Péage du pont A-25: payant aussi pour le gouvernement
Le péage du pont de l’autoroute A-25 ne fait pas que des mécontents: le gouvernement encaisse aussi des revenus qui sont ensuite versés au Fonds des réseaux de transport terrestre.

Photo: Shutterstock
Le ministère des Transports du Québec (MTQ) vient de rendre publics les revenus tirés de la toute première entente de partenariat public-privé (PPP) visant le secteur routier au Québec. Durant sa première année d’exploitation, le pont Olivier-Charbonneau, qui relie désormais l’est de l’île de Montréal à Laval, a rapporté plus de cinq millions de dollars dans les coffres de l’État.
Inauguré en mai 2011, ce pont de six voies qui enjambe la rivière des Prairies a ramené le péage sur les routes québécoises. Il est géré selon un PPP conclu en 2007 entre le MTQ et Concession A25, l’entreprise privée chargée de la conception, de la construction, de l’exploitation et de l’entretien du pont pour une durée de 35 ans.
Partage des revenus
Cette entente prévoit le partage des revenus du péage entre cette entreprise et le gouvernement: au-delà d’un certain seuil de revenus annuels (9 millions de dollars pour 2011-2012), le MTQ empoche 50 % des revenus, ce qui a donné la somme de 5,3 millions de dollars. On ignore toutefois combien Concession A25 a récolté pour la même période, car le PPP n’oblige pas l’entreprise privée à dévoiler ses gains.
Les revenus tirés de l’exploitation du péage sont reversés au Fonds des réseaux de transport terrestre, «afin de financer des travaux sur le réseau routier, les infrastructures ou le transport en commun», précise Sarah Bensadoun, porte-parole du ministère des Transports. L’argent provenant du péage rejoint donc les sommes issues de la taxe sur les carburants, les droits sur les permis et l’immatriculation, etc.
Trafic payant
Selon Sarah Bensadoun, la première année de mise en service du pont à péage a été plus que satisfaisante. «Le bilan d’exploitation est positif. L’achalandage, qui a été croissant tout au long de l’année, confirme la raison d’être du pont», soutient-elle.
Le rapport confirme en effet que l’achalandage a augmenté de façon continue tout au long de la première année: 11,1 millions de passages ont été comptabilisés entre mai 2011 et mai 2012, soit en moyenne 35 000 véhicules par jour à la fin de cette période.
«Ce dont Concession A25 est le plus fière, c’est le taux d’utilisation des transpondeurs, ces vignettes électroniques qui permettent d’identifier l’usager, dit son directeur des communications, Pierre Brien. À la fin de la première année, déjà plus de 80 % des gens l’utilisaient».
Ce taux d’adhésion n’a toutefois rien de surprenant quand on sait que le tarif sans transpondeur se veut plutôt dissuasif: des frais supplémentaires de 5,15 $ s’ajoutent alors à chaque passage.
Des nouvelles du recours collectif
D’ailleurs, ces frais supplémentaires ne cessent de faire jaser… et grogner. Des milliers d’automobilistes sans transpondeur ont reçu une facture par la poste exigeant le paiement de ces frais administratifs supplémentaires qui étaient annoncés aux entrées du pont, mais de façon inadéquate. Porté par l’Union des consommateurs, un recours collectif a été déposé auprès de la Cour supérieure du Québec et accepté en janvier 2013.
Ce recours vise notamment le remboursement des frais administratifs ajoutés par Concession A25 au prix affiché. «Les procédures suivent leur cours, mais elles peuvent prendre du temps, précise Philippe Viel, responsable des communications à l’Union des consommateurs. La situation continue à générer une grogne incroyable chez les usagers. Les frais supplémentaires de 5,15 $ sont désormais affichés, mais toujours pas le montant total incluant les frais de passage de base. Les automobilistes à qui on les charge rejoignent donc à leur tour le recours collectif.» L’Union des consommateurs fait valoir que l’affichage actuel ne respecte toujours pas la Loi sur la protection du consommateur.
Philippe Viel recommande par ailleurs aux usagers de payer leur facture sans attendre la conclusion du recours, car des pénalités s’ajoutent aux frais déjà réclamés.
Du côté de Concession A-25, on se garde de commenter une procédure «qui n’en est qu’à ses débuts», remarque Pierre Brien. Il affirme que les panneaux en place répondent aux exigences du Répertoire des dispositifs de signalisation routière du Québec. «Ce n’est pas à nous de juger si ces panneaux sont conformes ou non. Pour l’heure, nous nous concentrons sur nos opérations: la gestion et l’entretien du pont.»
Le pont en quelques chiffres
- Au cours de la première année d’opération, 17 000 appels par mois, en moyenne, ont été acheminés au centre de service à la clientèle de Concession A25, en plus de 3 000 courriels et demandes d’information écrites.
- En mai 2012, 82 % des passages ont été effectués avec un véhicule relié à un compte client et donc équipé d’un transpondeur – une vignette électronique collée sur le pare-brise.
- Plus de 175 000 véhicules sont actuellement munis d’un transpondeur pour le pont A25.
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