Trop dur de résister à sa carte de crédit!
Pour un Québécois sur cinq, la carte de crédit pousse à la dépense.
Un Québécois sur cinq affirme que la carte de crédit est une incitation à acheter davantage que ne lui permet son budget. C’est ce que révèlent les résultats d’un sondage sur les attitudes et les perceptions de la population en regard des cartes de crédit, publiés le 17 novembre par la Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ).
«Dans notre pratique, on observe que les gens trouvent normal d’être endettés et que la majorité de ceux qui se retrouvent dans nos bureaux sont endettés à cause d’une surutilisation des cartes de crédit, déclare par voie de communiqué Mme Michèle Goyette, consultante budgétaire et porte-parole de la campagne Dans la marge jusqu’au cou!. La société d’hyperconsommation nous envoie l’image qu’il est normal de dépenser plus que ne le permet le budget et la carte de crédit est un instrument trop facile d’accès».
Parlant d’hyperconsommation, on notera qu’au chapitre des usages les plus fréquents d’une carte de crédit, les achats non essentiels figurent en très bonne place: le fait de se gâter apparaît en tête du total des mentions (37 %), suivi de près par l’achat de biens essentiels (36 %). Viennent ensuite le fait de profiter d’une occasion (33 %), de palier à une urgence (27 %) ou encore de combler un manque de revenus (9 %).
1 700 $ de dette moyenne pour les 14-21 ans
L’enquête révèle aussi que 22 % des Québécois âgés de 14 à 21 ans disposent d’une carte de crédit, contre 3 % qui en auraient deux et 75 % aucune.
Dans cette tranche d’âge, quatre répondants sur dix entretiennent une perception négative du paiement par carte de crédit: 22 % y voient plutôt un risque pour leur santé financière et 19 %, un outil de paiement superflu.
Parmi les 14-21 ans disposant d’au moins une carte de crédit:
• 76 % auraient une dette de moins de 1 000 $;
• 7 % entre 1 000 et 2 000 $;
• 5 % entre 2 000 et 5 000 $;
• 5 % entre 5 000 et 10 000 $;
• 3 %, au-delà de 20 000 $.
Au total, la dette moyenne de l’ensemble des répondants âgés de 14 à 21 ans disposant d’une carte de crédit serait de 1 700 $. Pour ce qui est de la marge de manœuvre quant aux paiements des cartes de crédit, 23 % des 14-21 ans possédant au minimum une carte de crédit ont déclaré qu’ils éprouveraient certains problèmes à rencontrer leurs exigences de paiements advenant une baisse de revenus ou une perte d’emploi.
Une perception biaisée de sa situation d’endettement Le sondage met aussi en avant d’importantes disparités entre les perceptions de la population et les réalités de l’endettement. Par exemple, alors que 91 % des répondants à l’enquête affirment que leur niveau d’endettement est sous contrôle et raisonnable, une étude du Bureau du surintendant des faillites publiée en 2009 révèle que les Canadiens sont endettés à 145 % de leur revenu disponible annuel.
«L’analyse de ces résultats démontre pertinemment que la population a, en général, une perception biaisée de sa situation d’endettement et que les problèmes financiers demeurent un sujet tabou dans notre société», note Mme Goyette.
Les associations de consommateurs réclament des actions
Pour les associations de consommateurs, le gouvernement a un rôle à jouer pour freiner la croissance de l’endettement. Elles proposent notamment d’interdire la sollicitation et la publicité sur le crédit:
• auprès des jeunes de moins de 18 ans;
• auprès des jeunes dans les lieux qu’ils fréquentent, notamment les établissements scolaires;
• par la poste, par téléphone, par Internet, etc.
Le Journal de Québec annonçait justement, le jour même de la publication du sondage, que Jean-Marc Fournier, ministre responsable de la Loi sur la protection du consommateur, souhaitait convaincre les institutions financières et les commerces de resserrer l’accès au crédit.
Il rencontrera les associations de commerçants et les institutions prêteuses dans les semaines à venir, mais n’a pour l’instant rien révélé des mesures envisagées pour les encadrer davantage.
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