, lorsqu’il a fallu choisir qui allait s’occuper des enfants durant la fermeture des garderies et des écoles, ce sont souvent des femmes qui ont écopé. Les mères d’enfants d’âge préscolaire ou scolaire ont d’ailleurs davantage cessé de travailler que les pères (-7 % comparativement à -4 %), comme le démontre l’analyse de la RBC.

Mentionnons que le travail des femmes a une incidence marquée sur l’économie canadienne. Ainsi, un rapport du McKinsey Global Institute indique que l’égalité hommes-femmes au Canada pourrait faire augmenter le PIB de 150 milliards $ (+6 %) en 2026. Donc, si les femmes peinent à réintégrer le marché de l’emploi, le pays prendra plus de temps à renouer avec la prospérité et à remonter la pente.

Sans surprise, les femmes vont probablement pâtir davantage de la fin des Prestations canadiennes d’urgence (PCU). Un sondage mené pour le compte de Raymond Chabot en mai dernier révèle d’ailleurs qu’elles souffrent plus d’anxiété à la perspective de la fin de la PCU. Elles sont aussi moins nombreuses que les hommes à avoir réfléchi à des stratégies financières pour l’après.

Ne tardez pas à agir

Sophie Desautels, première directrice principale chez Raymond Chabot, recommande aux femmes de prendre le taureau par les cornes avant que la PCU ne prenne fin:

• Préparez un budget qui prévoit différents scénarios de revenus et de dépenses.

• Rappelez-vous que les dépenses qui ont diminué ces derniers temps (transport, garderie, sorties, etc.) vont remonter tôt ou tard.

• Épluchez vos relevés bancaires pendant quelques mois pour savoir où part votre argent.

• Enfin, méfiez-vous des petites dépenses personnelles et des achats impulsifs. Tout cela finit par peser lourd sur le budget!

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