Pourquoi j'aime ma perche à «selfie»
Stéphanie Perron | 03 juillet 2017, 11h18
Lors de mon dernier voyage en Asie, j’ai acheté une perche à égoportrait, et je ne voyagerai plus jamais sans elle.
Il y a mille raisons de détester les perches à selfie. Dans les concerts, elles gênent la vue des spectateurs et peuvent facilement blesser quelqu’un. Dans les endroits touristiques, elles transforment les voyageurs en zombies qui frappent tout ce qui les entoure (elles sont d’ailleurs bannies sur plusieurs sites comme Disneyland, Coachella, Wimbledon, Comic-Con, etc.). Dans les musées, elles représentent un véritable risque pour les œuvres. Dans des endroits périlleux, elles ont causé la mort de gens insouciants qui sont tombés après avoir trop reculé pour obtenir un meilleur angle.
Et que dire des personnes qui les utilisent! Ados égocentriques, touristes qui se croient seuls au monde, gens asociaux incapables de confier une prise de photo à quelqu’un d’autre qu’eux même.
Mais la baguette de Narcisse (ou «narcissistick») ne sert pas qu’aux êtres humains désagréables ou victimes de l’expression «Selfie or it didn’t happen». Elle sert aussi aux voyageurs solo qui, à l’occasion, ont seulement envie d’avoir une belle photo d’eux devant une cathédrale ou un temple. Pas une photo avec un angle spectaculaire. Pas une photo en contreplongée parce que c’est flatteur pour le visage. Juste une photo avec un sourire et quelque chose qu’on ne peut cadrer sans l’aide de cette perche téléscopique.
Lors de mon dernier voyage en Asie du Sud-Est, j’ai décidé d’acheter ce fameux bâton du diable. La raison qui m’a poussé à commettre un tel péché? Je voyage presque toujours en solo, et mon expérience de voyageuse m’a montré que les gens sont incapables de cadrer mon humble personne ET le château/obélisque/mosquée qu’il y a derrière.
«Pouvez-vous me prendre en photo?»
J’ai tout essayé: expliquer aux gens ce que je veux dans la photo. Sélectionner une image sur leur caméra et leur dire de refaire la même avec moi. Leur dire de prendre plein de photos afin que je sélectionne la meilleure. Les photographier selon l’angle voulu et leur dire de refaire la même chose avec moi. J’ai demandé aux jeunes, aux vieux, aux Chinois, aux Américains et aux Australiens.
Rien n’y fait. Inévitablement, si ma face est dans la photo, ce qu’il y a derrière moi n’y sera pas. Suis-je devant une pyramide? La Tour Eiffel? Le Taj Mahal? Ce n’est pas en regardant le cliché qu’on le saura! Bon. J’exagère un peu, mais toujours est-il que si j’apparais sur l’image, c’est inévitablement l’arrière-plan qui va écoper. Adieu beautés architecturales d'Angkor Wat! La devanture du temple sera bel et bien sur la photo, mais certainement pas les magnifiques tours qui surplombent le monument!
Comprenez-moi bien: je suis très reconnaissante envers les gens qui acceptent gentiment de me rendre service, et ce moment est souvent l’occasion de faire de belles rencontres. Je voyage d’abord et avant tout pour vivre de belles expériences, découvrir de nouvelles cultures et vivre le moment présent. Mais il n’en demeure pas moins que certains moments valent la peine d’être immortalisés, et lorsqu’on voyage seul, la perche à selfie devient un outil diablement utile. Fini les photos décevantes. Fini les photos avec un sourire crispé. Fini les photos qu’on a pas pu prendre parce qu’on était seul au milieu du désert.
Dans mon sac à dos
Vous ne me verrez pas sortir cette perche télescopique dans une foule, dans un musée ou dans un endroit inapproprié. Vous ne me verrez pas non plus bousculer des gens pour prendre «ma» photo, ni marcher comme un zombie en me photographiant compulsivement devant tout ce qu’il y a sur mon chemin.
Mais si vous me voyez devant le Temple de Borobudur, les tours Petronas ou la Marina Bay de Singapour, il est possible que vous me voyiez la sortir quelques secondes de mon sac à dos, sourire en coin, juste pour immortaliser ce beau moment.
Ci-dessous: une photo très «bof» prise en Indonésie.
Outre la photo ci-haut, je n’ai malheureusement pas conservé d’exemples de photos ratées (j'aurais aimé vous les montrer, mais je ne croyais pas écrire ce billet de blogue un jour!). Cela dit, pour les clichés réalisés grâce à ma perche à selfie, ça donne de beaux souvenirs comme ceci: