Courtage direct sans frais : rien n’est vraiment gratuit dans la vie
L’annonce à la fin d’août par la Banque Nationale de l’abandon des frais de commission sur l’achat et la vente d’actions sur sa plateforme de courtage en ligne est comparable à la gratuité du stationnement dans les centres commerciaux. L’entrée est peut-être gratuite, mais les commerçants se reprennent ailleurs…
C’est la comparaison que fait le planificateur financier montréalais Fabien Major pour illustrer ce que signifie l’abandon de ces frais par la Banque Nationale. « La bonne nouvelle, c’est que l’entrée est désormais à zéro dollar. Mais ce n’est que l’entrée », ajoute-t-il.
Ce geste est motivé par cette tendance amorcée initialement aux Etats-Unis, mais aussi adoptée ces derniers mois par des plateformes canadiennes de courtage direct indépendantes des grandes banques : réduire à leur plus simple expression les frais de transaction facturés aux boursicoteurs et aux spéculateurs qui achètent et vendent des actions boursières sur une base très régulière.
Au Canada, l’application de gestion de finances personnelles Wealthsimple offre depuis des mois déjà le courtage sans commission.
« Le courtage direct est très à la mode ces jours-ci. On voit depuis un an que les gens ont plus de liquidités et de temps libres pour les utiliser, observe M. Major. Offrir la gratuité sur les frais d’achat et de vente est une façon d’attirer ces gens vers d’autres services plus payants, comme une marge de crédit, des produits d’assurance, et ainsi de suite. »
D’ailleurs, la plateforme Banque Nationale Courtage direct (BNCD) propose à ses utilisateurs d’autres services de gestion de placements et d’investissement qui continuent à générer des revenus pour la banque montréalaise.
Virage jeunesse pour la BN
De façon plus générale, la Banque Nationale poursuit avec ce geste une offensive dans les services financiers numériques amorcée il y a plusieurs mois. La BN a révisé à la baisse ses frais de courtage dès 2019 pour aller chercher les investisseurs autonomes, souvent de plus jeunes consommateurs de services financiers. La sixième banque en importance au Canada a également investi, ces derniers mois, le marché des technologies financières en investissant notamment dans plusieurs applications et services numériques visant à aider les consommateurs à gérer leurs finances personnelles.
Ce virage numérique est aussi un virage jeunesse, étant donné que les jeunes adultes sont les plus importants consommateurs de services financiers autonomes, qui prennent la forme d’applications mobiles installées sur leur téléphone intelligent.
Les jeunes sont aussi une clientèle plus difficile à aller chercher pour les grandes banques canadiennes, qui tardent à suivre une tendance vers le mobile déjà beaucoup plus avancée dans d’autres pays, notamment aux États-Unis.
La Banque Nationale devient la première grande banque au pays à abandonner les frais de commission sur sa plateforme de courtage direct, mais d’autres institutions pourraient lui emboîter le pas. Pour le moment, aucune autre banque, ni même le groupe Desjardins, propriétaire de la plateforme Disnat, n’a toutefois confirmé son intention de faire de même.
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