Indice Kijiji: le seconde main rapporte gros
Vous pourriez économiser près de 500 $ par année en achetant des biens usagés plutôt que des articles neufs.

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Une étude sur l’économie de seconde main menée par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et financée par le site de petites annonces Kijiji révèle que 84 % des Canadiens ont participé à l’économie de seconde main au cours des 12 derniers mois, ce qui englobe le don, l’échange, le prêt, l’achat et la vente d’articles usagés. Selon le rapport 2016 publié le 1er mars, ils ont en moyenne accordé une deuxième vie à 77 objets (acquisition ou délaissement) et ont dépensé en moyenne 960 $ pour ces articles. Ils estiment les avoir payés moitié moins cher que s’ils les avaient achetés neufs, soit une économie de 480 $.
«On voit que c’est devenu une nouvelle façon de consommer», indique Fabien Durif, directeur de l’Observatoire de la consommation responsable de l’UQAM et coauteur de l’étude. Il souligne que plus de 1,8 milliard de produits ont connu une deuxième vie, soit près de 25 millions de plus que lors de la première étude, publiée en 2015.
Un marché de 33 milliards
Les auteurs de l’étude estiment que l’économie de seconde main génère une activité économique de 33 à 36 milliards de dollars et soutient environ 300 000 emplois au Canada. C’est que l’achat d’articles d’occasion ne fait pas que remplacer celui d’articles neufs. En effet, seulement le tiers des acheteurs auraient acquis un produit neuf s’il ne l’avait pas trouvé usagé, indique le rapport. Les deux autres tiers n’auraient tout simplement pas fait la dépense. C’est dire que des dépenses d’environ 19 milliards de dollars n’auraient pas eu lieu.
Et si les Canadiens avaient acheté de nouveaux articles au lieu de biens d’occasion, seulement 900 millions de dollars auraient été accumulés au Canada, poursuivent les chercheurs, car environ 90 % des produits achetés neufs auraient été des importations. Ils estiment ainsi que l’achat de biens d’occasion plutôt que neufs représente une augmentation nette de près de 8,1 milliards de dollars dans l’activité économique du pays.
«L’économie de seconde main a toujours existé, mais nous avions très peu d’information sur le marché que ça représentait, explique Fabien Durif. Pour une deuxième année, cette étude nous aide à mieux comprendre le phénomène, qui a connu une réémergence avec l’arrivée des petites annonces en ligne, et à voir l’évolution du profil des consommateurs de produits de seconde main. Alors que, dans les années 1980, on voyait surtout des gens à faible revenu ou qui cherchaient des produits spécifiques dans les brocantes, aujourd’hui, c’est plus diversifié. On va voir, par exemple, des gens nantis chercher des vêtements vintage dans les friperies.»
Le Québec à la traîne
Les Québécois sont parmi ceux qui contribuent le moins à l’économie de seconde main. L’indice provincial a tout de même grimpé de 17 points par rapport à l’an dernier, passant de 50 à 67, ce qui signifie que les consommateurs ont en moyenne prolongé la vie de 67 objets au lieu de 50. Cette augmentation leur permet de quitter la queue du classement et de devancer les Maritimes. Les Prairies et l’Alberta sont les régions les plus engagées dans les pratiques de seconde main, avec des indices respectifs de 87 et 82.
Fabien Durif se dit encore incapable d’expliquer les différences entre les provinces, l’étude n’en étant qu’à sa deuxième année. «On voit, et on l’a remarqué aussi dans d’autres études, que les francophones participent moins, que ce soit au Québec ou dans les autres provinces. Est-ce une question culturelle? Parce que les réseaux d’échanges sont implantés depuis moins longtemps? On a des hypothèses, mais on va devoir continuer de creuser le sujet», souligne le chercheur, qui remarque tout de même que les Québécois se comparent à la moyenne des Canadiens quand il est question d’acheter des biens usagers, mais qu’ils sont moins portés vers les pratiques émergentes comme l’échange, le prêt ou la location.
Échanges entre amis
Les transactions de seconde main se font le plus souvent entre des membres de la famille, des amis ou des connaissances, à l’extérieur des réseaux sociaux. Elles sont le cadre de 25,6 % des transactions, comparativement à 15 % dans l’indice 2015, détrônant le site Web Kijiji, qui attire 12,6 % des transactions, par rapport à 17 % l’année précédente.
Les consommateurs privilégient ensuite les magasins ou réseaux à vocation sociale (10,3 %), puis les réseaux sociaux pour les échanges avec la famille et les amis (9,7 %), les friperies (5,9 %) et les réseaux sociaux pour joindre des étrangers (5,3 %). Les sites eBay et Amazon sont beaucoup moins prisés, avec respectivement 1,6 % et 1,4 % des transactions.
«Ça démontre qu’il n’y a plus de gêne à échanger des biens et à acheter d’occasion puisqu’on le fait dans son propre réseau. Je trouve ça extrêmement intéressant. Les gens cherchent aussi à tisser des liens et à se regrouper. On voit, par exemple, des filles monter un vestiaire collectif pour échanger des vêtements», illustre Fabien Durif.
Économie et environnement
Les acheteurs de biens d’occasion cherchent avant tout à économiser, à recycler des objets et réduire les déchets ou à trouver des articles précieux ou rares. Ceux qui vendent ou donnent leurs biens veulent pour leur part se défaire d’objets qui ne servent plus, accomplir une bonne action en aidant les moins fortunés et protéger l’environnement. Les motifs économiques sont des incitatifs moins importants pour eux.
*L’étude est le résultat d’un sondage effectué en ligne par le cabinet MBA Recherche auprès de 5 990 répondants représentatifs de la population canadienne.
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