Responsabilité sociale des commerçants: pas dupes, les consommateurs!
Pensez-vous plus à vous qu’au respect de l’environnement? Vous n’êtes pas seul: c’est le cas d’une grande majorité de Québécois.
Aux yeux des consommateurs, la responsabilité sociale d’un détaillant passe d’abord par le respect des droits des employés (95 %) et des clients (94 %), avant le respect de l’environnement (89 %) ou le soutien à des causes humanitaires (70 %). C’est ce que révèle une étude* sur la perception qu’ont les Québécois de l’engagement responsable des détaillants menée par l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable (OCR).
«De plus en plus d’entreprises s’engagent à adopter des politiques d’approvisionnement responsable, mais, pour beaucoup de consommateurs et de détaillants, ce concept n’est pas encore très clair», explique Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la consommation responsable et du groupe de recherche. L’Observatoire a donc enquêté sur cette question à la demande du Conseil québécois du commerce de détail, en vue de son Colloque sur l’approvisionnement stratégique responsable, qui s’est tenu le 13 novembre.
Selon l’étude, seul un Québécois sur deux (54 %) a déjà entendu parler de ce qu’est une politique d’approvisionnement responsable. Toutefois, pour la majorité des gens, «il y a une certaine compréhension du concept», fait remarquer Fabien Durif. Plus de 84 % d’entre eux estiment qu’un détaillant responsable doit être transparent sur l’origine des produits qu’il vend et prendre en compte les impacts environnementaux de ses activités. Dans une même proportion, il doit aussi privilégier les fournisseurs locaux, de même que ceux qui génèrent des retombées environnementales et sociales positives, tout en sensibilisant ses clients aux achats éco-responsables.
Clients méfiants Beaucoup de consommateurs sont toutefois sceptiques sur les motivations des commerçants à s’engager. Si 56 % croient au «pur altruisme», 80 % estiment qu’ils le font «parce que ça leur permet d’avoir plus de clients» et d’«accroître leurs profits». Ils sont encore plus nombreux à penser que les entreprises veulent avant tout se faire de la publicité (88 %). Même qu’environ la moitié des répondants croient que «la plupart des détaillants sont prêts à mentir s’ils peuvent en tirer profit» (59 %) ou qu’ils «cherchent systématiquement à nous manipuler» (45 %). Cependant, selon les auteurs de l’étude, «la perception d’un comportement stratégique ne semble pas remettre en cause leur motivation altruiste». Autrement dit, les Québécois acceptent que leur engagement comporte un aspect commercial s’il en résulte de bonnes pratiques sociales et environnementales. Surtout, ils n’aiment pas se faire dorer la pilule: selon 91 % des répondants, un détaillant vraiment responsable ne présente pas ses produits comme plus verts qu’ils le sont… |
| Top 5 des détaillants perçus comme étant les plus responsables
Fait intéressant: plus de la moitié des répondants (53 %) sont incapables de nommer spontanément un détaillant socialement responsable. |
Responsabilité valorisée
L’étude prouve que l’engagement social et environnemental des détaillants a tout de même un effet direct sur la perception des consommateurs. Ils disent se sentir alors plus proches de l’entreprise concernée (63 %), y être plus attachés (62 %) et avoir plus confiance en elle (60 %) qu’en un compétiteur non engagé. «Ce n’est pas une surprise: un détaillant engagé reçoit une certaine valorisation, essentiellement une meilleure image de marque», souligne Fabien Durif. À l’inverse, 54 % des répondants pensent que les commerçants sans politique d’approvisionnement responsable «manquent de valeurs morales». La moitié des consommateurs font d’ailleurs «moins confiance» à ces derniers qu’à leurs compétiteurs engagés.
Les consommateurs parlent
- 41 % seraient prêts à boycotter un détaillant sans politique d’achat ou d’approvisionnement responsable.
- 48 % ont une mauvaise image des détaillants qui n’offrent pas de produits et services éco-responsables.
- 89 % estiment qu’un détaillant responsable rend ses activités commerciales plus respectueuses de l’environnement.
- 66 % pensent que, si les détaillants prétendent avoir une ligne de conduite quant à l’honnêteté et la moralité, peu d’entre eux la conservent lorsque l’argent entre en jeu.
- 76 % préféreraient acheter les produits et services de détaillants engagés plutôt que ceux de détaillants qui ne le sont pas.
*L’étude La valorisation par les Québécois de l’engagement responsable des détaillants s’appuie sur des données recueillies auprès d’un échantillon non probabiliste de 1 706 internautes rejoints au cours de deux enquêtes successives menées du 23 septembre au 8 octobre 2013 par le biais d’un panel Web de MBA Recherche.
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