Les cinq cubes Tokidos sont placés sur ma table de cuisine. Une voix demande d’identifier un caribou. Quand le bon cube émet le bon bruit, Simone le prend et le secoue. Le cube clignote, et la voix la félicite. Un sourire grand comme le monde illumine le visage de ma fille.
«Notre but était de créer une technologie conçue à 100 % pour la petite enfance», m’explique le PDG de Tokidos, Ralph Nakhle, venu me présenter le jeu à la maison. Tout dans les cubes sur la table est en effet adapté pour ma fille de 5 ans, de la difficulté des jeux à leur format, en passant par la résistance du gros bouton.
Ralph Nakhle développe Tokidos à temps plein depuis le début de 2021. Au fil des mois, le projet de cet entrepreneur qui a œuvré pendant 10 ans dans le milieu des jeunes pousses a évolué d’une idée floue (que donnerait le mariage d’un iPhone et de blocs LEGO?) jusqu’au prototype devant nous.
- Les enfants peuvent interagir de différentes façons avec les cubes Tokidos, par exemple en les secouant. Photo: Maxime Johnson
Avec leur «écran» simple – quelques ampoules s’illuminent sur le bouton pour présenter des images comme des chiffres et des lettres, mais on est plus près d’un jeu Lite-Brite que d’un écran de téléphone – et une poignée de façons d’interagir avec eux (les secouer, appuyer sur le bouton, les coller les uns à la suite des autres), les Tokidos peuvent être utilisés pour jouer à plein de choses, notamment des jeux éducatifs, des jeux sociaux et des histoires interactives.
Parmi les jeux déjà développés, on en compte notamment un de mathématique et un autre de lettres (où il faut appuyer rapidement sur les lettres nommées par la voix avant que celles-ci ne disparaissent), ainsi qu’un quiz pour la famille. «Et ce n’est que le début. Notre objectif est de faire d’autres jeux, qui pourront être vendus séparément», précise Ralph Nakhle. Comme une véritable console de jeux, quoi.
Les logiciels pourront être lancés en insérant une petite carte dans la fente d’un des cubes. Il sera possible d’en télécharger d’autres avec une application mobile, qui pourra aussi afficher des informations comme le temps d’utilisation de l’enfant, sa progression et les habiletés qu’il développe.
«Nous voulons aussi ajouter des fonctionnalités pour que le système puisse ajuster automatiquement la difficulté à l’enfant», note le PDG de Tokidos. Certains jeux conviennent à tous, comme les jeux musicaux, mais un enfant de 3 ans n’a pas les réflexes et les connaissances d’un autre de 8 ans.
Une campagne de sociofinancement
- L’intérêt de Simone pour les Tokidos ne s’est pas estompé. Photo: Maxime Johnson
Au cours des derniers mois, une centaine d’enfants ont essayé Tokidos, en plus de parents et de professionnels de la petite enfance, comme des orthophonistes. «Notre but était de valider deux choses: que le concept des cubes était le bon et que les enfants appréciaient les jeux», explique Ralph Nakhle. Dans les deux cas, l’expérience s’est avérée un succès. Pendant l’heure qu’a duré l’entrevue, l’intérêt de Simone pour les cubes n’a d’ailleurs pas dérougi.
La prochaine étape pour Tokidos est une campagne de sociofinancement, par le biais de la plateforme québécoise La Ruche. Cette dernière devrait permettre à l’entreprise de confirmer que la demande du public est là pour un tel produit, ce qui pourra faciliter l’obtention de financement plus traditionnel par la suite, et d’embaucher des collaborateurs. Sept personnes contribuent au développement de Tokidos, mais seul le PDG y travaille à temps plein pour l’instant.
Au moment d’écrire ces lignes, la campagne avait atteint 68 % de son objectif, à 19 jours de la date limite.
Beaucoup de travail à accomplir
Ceux qui achètent un ensemble Tokidos par la campagne de sociofinancement devraient le recevoir à l’automne 2023. Pourquoi si loin? Parce qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir.
«Ce qu’on a ici est un prototype, ce n’est pas le produit final», note Ralph Nakhle en parlant des cubes devant nous. Si l’entreprise semble avoir visé juste avec son design, les appareils plantent encore un peu trop souvent (ce qui est normal pour un produit en développement), les jeux doivent être peaufinés et du contenu doit être ajouté.
Généralement, contribuer à une campagne de sociofinancement est un peu risqué. Le développement peut prendre plus de temps que prévu, et l’appareil produit sur une chaîne de montage peut être différent des prototypes, par exemple. Au moins, à 99 $ pour les cinq cubes et cinq cartes de jeux, le risque est quand même limité.
Chose certaine, le prototype qui m’a été présenté est prometteur. Quand, au moment de se coucher, on a demandé à Simone ce qu’elle avait préféré de sa journée, sa réponse a d’ailleurs été sans équivoque: «jouer aux cubes avec papa». Même si je n’achète habituellement jamais de produits technos lors de campagnes de sociofinancement, c’est ce que j’ai fait le lendemain avec celle-ci.
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