Comment réduire la présence des rats à Montréal ?

Entre quatre et six millions d’individus : c’est le nombre de rats vivant dans les canalisations souterraines de la métropole du Québec, estime l’exterminateur Nathaniel Leavey, copropriétaire des Entreprises Maheu.

Ce chiffre déjà astronomique pourrait grimper rapidement si la Ville ne répare pas ses égouts. « Avec un réseau d’égouts en bon état, on ne verrait pas les rats sortir ni venir se nourrir comme ils le font en ce moment », dit le spécialiste.

La vétusté des infrastructures n’explique pas tout. L’accroissement du nombre de chantiers de construction, avec les ouvertures que cela provoque dans le sous-sol, facilite aussi le va-et-vient entre la ville du dessus et celle du dessous. La quantité de nourriture et de déchets facilement accessibles contribue également à la hausse de la population de rattus norvegicus, alias le rat d’égout.

Récemment, l’opposition à l’administration municipale a demandé de remplacer les poubelles ouvertes dans les espaces publics par des poubelles fermées, de bonifier les brigades de propreté et de dératiser systématiquement les lieux lors de travaux sur le réseau d’égouts.

« Chaque fois qu’il y a une réparation dans les égouts, l’entrepreneur devrait appeler un exterminateur afin d’empêcher les rats de sortir », suggère Nathaniel Leavey.

Des habitudes à adopter

La Ville n’est pas la seule responsable de la prolifération de ces bestioles. Les citoyens ont eux aussi leur part : « Durant la pandémie, les gens ont consommé beaucoup et sont davantage restés chez eux, ce qui a entraîné plus de déchets dans les quartiers résidentiels, observe Nathaniel Leavey. Par conséquent, le nombre de rats a augmenté. »

Selon lui, les Montréalais peuvent poser certains gestes pour inverser la tendance :

- Attendre la journée de la collecte d’ordures avant de déposer les déchets au bord du chemin.

- Mettre les déchets dans des bacs et des conteneurs de grandeur adéquate pour qu’ils ne débordent pas.

- Faire du compost et récupérer davantage afin de réduire la quantité de déchets dans les poubelles.

- Ne pas laisser traîner de nourriture autour des résidences.

- Garder son environnement propre. Par exemple, les citoyens devraient couper les herbes hautes afin de détecter plus rapidement la présence de rats. De plus, il faudrait proscrire les cordes de bois sur le côté des maisons, car elles peuvent servir de cachette aux rats.

Une descendance exponentielle

Nathaniel Leavey souligne qu’une femelle peut avoir six portées de 6 à 12 petits par année, soit un total de 50 petits. « Un couple de rats peut engendrer 5 000 rats par an, si les descendants se reproduisent à leur tour », indique-t-il.

Selon l’exterminateur, Montréal aurait intérêt à mettre en place un plan d’action comprenant, entre autres, une campagne de sensibilisation auprès des citoyens et commerçants, et à imposer des amendes aux propriétaires de poubelles qui débordent, comme cela a été fait à New York. 

« À l’heure actuelle, le problème est important, mais il pourrait empirer, et il ne faudrait pas que cela devienne le cas », dit-il.

Comment se débarrasser d’un rat ?

La hausse de la population de rats est visible dans les parcs, mais aussi dans les maisons, les condos et les appartements. Selon l’industrie de la gestion parasitaire, les demandes pour les exterminations auraient quadruplé en 2022 par rapport aux années précédentes. Le coût d’une visite d’un exterminateur peut varier entre 150 $ et 200 $.

Dans la grande majorité des cas, les problèmes d’égouts expliquent la présence du rat dans une résidence. « Des fois, l’égout n’est pas étanche, un tuyau a été oublié quelque part, un drain est brisé ou n’est pas grillagé », note Nathaniel Leavey. Parfois, par exemple, le clapet des systèmes sanitaires ne fonctionne pas bien, ce qui permet à « riton » de s’infiltrer incognito par la salle de bains.

Si un rat a élu domicile chez vous, comment le faire sortir ? L’exterminateur recommande d’éteindre toutes les lumières, d’ouvrir la porte d’entrée et de chasser l’indésirable en faisant du bruit pour qu’il déguerpisse. Il est possible aussi d’installer des trappes pour capturer le rongeur.

Peu importe la méthode, ce n’est cependant jamais une bonne idée de tenter de frapper l’animal avec un manche à balai ou tout autre objet. « Si le rat a mal, il va avoir l’instinct de se défendre. Il pourrait sauter dans vos jambes et vous mordre. Méfiez-vous, car le rat exerce une force extraordinaire avec sa mâchoire ! Mais tant que vous ne lui faites pas mal, le rat est un animal peureux », conclut l’expert.

En plus d’appeler un exterminateur, les Montréalais peuvent aussi communiquer avec la Ville en composant le 311 pour signaler la présence d’un rat.

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