Une pharmacie sans «cochonneries»

Catherine Crépeau | 16 octobre 2017, 09h35

Une pharmacie qui ne vend que des médicaments. C’est ce que j’ai découvert, avec surprise, au coin de ma rue.

Récemment, j’ai eu à acheter de nombreux médicaments en vente libre pour un article qui sera publié cet hiver. J’ai donc fait la tournée des pharmacies de mon quartier, histoire de me procurer des produits de grandes marques et de marques maison (et d’en comparer les prix).

C’était l’occasion d’assouvir ma curiosité et d’aller voir ce que signifiait la mention « nouveau concept » qu’affiche la succursale Uniprix depuis son ouverture, au printemps 2016. (Vous constaterez que je ne fréquente pas beaucoup les pharmacies…)

J’ai eu un véritable choc.

D’abord, tous les médicaments, même ceux en vente libre, sont derrière le comptoir. Devant le sourire de la pharmacienne, je suis un peu embêtée de lui expliquer que je suis là pour lire des étiquettes de médicaments en vente libre afin de comparer leurs ingrédients actifs et, éventuellement, en acheter quelques uns. La perspective de sortir des dizaines de médicaments, sans certitude de vente, ne la gêne pas. Elle est même enchantée de répondre à mes questions. Je sors donc ma liste d’achat.

C’est là que j’ai eu un second choc.

Au deuxième item, elle me répond qu’elle ne tient pas ce produit, « parce qu’il n’est pas efficace et qu’aucune étude ne montre qu’il peut être utile ». Wow! Question conseil au client, c’est génial. En fait, on ne peut rêver mieux : vous parlez directement à la pharmacienne, même pour les médicaments en vente libre, et elle refuse de vous vendre des médicaments qu’elle juge inutiles, en vous proposant des alternatives plus efficaces. Mais pour la tâche que j’avais à faire pour mon article, c’était moins pratique.

Des pharmacies sans croustilles

J’ai aussitôt pensé aux concepts de pharmacie « santé » présentées au cours de la dernière année par Uniprix et Familiprix qui veulent éliminer de certaines succursales les «cochonneries alimentaires», les produits ménagers et les produits saisonniers qui n’ont pas de lien avec les soins ou l’hygiène. Pour l’instant, cette avenue les deux chaines tentent l’expérience dans respectivement une et deux pharmacies.

Sauf que la pharmacienne que j’ai visitée va encore plus loin. Plus loin qu’Uniprix qui a été la seule bannière à l’accepter en son sein avec sa vision personnelle de la pharmacie. Elle se concentre uniquement sur le conseil professionnel et la vente de médicaments. Elle propose également des séances de stretching ou de psycho-yoga et des conférences sur la santé, par exemple sur l’acné. Un retour à l’essence même de la pharmacie.

C’est par où les médicaments ?

À l’opposé, il y a ces pharmacies qui font dans la vente d’aliments frais – ce qu’on risque de voir encore plus avec l’achat du Groupe Jean Coutu par Métro – et celles qui « cachent » leur comptoir de prescriptions au deuxième étage (!), alors que les cosmétiques occupent les vitrines. Comme si les services professionnels du pharmacien et les médicaments étaient accessoires.

En fait, je suis surtout frappée par le peu de considération de ces pharmacies pour la clientèle âgée ou malade, qui peine souvent à se déplacer, qui est celle qui a besoin de médicament. Certes, il y a des ascenseurs, mais ça envoie un drôle de message. Surtout quand on voit l’Ordre des pharmaciens vanter l’expertise-conseil de ses membres et mettre de l’avant les nouveaux actes professionnels qu’ils peuvent poser.