Bracelet antidouleur Q-Ray: arnaque?
Par Stéphan Dussault Mise en ligne : 11 Octobre 2008

Photos de ce dossier: Réjean Poudrette
À la Bijouterie Sarina de Longueuil, on ne tarit pas d’éloges sur le bracelet Q-Ray. «Ça enlève la douleur, c’est magique! Je n’ai plus mal au cou depuis que je le porte», nous lance spontanément la vendeuse.
Sarina est l’un des 400 revendeurs canadiens de cette petite merveille. Sinon, ceux et celles qui peuvent supporter les infopublicités ont peut-être vu celle de Q-Ray diffusée à la télé anglophone. Des gens ordinaires et des vedettes sportives se succèdent pour témoigner du bien-être que leur procure l’objet en métal.
Les golfeurs sont d’ailleurs les premières cibles du Q-Ray, particulièrement ceux qui souffrent d’arthrite et de tendinites. C’est pourquoi on n’en vend pas juste dans les bijouteries, mais aussi dans les boutiques de sport...
Grosses affaires
Le marketing semble fonctionner. L’entreprise dit avoir écoulé plus de
150 000 bracelets au Canada et plus d’un million dans le monde. À un
prix moyen de 200 $ (l’entreprise propose plusieurs modèles), on estime
ses revenus à environ 30 millions de dollars au pays. Et on ne parle pas
des produits dérivés, comme des pendentifs à 130 $ «remplis d’énergie
spirituelle spécialement conçus pour augmenter la concentration».
À ce prix, on espère effectivement que l’objet fait autre chose qu’être
beau. Car si les bracelets sont plaqués argent ou or, l’entreprise
refuse de dévoiler le type de métaux «sélects» qui les composent et la
technologie «exclusive» de leur fabrication. En fait, si vous aimez le
flou, vous serez ici servi! L’entreprise derrière le Q-Ray, l’américaine
QT inc. – acronyme de son président, Que Te Park –, assure que le
bracelet est ionisé, ce qui lui confère le pouvoir d’ajuster l’énergie
positive et négative du corps pour préserver le «Chi», cette énergie
vitale enseignée dans la médecine chinoise.
Un jugement retentissant
Dans ses infopublicités, QT parle de «performance», d’«équilibre» et de
«vitalité». Une fois les caméras arrêtées, les revendeurs vont beaucoup
plus loin. L’entreprise demeure vague pour une raison: elle n’a plus le
droit de prétendre que son bracelet a des vertus curatives.
Il faut dire que, de janvier 2000 à juin 2003, elle y allait fort dans
ses infopublicités: Que Te Park affirmait que la douleur pouvait
s’atténuer dans les secondes suivant le port du bracelet. Parmi les «miracles», le Q-Ray venait, entre autres, à bout de
tendinites, de migraines, de maux de dos ou de douleurs au nerf
sciatique.
C’est à cette époque que la Federal Trade Commission (le Bureau de la concurrence des États-Unis) commence à enquêter sur ces prétentions, puis accuse Q-Ray de publicité trompeuse.
En septembre 2006, ne voyant pas l’ombre d’une preuve scientifique
solide soutenant l’action du bracelet, la cour américaine juge les
publicités «mensongères» et condamne l’entreprise à verser jusqu’à
87 millions de dollars aux clients floués entre 2000 et 2003.
Surtout que le juge a estimé que l’entreprise y était allé un peu fort
sur les marges bénéficiaires, vendant 250 $ des bracelets qui lui en
avaient coûté 28. Au Canada, l’émission Marketplace, diffusée sur les ondes de CBC, a fait analyser le bracelet par un ingénieur l’an dernier.
Résultat? Il n’y a détecté aucune charge électrique, donc aucune
ionisation. Le dirigeant de Q-Ray Canada, Charles Park, fils du
président, a rétorqué que c’est le processus de production qui est
ionisé, pas le bracelet lui-même!

La force du mental
Les preuves? Pendant son procès, Que Te Park a été incapable de donner au juge la moindre étude solide pour justifier ses prétentions. Aujourd’hui, il est confiné à des affirmations qui frisent le loufoque, comme dire que son bracelet «aide à mieux jouer, travailler et vivre».
Pourtant, ceux qui soutiennent avoir vu de réelles améliorations dans leur état de santé ne peuvent pas tous s’être trompés ou être de mauvaise foi. C’est ce qu’ont vérifié des chercheurs américains de la prestigieuse Clinique Mayo. En 2000 et 2001, ils ont donné 305 bracelets Q-Ray et 305 bracelets en simple métal à 610 de leurs patients.
Surprise: l’effet sur la douleur était absolument identique dans les deux groupes. Après une semaine, les trois quarts des patients portant le Q-Ray et le placebo avaient remarqué une importante diminution de leurs douleurs musculaires ou articulaires. Mentionnons aussi que, avant l’étude, 80 % des 610 participants s’attendaient à voir leur situation s’améliorer grâce au bracelet. Et voilà l’effet placebo qui refait surface.
Ce qui fait dire aux utilisateurs de bracelets Q-Ray que, peu importe si le produit fonctionne, l’important est de ressentir moins de douleur. Mais le simple fait de dire que ça ne fonctionne pas peut annuler l’effet placebo. Désolé!
Pas mal plus cher au Canada
Malgré les mises en garde, vous voulez toujours acheter le bracelet Q-Ray? Sachez que ceux qu’on vend sur le site canadien de l’entreprise sont en moyenne 50 % plus chers que ceux qu’on propose sur le site américain.
L’un des modèles mis en évidence, le «Silver Deluxe», est vendu 100 $ chez l’Oncle Sam et 150 $ ici. Pourquoi? Aux États-Unis, on se limite à dire que c’est Q-Ray Canada qui fixe ses prix.
Vous voulez profiter de l’information et économiser en achetant sur le site Web des États-Unis? QT inc. semble avoir prévu le coup, puisqu’elle a retiré le Canada de ses points de livraison.

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