Fruits et légumes: tout un «buzzzzz» à l’horizon
À quoi ressemblerait votre supermarché si les abeilles disparaissaient de la surface de la Terre? À une succession de tablettes vides!
Source: PRNewsFoto/Whole Foods Market
Une éventuelle extinction des abeilles aurait de graves conséquences sur l’approvisionnement en fruits et en légumes. En effet, ces célèbres insectes butineurs jouent un rôle essentiel dans la pollinisation – donc dans la reproduction – de 85 % des espèces végétales.
L’organisme de protection des animaux The Xerces Society et la chaîne de distribution de produits bios Whole Food ont illustré le scénario catastrophe de la disparation des abeilles: ils ont retiré des rayons d’un supermarché tous les produits qui dépendent de la pollinisation des abeilles. Le résultat fait peur!
«De 30 à 40 % de nos aliments dépendent directement de la
pollinisation par les abeilles, qu’elles soient domestiquées ou
sauvages», rappelle Madeleine Chagnon, biologiste et enseignante en
écologie et environnement agroalimentaire à l’Université du Québec à
Montréal.
Les principales cultures menacées au Québec: bleuet, canneberge,
canola/colza, citrouille, concombre, courge (zucchini), fraise,
framboise, poivron, pomme, raisin.
Si certaines plantes, comme le blé, le maïs ou
la pomme de terre, n’ont pas besoin d’être pollinisées, la plupart des
espèces végétales ne peuvent produire leurs fruits seules. Elles ont
besoin des insectes pollinisateurs comme les abeilles qui, en butinant
de fleur en fleur pour recueillir le nectar, transportent aussi le
précieux pollen qui permet la fécondation entre plantes mâles et plantes
femelles. «Pommes, citrouilles et bleuets dépendent à plus de 95 % des
insectes pollinisateurs», poursuit la biologiste.
Phénomène planétaire
Or, depuis plusieurs années, les apiculteurs et la
communauté scientifique s’inquiètent du déclin des colonies d’abeilles
partout dans le monde. L’usage massif des pesticides agricoles et le
recul de la biodiversité expliqueraient en grande partie ce phénomène.
Dans une étude publiée au printemps dernier, le
ministère américain de l’Agriculture confirme que près du tiers des
colonies d’abeilles aux États-Unis ont disparu au cours de l’hiver 2013
Nutriments importants
Les plantes pollinisées nous apportent la majorité des éléments nutritifs nécessaires à notre santé. En 2011, une étude menée par des chercheurs allemands et américains a révélé que les cultures qui dépendent des insectes pollinisateurs contiennent plus de 90 % de la vitamine C et la majorité des antioxydants, lipides, vitamine A, calcium, fluorure et acide folique dont nous avons besoin. «Le déclin des insectes pollinisateurs peut exacerber les difficultés actuelles à fournir une alimentation nutritionnellement adéquate à l’échelle de la planète», concluaient les chercheurs.
«On ne veut pas affoler les gens, ajoute Madeleine Chagnon, mais on veut leur faire prendre conscience des risques. Parce que si rien n’est fait pour atténuer le déclin des colonies d’insectes butineurs, la situation pourrait rapidement devenir alarmante.» Tant pour les abeilles que pour nous!
Des gestes au quotidien
Oui, on peut soutenir les abeilles dans leur mission! Par exemple en achetant des produits issus de l’agriculture biologique, qui favorise des écosystèmes biodiversifiés et exclut l’utilisation de pesticides.
On peut également faire pousser chez soi des fleurs qui favorisent la pollinisation: lavande, marjolaine, fenouil, giroflée arbustive et thym.
Pour en savoir plus
Semaine des pollinisateurs: regard sur les abeilles et leurs enjeux – Agriculture urbaine Montréal
Causes et effets du déclin mondial des pollinisateurs et les moyens d’y remédier (PDF) – Fédération canadienne de la faune
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