Les trottinettes? C'est non! Les carambolages? Ça, c'est oui!

Alain McKenna | 20 février 2020, 16h25

Opinion impopulaire: on n'aurait pas dû abandonner les trottinettes électriques. On aurait dû leur faire plus de place.

Alain McKenna — Mon opinion est née de deux événements qui se sont produits cette semaine. Alors qu'on blâmait la neige, le vent, la glace, l'hiver et la météo lors d'un énorme carambolage ayant causé la mort de deux personnes, d'un côté, de l'autre, on apprenait que les trottinettes électriques, à Montréal, c'était fini, pour cause… d'encombrement.

Si vous cherchez une preuve de la profondeur du phénomène culturel qu'est l'automobile au Québec, n'allez pas plus loin. On cherche les explications partout autour pour excuser un moyen de transport clairement meurtrier, pendant qu'on en élimine un autre qui pourrait aussi bien le remplacer (du moins en ville), sous peine d'être un peu trop dans les pattes de certaines personnes…

Ailleurs, à New York, San Francisco ou Paris, on transforme des artères majeures et vitales des centres-villes en espaces réservés à ces modes de transport à échelle humaine. Ça revitalise le commerce et le tourisme dans des endroits qui en ont cruellement besoin.

Chez nous, on cherche tous les moyens pour éviter de le faire. On parle de trottinettes, mais on entend les mêmes remarques à propos du vélo, ou de tout ce qui n'a pas quatre roues et une tonne d'acier (au moins). Ah!, mais l'hiver… Ah!, mais les espaces de stationnement qu'on perd. Ah!, mais l'imprudence des utilisateurs.

On attend toujours le premier carambolage meurtrier de 200 trottinettes, en passant.

Des trottinettes maladroites

On n'enlèvera pas aux trottinettes de Bird et de Lime leurs défauts. Elles n'ont pas été conçues pour l'usage qu'on en fait.

Elles sont fragiles, non recyclables, et coûtent trop cher à opérer. D'ailleurs, les entreprises qui les gèrent, de vilaines sociétés américaines gonflées de capital-risque, sont loin d'être rentables.

De bonnes raisons de repenser ce modèle. Il serait facile d'impliquer des entreprises québécoises dans le projet. Au moins une entreprise influente à Longueuil, le fabricant de vélos en libre-service PBSC, doit se frotter les mains de cette mesure. PBSC ne croit pas aux trottinettes et préfère miser sur les vélos électriques en libre-service. Mais ça pourrait lui faire mal également. Le vide laissé par la fin abrupte d'un projet qui aurait pu être repensé sera vraisemblablement comblé par des VUS, pas par des BIXI électriques…

Et même après deux carambolages en une semaine en Montérégie, est-ce qu'on va repenser le modèle automobile? Bien sûr que non.

C'est culturel.

Alors, les trottinettes, c'est non.

Mais les carambolages meurtriers, ça, apparemment c'est… oui.