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Changement d'heure : cinq effets avérés sur la santé

Par Maïté Belmir
fatigue-changement-heure The Faces/Shutterstock.com

Chaque année, le passage à l’heure d’été fait couler beaucoup d’encre. Les personnes qui prétendent que ce changement a des effets sur la santé n’ont pas tout à fait tort.

L’automne 2022, au dernier changement d’heure, un sondage mené par Narrative Research indiquait que 85 % des Canadiens étaient en faveur de l’élimination de l’heure d’été. Chaque année, au mois de mars, se pose la même question : on gagne une heure de clarté, d’accord, mais perd-on aussi quelque chose côté santé ?

Eh bien, il semble que oui ! D’après plusieurs publications scientifiques, le changement d’heure aurait un effet réel sur la santé de bien des personnes.

1. L’horloge biologique déréglée

Commençons par l’horloge biologique que nous avons tous en nous, aussi appelée rythme circadien, la première à devoir s’adapter à l’heure d’été. Cette horloge interne régit l’équilibre de l’être humain à partir d’un cycle court calqué sur la rotation de la planète : un jour, une nuit. Ce cycle orchestre un bon nombre de nos fonctions physiologiques, de la température du corps aux changements hormonaux en passant par la pression sanguine. C’est lui qui, par exemple, va stimuler les signes de la faim ou du sommeil.

Selon Joseph De Koninck, professeur émérite au Laboratoire du sommeil de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’Université d’Ottawa, le passage à l’heure d’été a des effets réels sur ce cycle : « Le changement d’heure décale l’horloge biologique qui doit s’avancer de 60 minutes », dit le spécialiste.

2. Décalage social 

Pour beaucoup, c’est sans conséquence. Mais d’autres, en revanche, peuvent souffrir de ce qu’on appelle le décalage social, ou social jetlag, explique  Joseph De Koninck : leur vie n’est pas ou plus adaptée à leur rythme biologique. Ce décalage peut aussi être provoqué par le fait de veiller le soir à la lumière artificielle, ou encore à force de passer une partie de la nuit sur des écrans (à se demander d’ailleurs si nous ne sommes pas déjà toutes et tous atteints de décalage social !).

3 et 4. Côté cœur, côté cerveau 

L’heure « avancée », comme on l’appelle aussi, peut avoir des conséquences plus graves, notamment pour des personnes souffrant de maladies chroniques.

Par exemple, une étude réalisée en 2016 par des médecins et chercheurs finlandais en neurosciences indiquait que le nombre d’accidents cérébrovasculaires (ACV) aurait légèrement augmenté au cours des deux jours qui suivent le changement d’heure. Pas phénoménal, mais noté.

Côté cœur, jouer avec la petite aiguille du cadran n’est pas totalement anodin non plus, si l’on en croit l’article de Richard Cytowic paru dans la revue scientifique Psychology Today. Le neurologue américain relève que le risque d’un accident cardiaque augmenterait de 5 à 15 % dans les jours qui suivent le passage à l’heure d’été, et de 24 % le lendemain du changement. Il appuie ses dires sur un article publié en 2020 par l’Académie américaine de la médecine du sommeil (AASM, pour American Academy of Sleep Medicine). Celle-ci a recensé une demi-douzaine d’études sur la question. Renoncer au changement d’heure pourrait-il éviter quelques accidents cardiaques ?

5. Insomnie

Les personnes atteintes d’insomnie, elles non plus, ne sont pas épargnées. D’après le professeur De Koninck, le passage à l’heure d’été exacerbe leurs symptômes dans les jours qui suivent. Ces insomniaques forment tout de même 6 % à 10 % de la population, selon les données de Statistique Canada.

Et les aînés, parmi eux, sont aux premières loges : « Contrairement aux enfants, qui s’en remettent plus facilement, le sommeil des aînés est plus fragile et leur horloge biologique est moins flexible », explique le professeur De Koninck.

Des effets plus larges

Horloge biologique déréglée, décalage social, risques accrus d’ACV ou de crise cardiaque, insomnie : voilà déjà cinq effets bien tangibles que des chercheurs ont mesurés.

Mais il y en a d’autres.

Dans le monde du travail, par exemple, des chercheurs américains ont noté l’accroissement des accidents dans la semaine qui suit le changement d’heure (+ 6 % en 2009).

L’AASM relève, de son côté, que les perturbations du sommeil modifient légèrement les résultats de tests de cognition dans les jours suivant ce changement horaire. Elle s’inquiète aussi des effets sur les accidents de la route.

D’autres chercheurs ont pointé l’accroissement d’erreurs dans le monde médical, plus fréquentes la semaine qui suit le passage à l’heure d’été, comme relate l’étude présentée au Congrès européen SLEEP 2020 et publiée dans la revue scientifique de l’université d’Oxford. L’augmentation serait de plus de 18 %, de quoi inquiéter les patients !

Dormir plus et sortir tôt

Pour éviter ces effets du manque de sommeil et faciliter l’adaptation de notre cycle circadien, les spécialistes recommandent :

  • De prendre des nuits d’au moins sept heures de sommeil quelques jours avant et après le changement d’heure, bref de vivre une semaine avec de vrais dodos ;
  • De décaler progressivement notre vie au fil de la semaine qui précède pour habituer déjà notre corps à l’heure d’été;
  • De sortir tôt le dimanche qui suit le changement d’heure et d’exposer notre corps au soleil matinal pour faciliter l’adaptation de notre horloge biologique.

Une décision économique

« Pour justifier le passage à l’heure d’été, on évoque souvent les avantages économiques. Mais, finalement, il y a aussi beaucoup de conséquences néfastes sur la santé », mentionne Joseph De Koninck.

Le changement d’heure a été mis en place au début du 20e siècle. Les experts de l’époque estimaient que d’avancer ou reculer l’horloge ferait économiser l’électricité en optimisant les heures en pleine lumière du jour.

La date de ce changement a ensuite été modifiée pour des raisons écologiques : depuis 2007 au Québec, l’heure d’été dure quelques semaines de plus à l’automne pour profiter le plus longtemps possible de la lumière naturelle et faire des économies d’énergie.

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  • Par Michel Verdon
    03 Mars 2023

    Et si on voyage dans un autre fuseau horaire est-ce les mêmes impacts?

  • Par Michel Élie
    07 Mars 2023

    Le problème étant le changement d’heure, pourquoi ne pas garder l'heure avancée toute l'année ? Dans mon entourage, le consensus serait d'abolir l’heure d’hiver !

    L’application des fuseaux horaires sur la planète est une convention. Une personne vivant à Gaspé n’a pas la même horloge biologique qu’une autre vivant à Toronto et pourtant elles ont le même fuseau horaire. Et si je ne m’abuse la France et une grande partie de l’Europe vivent constamment à l’heure avancé par rapport à l’heure dite normale (UTC-Greenwich), UTC+1 l'hiver et UTC+2 l’été et ce bien que le méridien de Greenwich (UTC+0) traverse la France...

  • Par Michelle Garneau
    11 Mars 2023

    Entièrement d'accord avec Michel Élie, c'est l'heure d'hiver qu'il faudrait abolir!

  • Par Michel Crevier
    11 Mars 2023

    Cycle circadien: Si on devait annuler les changements d’heures , basé sur certaines statistiques plus ou moins appuyées ou incomplètes, devrions-nous renforcer les impacts de tous voyages intercontinentaux ou mêmes provinciaux basés sur les mêmes statistiques adaptées aux voyages? Irions-nous encore en Floride en auto ou en Europe…? Quelle est la proportion réelle des gens affectés ?Ce qui est bon pour Milou est….