Inflation: hausse des vols à l’étalage

Alors que l’inflation s’est établie à 5,4 % (+0,3) au Québec et à 5,7 % (+0,6) au Canada en février, des sommets vieux de 30 ans, il y aurait plus de vols à l’étalage et à la pompe selon les Associations des détaillants en alimentation du Québec (ADA) et des marchands dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ). «Un de nos membres m’a fait part de deux vols dans une même semaine, un de 60 $ et l’autre de 100 $… Il faut dire que si cela se rend jusqu’à moi, ça veut probablement dire qu’il y a d’autres membres qui en ont subi aussi», souligne en entrevue Yves Servais, directeur général de l’AMDEQ.

Davantage de vols en épicerie

La situation est différente dans les supermarchés. «Oui, il y a plus de vols en épicerie», assure Stéphane Lacasse, directeur des affaires publiques et gouvernementales à l’Association des détaillants en alimentation du Québec. Mais les détaillants sont aux aguets.

Le directeur indique qu’il ne peut cependant chiffrer les vols, car les détaillants préfèrent garder ces informations à l’interne. Il affirme qu’il y a aussi davantage de tentatives de vol, donc des méfaits dont les auteurs sont pris sur le fait, depuis que l’inflation est élevée. Par exemple, le bœuf coûte 16,8 % de plus qu’il y a un an, le poulet 10,4 % et les produits laitiers et les œufs, 6,9 %, rapportait Statistique Canada à la mi-mars.

Vu le contexte économique plus difficile et la hausse des vols, il y a davantage de prévention qui s’effectue en épicerie et auprès des employés eux-mêmes. «Desjardins, par exemple, vient de me contacter afin de faire de la prévention chez nos membres. Et des services de sécurité privés m’ont aussi contacté pour proposer leurs services», indique Stéphane Lacasse.

Vols d’essence

La hausse des prix à la pompe a fait mal au portefeuille des propriétaires de véhicules équipés d’un moteur à combustion. On a vu des prix à la pompe allant de 1,70 à plus de 2 $ le litre au Québec dans les jours qui ont suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Si les médias ont parlé de quelques cas récents de siphonnage de réservoirs d’essence de véhicule, le phénomène semble marginal. Les commerçants font plutôt état de vols à la pompe: des clients partent sans payer leur dû.

Il est toutefois difficile de dire s’ils sont réellement plus nombreux qu’avant, selon Ann Mathieu et Marie-Pier Rivard, respectivement porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ) et du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ). Même son de cloche au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). C’est qu’il n’existe pas de données relatives au vol d’essence, qui sont regroupées dans la catégorie des «vols de moins de 5 000 $». Les statistiques des services de police ne permettent donc pas de connaître le nombre de vols d’essence.

«On a quand même entendu dire que le phénomène a été soulevé à certains endroits», ajoute M^me Mathieu, de la SQ, qui conseille aux citoyens de porter plainte s’ils sont victimes d’un vol d’essence, à leur domicile par exemple, ou de signaler un incident dont ils sont témoins.

«Il faut dénoncer, même si vous ne réclamez pas de dommages à votre assureur», insiste-t-elle, rappelant qu’il n’est pas obligatoire de déclarer à l’assureur un vol ou un accident sans dommages à autrui si on paie soi-même les réparations. C’est important d’aviser la police, même si cela peut sembler banal. Une seule plainte n’a pas le même impact que s’il y en a 50. «Au tribunal, ça peut changer la donne», affirme la porte-parole.

Des comportements à surveiller pour prévenir les vols

• Portez attention à ce qui se passe dans votre voisinage: des passants à des heures inhabituelles, des inconnus stationnés à proximité, des livraisons de colis, des travailleurs dans les environs…
• Protégez votre véhicule et rendez-le difficile d’accès aux voleurs.
• Dissuadez les voleurs de choisir votre maison en leur compliquant la tâche: entrée éclairée et dégagée, véhicule visible de la maison et de la rue.

>> À lire aussi: Le vol de catalyseurs: un fléau qui ne ralentit pas