À la suite de deux enquêtes au long cours, l’Autorité de la concurrence italienne (AGCM) a sanctionné Apple et Samsung pour «des pratiques commerciales déloyales». L'AGCM reproche aux géants de l'électronique d'avoir lancé des mises à jour logicielles «qui ont provoqué de graves dysfonctionnements et une performance considérablement réduite [d'appareils], ce qui a accéléré leur remplacement».
Apple et Samsung avaient d'une part demandé «avec insistance» aux consommateurs de télécharger des mises à jour sur des téléphones qui n'étaient pas en mesure de les prendre en charge de manière adéquate et, d'autre part, les compagnies n'avaient pas fourni les informations appropriées pour restaurer la fonctionnalité d'origine des produits ou prévenir d'éventuels dysfonctionnements.
Galaxy Note 4 et Marshmallow
Pour Samsung, c'est le téléphone Galaxy Note 4 (mis sur le marché en 2014) qui est au coeur de l'enquête de l'AGCM. À partir de mai 2016, le fabricant a demandé aux consommateurs en possession de cet appareil de procéder à l'installation du nouveau système d'exploitation Android, Marshmallow. Or, Marshmallow est le logiciel installé sur le modèle Galaxy Note 7, mis sur le marché en 2016. Le Galaxy Note 4 n'a donc pas supporté la mise à jour et les consommateurs qui ont procédé à des réparations ont dû le faire à leurs frais.
iPhone 6 et iOS 10
Apple a, pour sa part, «proposé avec insistance» aux propriétaires de différents modèles d’iPhone 6 (6, 6 Plus, 6s et 6s Plus), respectivement mis sur le marché à l’automne 2014 et 2015, d’installer le nouveau système d’exploitation iOS 10 à partir de septembre 2016. Or, iOS 10 avait été développé pour l'iPhone 7. L'installer sur un modèle plus ancien ne prenait en compte «la demande énergétique accrue du nouveau système d’exploitation ni les inconvénients éventuels, tels que les arrêts brusques qu'une telle installation aurait pu entraîner», indique l'AGCM dans un communiqué.
Pour limiter ces problèmes, Apple avait publié une nouvelle mise à jour (iOS 10.2.1) en janvier 2017, sans avertir que son installation pourrait réduire la vitesse de réponse et la fonctionnalité des appareils.
Apple s'est par ailleurs fait taper sur les doigts par le «gendarme» italien pour ne pas avoir fourni d'informations suffisantes aux consommateurs sur certaines caractéristiques essentielles des batteries de ses modèles d'iPhone. Des caractéristiques «telles que la durée de vie moyenne et la détérioration des batteries, ainsi que sur les procédures appropriées pour les entretenir, les vérifier et les remplacer afin de préserver toutes les fonctionnalités des appareils».
Selon notre sondage DataConso sur les mises à jour de systèmes d'exploitation publié le mois dernier, les utilisateurs de iPhone sont plus nombreux que les autres à regretter leur dernière mise à jour : 20 % (contre 16 % pour les appareils concurrents). Les répondants dénoncent surtout les ralentissements causés par les mises à jour.
Une première sanction
Bref, l’Autorité de la concurrence italienne a finalement estimé qu'en rendant obsolètes d'anciens téléphones, Apple et Samsung avaient intentionnellement incité les consommateurs à acheter des modèles plus récents.
Radio-Canada a d'ailleurs diffusé la semaine dernière un reportage éclairant sur les pratiques d'affaires et l'obsolescence programmée chez le géant américain à la pomme. Une émission à retrouver ici.
En France, nos collègues du magazine Que Choisir ont rappelé «qu'à défaut d’être financièrement lourde, la sanction d’Apple et Samsung a une forte portée symbolique» puisqu'elle «conforte le consommateur dans son droit à acheter des biens durables et réparables». Plusieurs enquêtes ont été ouvertes contre Apple et Samsung à travers le monde ces dernières années, «mais l’Italie est le premier pays à sanctionner les deux géants pour obsolescence programmée», note le magazine de consommation.
L’Autorité de la concurrence italienne a infligé aux deux compagnies des amendes de respectivement 10 millions d'euros (15 millions de dollars) pour Apple et 5 millions d'euros (7,5 millions de dollars) pour Samsung.