Taxer les boissons gazeuses: une stratégie prometteuse
Taxer les boissons gazeuses pour améliorer la qualité des repas dans les écoles, c'est ce que propose la Coalition québécoise sur la problématique du poids.
L’organisme a officialisé sa demande dans une lettre envoyée au premier ministre du Québec, Jean Charest. La lettre demande la création d’une source de financement pour améliorer la qualité des repas scolaires et élargir les programmes d'accès à des repas à faible coût pour les écoliers qui en ont besoin. Pour l'instant, l'offre ne suffit pas toujours à la demande.
Tant mieux si la hausse du prix des boissons gazeuses et énergisantes incite à moins en consommer, mais pour l'instant cette dimension n'est pas priorisée, d'autant plus que pour observer un tel résultat, la hausse du prix doit être significative, souligne l'organisme.
La Coalition Poids croit qu’une redevance de 1 ¢ par litre de boisson gazeuse permettrait d'amasser plus de huit millions de dollars par année, soit un montant équivalent à l'ensemble des investissements consentis par le gouvernement du Québec pour la mise en œuvre de la politique alimentaire dans les écoles en 2007.
«L'idée d'une redevance sur les boissons gazeuses et énergisantes fait son chemin dans plusieurs pays du monde», constate la directrice de la Coalition Poids, Suzie Pellerin. La directrice met de l’avant l’exemple de la Hongrie qui exigera dès cet automne une redevance de 1,25 $ par litre sur les boissons énergisantes et de 3 ¢ par litre sur les boissons gazeuses. Les revenus seront réinvestis dans la prévention de l'obésité – et les maladies qui y sont associées – et contribuera à alléger le fardeau que cette situation fait porter aux finances publiques.
Dommages collatéraux
En effet, les dommages causés par les Coca-Cola, Sprite et autres Dr Pepper ne se limitent pas aux conséquences sur la santé de ceux qui en consomment. Au Canada, le coût économique de l’embonpoint et de l’obésité est évalué à 30 milliards de dollars par année. Ce montant faramineux s'explique notamment par l'argent investi dans les réseaux de santé pour traiter les maladies causées ou aggravées par le surpoids. Fait important: un adulte qui consomme une ou plusieurs boissons sucrées chaque jour accroît la probabilité d’être obèse de 27 %. Du côté des enfants, la consommation d’une boisson gazeuse par jour augmente le risque de 60 %.
Une dizaine d’organisations appuient l’initiative de la Coalition Poids, notamment la Fondation des maladies du cœur du Québec, l’Institut de cardiologie de Montréal, l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, le Conseil québécois sur le poids et la santé et l’Association pour la santé publique du Québec.
Un pas dans la bonne direction
L'idée de taxer les boissons gazeuses pour lutter contre l'obésité paraît séduisante, mais elle n’est toutefois pas une solution miracle. Selon un rapport rendu public à l'automne 2010 lors du Congrès canadien pour la santé cardiovasculaire, rien ne permet de conclure avec certitude que la hausse du prix des boissons sucrées inciterait les consommateurs à remplacer leur boisson gazeuse par un jus meilleur pour la santé. Néanmoins, le rapport souligne que cette taxe aurait probablement des effets bénéfiques sur la santé publique, notamment en envoyant un message fort à la population.
Des études de l'Institute of Medicine of the National Academies et de l’Organisation de coopération et de développement économiques concluent que ce type de taxe est une stratégie prometteuse et une mesure fiscale incitative porteuse.
La vie sucrée des Américains
Aux États-Unis, le Center for Science in the Public Interest et des organismes publics de santé ont développé un site Web visant à inciter les Américains à réduire leur consommation de boissons gazeuses et autres jus sucrés. La campagne Life’s Sweeter with Fewer Sugary Drinks compte abaisser la consommation de boissons à trois canettes par personne par semaine d'ici 2020. Il faut dire que, chez nos voisins du Sud, les boissons sucrées représentent la majorité des calories ingérées, et comptent pour plus de la moitié du sucre consommé.
L'industrie américaine des boissons produit l'équivalent d'au moins neuf canettes de boissons sucrées par personne par semaine. Les agences de santé de Boston, de Los Angeles, de Philadelphie, de San Antonio et de Seattle affirment que la lutte contre de telles boissons représente l'une de leurs meilleures stratégies pour réduire le taux d'obésité, le diabète, les maladies du cœur et d'autres problèmes de santé.
Photo: iStockphoto
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