Vaccination scolaire : l’heure est au rattrapage
La Santé publique espère profiter de la campagne de vaccination contre la COVID-19 qui se prépare pour les enfants âgés de moins de 12 ans pour rattraper le retard pris dans la vaccination scolaire contre les virus du papillome humain et de l’hépatite pendant la pandémie.
En temps normal, les élèves de 4e année du primaire sont vaccinés contre l’hépatite A et l’hépatite B. En 3e année du secondaire, ils reçoivent des vaccins contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos et le méningocoque C.
Une dose du vaccin contre les virus du papillome humain (VPH) leur est aussi administrée à chacun de ces rendez-vous de vaccination en milieu scolaire. S’ils ne l’ont pas obtenue au primaire, deux doses leur sont injectées au secondaire, à six mois d’intervalle.
Pendant l’année scolaire 2020-2021, plusieurs élèves n’ont pas reçu ces vaccins. Des directions de santé publique, notamment celles de Montréal, de la Montérégie et de Laval, ont en effet annulé la vaccination scolaire, les infirmières habituellement responsables d’immuniser la clientèle scolaire ayant été réaffectées à d’autres tâches, comme la gestion des cas de COVID-19 dans les écoles. À cela se sont ajoutées les fermetures de classes, qui ont fait bondir le taux d’absentéisme.
Résultat : la vaccination scolaire a été effectuée à géométrie variable. Le ministère de la Santé et des Services sociaux évalue que la couverture vaccinale contre l’hépatite A et l’hépatite B a diminué de 92 à 65 % de l’année scolaire 2019-2020 à 2020-2021.
La priorité : les élèves du secondaire
Pour la nouvelle année scolaire, la priorité de la Santé publique est de vacciner les jeunes du secondaire qui ne l’ont pas été comme prévu.
« Ceux qui n’ont pas pu recevoir leur vaccin en raison de la fermeture au printemps 2020 sont rendus en secondaire 5. C’est vraiment la dernière chance de les vacciner dans le milieu scolaire », souligne la Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil spécialisée en santé publique et médecine préventive à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Sur la Rive-Sud de Montréal, les élèves du secondaire ont déjà commencé à relever leur manche, autant ceux qui n’ont pas pu être vaccinés ces dernières années que ceux qui peuvent l’être cette année, indique la porte-parole du CISSS de la Montérégie-Centre, Chantal Vallée. L’hiver prochain, ce sera au tour des enfants du primaire.
Le CISSS de Laval a pour sa part conçu un calendrier de vaccination très serré pour immuniser à la fois les jeunes du primaire et ceux du secondaire. Les infirmières scolaires visitent les écoles depuis plus d’un mois pour préparer les enfants et effectuer les injections, en plus de répondre aux questions des parents.
« On prend de front toute la vaccination scolaire, dit la chef de service intérimaire de l’équipe responsable de la santé scolaire au CISSS de Laval, Julie Castilloux. À ce jour, tout a bien fonctionné. On a dû retourner dans seulement deux écoles primaires parce que des classes étaient fermées au moment de notre passage. »
« L’important, c’est qu’ils soient vaccinés »
Le chamboulement du calendrier peut-il réduire la protection conférée par ces vaccins ? « Non, affirme la Dre Sauvageau. L’important, c’est que ces jeunes soient vaccinés. » Elle explique que, même s’ils ne sont pas immunisés, une certaine immunité collective est déjà atteinte dans la société, notamment pour la diphtérie.
Toutefois, si de nombreux jeunes ne se font pas vacciner, les VPH, par exemple, pourraient recommencer à circuler et davantage de cas de condylomes pourraient être détectés. Avant l’implantation du vaccin, de 30 à 50 % des jeunes âgés de 16 à 24 ans étaient infectés par les VPH, d’après les données de l’INSPQ.
La vaccination contre la COVID-19
Alors que la campagne de vaccination contre la COVID-19 s’organise pour les enfants âgés de moins de 12 ans, l’INSPQ a recommandé de prévoir un délai de 14 jours entre les deux rendez-vous de vaccination.
« De façon générale, coadministrer des vaccins ne cause pas d’enjeux supplémentaires, c’est-à-dire que chacun des vaccins donne une bonne réponse, explique la Dre Sauvageau. Pour les vaccins contre la COVID-19, on a des données [sur la coadministration] avec les vaccins contre l’influenza et le pneumocoque ; on n’en a toutefois pas sur les vaccins administrés en milieu scolaire. »
Julie Castilloux, du CISSS de Laval, convient que le début imminent de cette nouvelle campagne de vaccination exigera de revoir toute la logistique de la vaccination scolaire. « La vaccination contre la COVID-19 sera la priorité, dit-elle. On attend la date du déploiement. Dès qu’on saura quand on recevra les vaccins, on travaillera avec l’équipe responsable de cette vaccination dans les écoles primaires. Notre calendrier de vaccination scolaire sera bousculé. »
Soyez à l’affût
Si vous avez un enfant en âge de se faire vacciner à l’école ou qui n’a pas pu l’être dans les deux dernières années, surveillez les communications venant de votre direction d’école ou de votre Centre de services scolaire. S’il est âgé de moins de 14 ans, vous devrez donner votre consentement.
Vous avez des questions à propos de la vaccination scolaire ? Faites appel à votre médecin de famille, qui pourra se prononcer en fonction de l’état de santé de votre enfant. Des infirmières scolaires peuvent aussi vous répondre.
La Dre Sauvageau vous recommande vivement de retourner le formulaire de consentement dans les délais. « C’est particulièrement important cette année parce qu’il y a beaucoup de jeunes à vacciner et on n’a pas beaucoup d’infirmières pour le faire », souligne-t-elle.
Si votre enfant est particulièrement nerveux à l’idée de recevoir une injection ou s’il était absent pendant la visite de l’infirmière scolaire, vous pouvez communiquer avec le CLSC de votre quartier pour qu’il puisse s’y faire vacciner. La Dre Sauvageau demande de ne pas recourir trop rapidement à cette option en raison, encore une fois, du manque de personnel infirmier.
« Dans les classes, avec leurs pairs, les enfants réalisent souvent que [la vaccination], ce n’est pas si pire !, fait valoir pour sa part Julie Castilloux. Ils développent aussi leur autonomie et leur assurance. »
La chef de service du CISSS de Laval précise que les infirmières scolaires ne forcent jamais un enfant à se faire vacciner.
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