Endettement: la faillite est-elle inévitable?
Emmanuelle Gril | 03 juin 2020, 12h00
Avec la COVID-19, vos finances en ont pris pour leur rhume. Examinez toutes vos options !
Dans une récente étude, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) révélait que plus de 55 % des ménages ont connu une baisse de leurs revenus d’emploi à cause de la COVID-19. Par conséquent, nombreux sont ceux qui ont reporté des paiements, pris des ententes avec leurs créanciers et réclamé la Prestation canadienne d’urgence (PCU), espérant que les choses rentreraient dans l’ordre à court terme.
Mais le temps passe, les semaines s’égrènent, et tôt ou tard, la PCU se tarira alors qu’il faudra aussi recommencer à payer l’hypothèque et rembourser ses dettes… Pas étonnant que l’inquiétude s’installe et que certains songent à prendre les grands moyens. Mais pas si vite!, tempère Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin et Associés. Votre situation pourrait être moins dramatique que vous ne le pensez.
D’autres options que la faillite
Partez du principe que si vos finances se portaient relativement bien avant la crise, vous devriez être en mesure de redresser le cap ensuite, lorsque vous aurez retrouvé un emploi par exemple. Cela signifie que si votre ratio d’endettement se trouvait alors à un niveau raisonnable, sous la barre des 40 %, il sera possible de reprendre votre altitude de croisière.
Dans le cas contraire, d’autres options sont possibles avant de faire faillite, rappelle Pierre Fortin. Tout d’abord, la consolidation de dettes. Elle consiste à obtenir un prêt de consolidation auprès de votre institution financière, afin de payer toutes vos dettes d’un seul coup. Vous aurez ensuite trois à cinq ans pour le rembourser à raison d’un paiement par mois et à un taux d’intérêt de 12 à 14 %. Cela n’aura aucune incidence sur votre dossier de crédit si vous effectuez les versements scrupuleusement. Toutefois, selon Pierre Fortin, à l’avenir les banques pourraient se montrer plus frileuses et réticentes à accorder ce type de prêt, surtout s’il s’agit de refinancer des dettes qui ne leur appartiennent pas (des cartes de crédit d’une autre institution notamment).
Mais pas de panique, vous pourriez alors envisager la proposition de consommateur. Le principe est simple: un syndic autorisé en insolvabilité, le seul professionnel habilité à le faire, contacte l’ensemble de vos créanciers et leur propose un remboursement moindre que votre dette totale. La proposition dure au maximum cinq ans et les montants mensuels à rembourser sont calculés en fonction de la situation familiale et des revenus. Bonne nouvelle: les intérêts cessent de courir et les créanciers de vous harceler, les procédures de saisie sont interrompues et vous pourrez également conserver vos biens. Là encore, il n’y a qu’un seul paiement par mois à effectuer, ce qui vous aidera à contrôler votre budget. Votre dossier de crédit sera toutefois affecté pendant toute la durée de la proposition et jusqu’à trois ans après.
De l’avis de Pierre Fortin, les propositions de consommateur vont probablement se multiplier au cours des prochains mois, et les prêteurs devront sans doute faire preuve de souplesse sous peine d’être ensevelis sous une vague de faillites… Alors, réfléchissez à vos autres options avant d’envisager une solution de dernier recours.
La première consultation dans un bureau de syndic autorisé en insolvabilité est généralement gratuite, et plusieurs organismes peuvent vous aider à faire le point sur vos finances, par exemple le réseau des associations de consommateurs. Pour trouver celle de votre région, cliquez ici.